Dernière mise à jour à 13h54 le 29/12
L'année 2017 revêt une grande importance sur le plan politique pour la Chine et les pays de l'Union européenne, selon le magazine en français "LA CHINE au présent".
Cette année, des élections politiques qui influencent les tendances de l'avenir ont eu lieu au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, et les principaux partis l'ont emporté face aux forces populistes ; les relations économiques et commerciales sino-européennes tendaient à connaître un réajustement structurel notable, nécessitant une plus grande coopération et innovation entre les deux parties pour créer de nouvelles opportunités et résoudre de nouveaux problèmes.
Le XIXe Congrès national du Parti communiste chinois tenu en octobre dernier a défini la nouvelle orientation historique du développement chinois, et le socialisme à la chinoise est entré dans une nouvelle ère. Les assises de la coopération politique entre la Chine et les pays de l'UE restent solides, et les perspectives de leurs relations ne cessent de s'élargir.
Bases politiques stables
2017 constitue une "super-année d'élections" pour les européens, avec entre autres les élections anticipées de la Chambre des communes britannique, les élections présidentielles et législatives en France, ainsi que les législatives allemandes qui ont fait l'objet d'une attention particulière. Malgré la montée des forces populistes, ce sont les principaux partis du centre qui ont finalement gagné en France et en Allemagne. Le gouvernement de Theresa May a organisé les élections anticipées dans le but de créer un parlement conservateur fort pour prendre le tournant du Brexit. Mais contrairement à ses souhaits, le Parti conservateur, après les élections parlementaires, a perdu la majorité absolue des sièges au Parlement et a dû créer une coalition au pouvoir avec le Parti unioniste démocrate d'Irlande du Nord.
Du point de vue des relations sino-européennes, les résultats de ces élections ont évité d'éventuelles incertitudes que les partis politiques radicaux, une fois au pouvoir, auraient apportées, jetant de bonnes bases pour une coopération stable entre les deux parties dans les années à venir.
Du côté chinois, le rapport du XIXe Congrès national du PCC insiste sur "l'établissement d'un nouveau type de relations internationales basées sur le respect mutuel, l'équité et la justice, ainsi que la coopération et le principe gagnant-gagnant".
Ce climat propice à la convergence des idées d'un continent à l'autre et au multilatéralisme s'est manifesté clairement durant toute l'année 2017.
Les échanges de haut niveau entre la Chine et l'UE se sont intensifiés dans les organisations internationales. En janvier, il suffit de citer la participation de Xi Jinping au Forum économique mondial à Davos, et sa visite au siège de l'ONU à Genève, à l'OMS ou encore au CIO. À Beijing même, Xi Jinping a accueilli en mai les principaux leaders des pays européens pour échanger des vues sur la coopération internationale dans le cadre du forum de "la Ceinture et la Route". Ces discussions se sont prolongées ensuite dans le cadre du G20 à Hambourg puis, plus particulièrement, au cours d'une réunion à Budapest consacrée aux relations avec les pays d'Europe centrale et orientale à laquelle a participé le premier ministre Li Keqiang.
À cela s'ajoute une liste d'événements politiques et culturels majeurs entre la Chine et l'UE, tels que le Dialogue stratégique Chine-UE ou "l'année bleue UE-Chine" sur l'économie bleue et la gouvernance mondiale des océans.
Ce dialogue constant entre les deux parties s'est prolongé de manière individuelle dans le cadre de nombreuses rencontres bilatérales de haut niveau. Ainsi, Xi Jinping a attaché une grande importance aux contacts directs avec les dirigeants des pays européens : Finlande, Suisse, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni.
Les premiers résultats sont déjà perceptibles. Xi Jinping et Theresa May ont ainsi réaffirmé, au cours d'entretiens téléphoniques le 25 septembre, l'approfondissement du partenariat global et stratégique sino-britannique orienté vers le XXIe siècle et la volonté de continuer à construire 'l'ère d'or' des relations entre les deux pays. Avec Emmanuel Macron, Xi Jinping a réaffirmé, au cours d'un entretien téléphonique le 8 septembre, le consensus visant à développer un vigoureux partenariat stratégique global sino-français, auquel les deux parties sont parvenus lors du Sommet du G20. Par téléphone, Li Keqiang et Angela Merkel ont hautement apprécié les nouveaux progrès réalisés pour la coopération sino-allemande et ont exprimé le souhait d'approfondir la coopération économique et commerciale, dans le cadre des relations "gagnant-gagnant".
En définitive, au-delà des divergences entre les partis des pays européens, le développement de la relation sino-européenne est devenu un consensus politique entre les différents pays.
Changements structurels des relations économiques et commerciales
Mais dans un contexte économique tendu marqué par la crise financière et la crise de la dette en Europe, le nombre de frictions commerciales Chine-UE a augmenté. La faute à une faible croissance économique et à la réapparition du protectionnisme. L'exemple le plus emblématique est la non reconnaissance du statut d'économie de marché à part entière de la Chine par l'UE.
Pour autant, en raison du développement continu de l'économie chinoise, les changements structurels affectent les relations économiques et commerciales sino-européennes.
À cet égard, les changements dans les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Allemagne, qui sont un moteur important des relations économiques et commerciales sino-européennes, sont un élément notable.
Depuis de nombreuses années, l'Allemagne est le premier partenaire commercial de la Chine en Europe. Mais ces derniers temps, le volume du commerce entre les deux pays a baissé constamment, et le déficit commercial de la Chine avec l'Allemagne était en augmentation.
Selon les statistiques publiées par le ministère chinois du Commerce, le volume du commerce bilatéral sino-allemand a été de 151,29 milliards de dollars en 2016, en réduction de 3,5 % par rapport à l'année précédente, les exportations chinoises vers l'Allemagne s'élevant à 65,21 milliards de dollars (-5,7 %), et les importations chinoises, à 86,08 milliards (-1,8 %), soit un déficit de 20,87 milliards pour la Chine.
De janvier à juin 2017, le volume global de l'import-export entre la Chine et l'Allemagne a été de 78,046 milliards de dollars, les exportations chinoises vers celle-ci s'élevant à 33,35 milliards, et ses importations, à 44,69 milliards. La Chine a eu un déficit de 11 milliards de dollars pendant ces six mois.
Les changements dans la structure des échanges sino-allemands sont directement liés à ceux qui se sont produits dans la structure économique des deux parties.
Actuellement, les importations chinoises provenant de l'Allemagne comprennent principalement des équipements électromécaniques, des équipements de transport dont les chemins de fer, l'automobile et les navires, des produits chimiques, ainsi que des instruments d'optique et médicaux, et ses principales exportations vers celle-ci comprennent des appareils électriques, des équipements mécaniques, des matières premières textiles et des produits manufacturés, des produits chimiques et des jouets.
Désormais, avec la restructuration industrielle de la Chine, les deux pays doivent réaliser un "équilibre dynamique" des relations commerciales bilatérales grâce à la coopération et l'innovation, afin de favoriser un développement sain des relations économiques et commerciales sino-européennes.
Actuellement, l'Allemagne figure parmi les pays qui ont le plus d'investissements directs en Chine. Fin 2016, la Chine avait approuvé 9.394 projets d'entreprises allemandes en Chine pour un investissement global réel de 28,18 milliards de dollars. Ces projets portent sur l'automobile, l'industrie chimique, les installations génératrices, le transport, l'acier et la télécommunication. En même temps, le nombre de sociétés chinoises investissant en Allemagne a dépassé 2.700. Tout cela a joué un rôle positif pour le développement économique des deux pays et confirme cet "équilibre dynamique".
Sur la même période, les Pays-Bas, deuxième plus grand partenaire commercial de la Chine en Europe, ne sont pas en reste avec la Chine. Au cours du premier semestre de 2017, la Chine a affiché des exportations à hauteur de 29,738 milliards de dollars vers ce pays, contre des importations de 5,5 milliards, affichant donc le plus grand excédent commercial par rapport aux autres pays de l'UE, suivis par le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie.
Mais d'où proviennent ces excédents commerciaux chinois? Principalement de l'exportation de produits manufacturés, mais également des effets de la désindustrialisation de ces pays. Ce déséquilibre des échanges entre la Chine et les pays européens n'est pas une fatalité et peut être efficacement atténué par l'intermédiaire de l'approfondissement de la coopération industrielle des deux côtés.
Lors de sa visite en Chine en février 2017, le président italien Sergio Mattarella a fait remarquer que la Chine s'efforçait de changer son mode de développement en passant de l'industrie manufacturière bas de gamme à un mode de croissance durable reposant sur l'investissement dans la technologie et la recherche. Pour l'Italien, il s'agit là d'une opportunité pour que son pays devienne un partenaire technique de la Chine et réalise, à sa manière, le gagnant-gagnant.
Jusqu'à présent, la plupart des pays européens ont positivement répondu à l'initiative des nouvelles Routes de la soie, et les principales économies européennes sont devenues pays membres de l'AIIB. "La Ceinture et la Route", ayant la Chine pour point de départ et l'Europe pour point d'arrivée, insufflera une dynamique puissante pour le développement des relations économiques et commerciales sino-européennes.
Un exemple édifiant et chiffré pourrait suffire à convaincre. Le 13 mai 2017, le train Chine-Europe X8024, chargé de petites marchandises et de vêtements, est parti de Yiwu dans le Zhejiang vers Madrid. Il s'agit du millième train Chine-Europe qui est parti en 2017. Jusque-là, le nombre de trains de ce genre a augmenté de 612 par rapport à la même période de l'année passée, soit une augmentation de 158 %.
Travailler ensemble pour la construction d'une communauté de destin pour l'humanité
Tous ces changements actuellement à l'œuvre ne sont pourtant pas guidés par le simple profit à court terme. Lors de son importante allocution prononcée le 18 janvier 2017 au Palais des Nations à Genève, et intitulée Construire ensemble une communauté de destin pour l'humanité, Xi Jinping a exposé en détail le concept de la communauté de destin pour l'humanité et a appelé à en faire progresser la construction en insistant sur le dialogue et la consultation, la synergie et le partage, la coopération gagnant-gagnant, les échanges entre les peuples, le développement vert et bas carbone.
La vision du responsable chinois est motivée par la construction d'un monde nouveau, caractérisé par l'ouverture, l'inclusion, la paix durable, la sécurité globale et la prospérité commune. Cet extrait de son allocution éclaire bien cette volonté de la Chine :
"Les Chinois sont convaincus que la Chine ne va bien que lorsque le monde va bien, et que le monde se porte mieux quand la Chine se porte bien... La Chine, autrefois pauvre et faible, est aujourd'hui la deuxième économie du monde. Cela n'a pas été réalisé par l'expansion militaire ni par le pillage colonial, mais par le labeur du peuple et les efforts déployés pour préserver la paix. La Chine pousuivra inébranlablement la voie du développement pacifique... La détermination de la Chine à promouvoir le développement partagé ne changera pas... Le monde a contribué au développement de la Chine, et la Chine a contribué au développement international. La Chine continuera de poursuivre la stratégie d'ouverture marquée par le bénéfice mutuel et le gagnant-gagnant et à partager les opportunités de son développement avec les autres".
La construction d'une communauté de destin pour l'humanité proposée par Xi Jinping est capitale pour comprendre le degré qualitatif élevé de la relation sino-européenne. En outre, l'enregistrement de progrès encourageants dans la coopération économique et commerciale sino-européenne, malgré le contexte de la récession prolongée de l'économie mondiale, pousse à un optimisme réaliste, étayé par des données présentées par le premier ministre Li Keqiang lors du Sommet d'affaires de la 19e rencontre des dirigeants Chine-UE.
Ainsi, depuis la crise financière internationale, les exportations chinoises vers l'UE connaissent une augmentation annuelle de 1,8 %, tandis que celles de l'UE vers la Chine sont de 5,8 % ; le volume du commerce bilatéral dépasse un million de dollars chaque minute, et le volume réalisé tous les deux jours équivaut à celui d'une année au début de l'établissement de leurs relations diplomatiques ; plus de 600 vols font des aller-retours entre la Chine et l'Europe chaque semaine, et 150 trains le font chaque mois ; les fonds, la technologie et l'expérience de gestion provenant de l'Europe ont contribué au processus d'industrialisation de la Chine ; les produits chinois permettent aux familles européennes de réduire leurs dépenses et de faire de bonnes économies ; le vaste marché chinois a apporté d'énormes profits aux 16 000 entreprises européennes en Chine, et les entreprises chinoises investissant en Europe ont créé un grand nombre d'emplois dans les pays européens.
Malgré la concurrence et les divergences entre la Chine et l'UE, il existe entre les deux parties un large consensus dans de nombreux domaines tels que le libre-échange, le multilatéralisme et le maintien de la stabilité du système international. Pour ces raisons, et toutes celles que nous avons mentionnées, la relation sino-européenne constitue un exemple de réussite pour bâtir ensemble une communauté de destin pour l'humanité entre les pays en voie de développement et les pays développés.