Dernière mise à jour à 09h55 le 31/07
La Chine et les Etats-Unis reprennent ce mardi leurs négociations à Shanghai afin de régler leurs différends commerciaux.
Il s'agit des premières négociations formelles après que ces discussions, dans l'impasse depuis mai dernier, ont été remises sur la bonne voie à la faveur de la rencontre entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump en marge du sommet du G20 de juin dernier à Osaka (Japon).
Après ce sommet, les délégations sont restées en contact. Le vice-Premier ministre chinois Liu He s'est entretenu avec le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, à deux reprises au téléphone avant que les deux parties ne décident de reprendre leurs négociations à Shanghai.
C'est également la première fois qu'ils négocient en dehors de leurs capitales. Shanghai, ville hôte de ce nouveau cycle de négociations commerciales, tient d'ailleurs une place singulière dans l'histoire des relations sino-américaines.
En 1972, lors de la visite en Chine du président américain Richard Nixon visant à briser la glace, les deux pays y ont publié un communiqué conjoint marquant la normalisation des relations sino-américaines.
Une fois encore à Shanghai, les négociateurs américains devraient faire montre de la même sincérité et, plus important, d'attentes raisonnables lors de ces négociations commerciales relancées.
Afin de régler leurs différends, la Chine et les Etats-Unis ont eu pendant plus d'un an 11 sessions de négociations de haut niveau, au cours desquelles Beijing a montré sa plus grande sincérité à vouloir surmonter ces divergences en faveur d'un accord pouvant satisfaire les deux parties.
Toutefois, des faucons américains ont choisi d'ignorer les intérêts légitimes de la Chine et de mettre en avant des demandes irréalistes portant atteinte à la souveraineté et à la dignité de la Chine. Certains comme Steve Bannon ont même tenté de surfer sur cette guerre tarifaire pour susciter des sentiments anti-Chine et brider son développement. Ces provocations ont fini par conduire le dialogue dans une impasse.
A Shanghai, les Etats-Unis devraient s'engager dans ces discussions sur un pied d'égalité et traiter la Chine avec respect s'ils veulent conclure un accord. Mais si Washington pense encore que Beijing cèdera et fera des compromis sur les dossiers touchant à sa souveraineté et d'autres intérêts fondamentaux pour conclure un accord, alors il n'y aura aucun accord. La Chine trouvera toujours un moyen de résister à toute pression.
La coopération économique et commerciale entre la Chine et les Etats-Unis est par nature mutuellement bénéfique. En tentant de livrer une guerre tarifaire contre la Chine, les Etats-Unis nuisent également à leur propre économie et à leur peuple. Selon une étude d'économistes de la Réserve fédérale de New York et des universités de Princeton et de Columbia, cette guerre tarifaire a coûté 4,4 milliards de dollars chaque mois en 2018 aux consommateurs et aux importateurs américains.
Par ailleurs, l'économie mondiale souffre lorsque les frictions commerciales persistent. L'économiste en chef de la banque Morgan Stanley, Chetan Ahya, a noté qu'"au fur et à mesure que les incertitudes sur la politique commerciale ne se résolvent pas, l'impact sur les perspectives de croissance devient plus prononcé".
Dans l'intérêt des deux parties et du monde entier, la Chine et les Etats-Unis devraient apprécier pleinement cette reprise durement acquise des négociations et satisfaire les intérêts fondamentaux de chacun afin d'ouvrir la voie à un accord.