Dernière mise à jour à 17h50 le 21/02
Des rumeurs récentes et des informations erronées visant l'Institut de virologie de Wuhan de l'Académie chinoise des sciences ont sérieusement perturbé ses recherches sur l'épidémie de nouveau coronavirus, mais il a « une conscience claire et aucun regret » et restera inébranlable dans la poursuite de ses travaux de lutte contre le virus, a déclaré l'institut dans une lettre publique diffusée le 19 février soir.
Créé en 1956, l'institut, qui est la principale agence de recherche en virologie de Chine et abrite le laboratoire de biosécurité du niveau le plus élevé d'Asie, a été assailli par des rumeurs et des controverses depuis le début de l'épidémie. Parmi ces rumeurs, celles qui affirment que le virus a été artificiellement conçu ou relâché par le laboratoire de biosécurité P4 de l'institut.
Ces rumeurs ou controverses ont également attaqué les dirigeants de l'institut et son personnel, affirmant que le premier patient atteint du virus était l'un de ses étudiants diplômés et remettant même en question la compétence de son directeur. « Ces rumeurs ont gravement nui à nos chercheurs de première ligne et ont gravement perturbé la mission de recherche de notre institut pour lutter contre l'épidémie », a indiqué la lettre.
La lettre indique aussi que ses chercheurs ont travaillé sans relâche, surmonté de nombreux obstacles et produit de nombreuses découvertes cruciales et opportunes, notamment la publication du génome complet du virus, l'identification de souches virales pour le développement de vaccins et de médicaments, la création de modèles de tests sur les animaux et le diagnostic des patients.
« En regardant en arrière tout le travail acharné que nous avons accompli au cours du dernier mois, nous avons une conscience claire et aucun regret », a déclaré le laboratoire. « La recherche est la ligne de front contre l'épidémie. Affirmons notre détermination, éliminons les distractions et ensemble consacrons nous à nos recherches et à notre travail ».
Au cours de la semaine dernière, l'institut a publié plusieurs déclarations réfutant les rumeurs selon lesquelles l'institut était responsable de l'épidémie de nouveau coronavirus découverte pour la première fois à Wuhan.
Le 17 février, Chen Quanjiao, une chercheuse de l'institut, a réfuté une théorie du complot publiée par un utilisateur de Sina Weibo du nom de « Weiketiezhi » qui affirmait que Mme Chen avait dénoncé le directeur de l'institut Wang Yanyi, l'accusant d'avoir vendu des animaux de laboratoire et fait sortir le virus d'un laboratoire.
« Je n'ai jamais divulgué d'informations sur les autres et je suis très en colère contre ceux qui ont usurpé mon identité pour fabriquer un faux message », a déclaré Mme Chen dans son communiqué publié sur le site Internet de l'Institut, ajoutant qu'elle demandera réparation en justice contre l'auteur des rumeurs.
De son côté, le bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé pour la Méditerranée orientale a déclaré le 19 février lors d'un point de presse que le virus provenait bien d'animaux, et que rien ne prouve qu'il provienne d'un laboratoire.
Les autorités locales de cybersécurité de la province du Jiangsu ont quant à elles diffusé le 17 février une déclaration publique disant qu'elles avaient tracé le compte répandant la rumeur jusqu'à un compte IP étranger et une organisation spécialisée dans la diffusion de contenu anti-chinois. « Les internautes doivent garder les yeux ouverts et ne pas être induits en erreur par d'autres », ont-elles ajouté.
Ce sont soit les mauvaises intentions soit l'ignorance absurde qui ont conduit certains individus et médias à publier des déclarations à sensation qui laissent entendre que le nouveau coronavirus est une arme biologique qui a fuité d'un laboratoire, a déclaré le 20 février Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
M. Geng a également mentionné la déclaration conjointe signée par 27 des plus grands scientifiques du monde dans le domaine de la santé publique et publiée par la revue britannique The Lancet à l'appui des chercheurs, des professionnels de la santé et des médecins chinois combattant l'épidémie. Le communiqué condamne aussi fermement les théories du complot sur l'épidémie qui circulent sur Internet.
« Nous ne combattons pas seulement le virus, mais aussi les théories du complot », a déclaré M. Geng, notant que ce qui est nécessaire face à une épidémie, c'est la science, la raison et la coopération. « Nous devons rechercher le triomphe de la science sur l'ignorance, dissiper les rumeurs par la vérité et remplacer les préjugés par la coopération », a-t-il indiqué lors de la conférence de presse en ligne du ministère.
Enfin, a conclu M. Geng, la Chine espère que la communauté internationale continuera de travailler avec elle contre les théories du complot et d'autres « virus politiques » tout en combattant le nouveau coronavirus.