Dernière mise à jour à 08h58 le 31/07
Le discours antichinois du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo la semaine dernière était une "diatribe psychotique" et allait à l'encontre des faits historiques, selon un ancien diplomate américain de haut rang.
Charles Freeman, un ancien diplomate chevronné qui a occupé plusieurs postes au sein du Département d'Etat américain, a déclaré à Xinhua lors d'un récent entretien que le discours de M. Pompeo était au service d'un agenda de politique intérieure ainsi que de sa propre ambition, plutôt que des objectifs de politique étrangère.
Dans un discours teinté d'hostilité prononcé jeudi dernier à la bibliothèque et au musée présidentiels Richard Nixon, M. Pompeo a calomnié sans fondement la politique intérieure et étrangère de Beijing et a incité "le monde libre" à se dresser contre la Chine.
Ce discours s'inscrit dans le cadre d'une vaste campagne antichinoise, et les Etats-Unis sont en train de rétablir l'hostilité envers la Chine "comme l'a souligné la diatribe psychotique de M. Pompeo jeudi dernier", a relevé M. Freeman.
Ainsi qu'en témoignent une série de remarques publiques, hostiles et similaires, du conseiller à la sécurité nationale Robert O'Brien, du directeur du FBI Christopher Wray et du procureur général William Barr, M. Freeman a indiqué que la politique américaine à l'égard de la Chine est désormais menée par des éléments antichinois notables, qui auront approuvé les nombreuses falsifications et distorsions de la rhétorique de M. Pompeo.
Se tenant devant le lieu de naissance de feu le président Nixon, M. Pompeo a soutenu que la politique d'engagement des Etats-Unis avec la Chine, née à l'initiative du 37e président des Etats-Unis et mise en œuvre par les administrations américaines successives, avait été un échec parce qu'elle n'avait conduit à aucun changement en Chine sur le plan intérieur.
Une telle affirmation est tout à fait contraire à l'histoire, selon M. Freeman qui avait pris part à la visite révolutionnaire du président Nixon en Chine en 1972, en tant qu'interprète principal.
Nixon n'avait "absolument aucun intérêt" à changer quoi que ce soit en Chine, sauf à influencer sa politique étrangère, a affirmé M. Freeman à Xinhua.
"Les mêmes personnes qui ne comprennent pas ce que l'engagement a permis d'accomplir soutiennent qu'il a échoué à changer le système politique chinois, ce qu'il n'a jamais eu l'intention de faire", a souligné M. Freeman.
L'engagement n'a pas d'ailleurs non plus été conçu pour changer le système économique de la Chine, a-t-il noté. "Mais il l'a fait pourtant fait de façon fondamentale, ce qui a été bon pour la Chine, les Etats-Unis et le reste du monde".
"Dans l'ensemble, la manœuvre a été brillante", a-t-il dit. La politique d'engagement des Etats-Unis avec la Chine a renforcé l'équilibre du monde et a contribué à maintenir la paix ainsi que la coopération entre Washington et Beijing dans les années 1980 tout en concourant de manière significative à la fin de la guerre froide.
"Apparemment, les Américains qui ne voient pas les choses de cette façon seraient tellement nostalgiques de la guerre froide qu'ils voudraient la reproduire, cette fois-ci avec la Chine", a observé M. Freeman.
Le diplomate expérimenté a également confié à Xinhua que certains Américains étaient tellement insatisfaits des résultats obtenus par la Chine que "plutôt que de s'attaquer aux faiblesses concurrentielles de leur propre pays, ils tentent de faire retomber la Chine dans un commerce géré par le gouvernement et dans le sous-développement".
Ces personnes ont imaginé que le "découplage" permettrait de rétablir les forces économiques que les politiques mal conçues des Etats-Unis ont affaiblies, a-t-il estimé.
M. Freeman, qui a été ambassadeur des Etats-Unis en Arabie Saoudite à la fin des années 1980 et plus tard secrétaire adjoint à la Défense, a trouvé que le discours de M. Pompeo ressemblait davantage à un discours de politique intérieure plutôt que de politique étrangère.
"L'objectif de M. Pompeo était d'en appeler à cette partie des électeurs de M. Trump. Il a l'intention de se présenter lui-même à la présidence", a-t-il dit.
Yorba Linda, où se trouve la bibliothèque et le musée présidentiels Richard Nixon, est l'une des municipalités les plus républicaines du comté d'Orange, à environ 59,5 km au sud-est du centre-ville de Los Angeles en Californie. Mike Pompeo est lui-même né dans le comté d'Orange.