Un Africain change sa vie grâce à la technique chinoise du juncao

Emmanuel Ahimana, un ancien technicien dans une sucrerie rwandaise, a décidé de créer sa propre entreprise après avoir appris depuis 2008 la technique du juncao auprès d'experts agricoles chinois envoyés au Rwanda par l'Université d'agriculture et de sylviculture du Fujian (sud-est).

Juncao, fusion des mots chinois "champignon" et "herbe", fait référence à une technique utilisant une plante herbacée pour faire pousser des champignons. Celle-ci peut aider à augmenter les revenus des habitants grâce à une culture de champignons à faible coût et à contenir la désertification en fournissant une nouvelle source d'alimentation pour le bétail.

En Chine, cette technologie agricole a été largement promue depuis 1991 grâce à des projets de lutte contre la pauvreté dans les régions occidentales, notamment la région autonome du Tibet, la région autonome ouïgoure du Xinjiang ainsi que la région autonome Hui du Ningxia.

Aujourd'hui, M. Ahimana est directeur général de Biovita, une entreprise fondée en 2016 qui cultive des champignons avec la technique chinoise du juncao, et les experts chinois lui fournissent toujours assistance lorsque son entreprise rencontre des problèmes techniques.

Après quatre ans de développement, au moins 600 kilos de champignons peuvent être vendus par mois, générant un revenu important pour celui qui n'était pas si riche auparavant.

"Je peux mettre de la nourriture sur la table et je suis financièrement stable", a confié à Xinhua ce père de quatre enfants, ajoutant que cela l'aidait également à payer les frais de scolarité de ses enfants.

"Beaucoup de gens au Rwanda ne savent pas que la culture des champignons est une activité rentable qui peut aider à lutter contre la pauvreté", a-t-il dit. "Après avoir été formé, je suis allé former d'autres agriculteurs et m'assurer que cette technologie était bien comprise par les Rwandais".

Au début, son entreprise pouvait produire environ 1.500 à 2.000 tubes de cultures de champignons par mois. Mais après avoir augmenté sa capacité de production avec une plus grande salle d'incubation et des hangars, elle produit maintenant 10.000 tubes par mois.

Ses champignons sont vendus en vrac à des clients locaux, qui les revendent ensuite aux hôtels, aux supermarchés ainsi qu'aux particuliers sur les marchés locaux. Avant l'épidémie de nouveau coronavirus, ses champignons étaient également exportés vers les pays voisins tels que l'Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC).

L'utilisation de la technologie chinoise du juncao est conforme à la vision du gouvernement d'avoir un secteur agricole axé sur le commerce, a souligné Patrick Karangwa, directeur général du Rwanda Agriculture Board.

Ces dernières années, cette technologie agricole chinoise a été partagée dans plus de 100 pays, et a été répertoriée comme un projet clé du Fonds Chine-Nations Unies pour la paix et le développement en 2017, devenant une technologie agricole importante pour la mise en œuvre de l'Agenda 2030 pour le développement durable, ainsi que pour contribuer à la cause de la réduction de la pauvreté mondiale.

En Afrique, M. Ahimana n'est pas le seul à bénéficier de cette technologie chinoise. A part Rwanda, des ateliers de formation sur la technologie juncao se sont également tenus par des experts chinois au Madagascar et en République centrafricaine (RCA), et des bases de démonstration ont été construites au Lesotho et au Nigeria.

La technologie du juncao accélère les progrès de Madagascar dans le cadre du programme de développement durable à l'horizon de 2030, a dit à Antananarivo Tilahy Désiré, secrétaire général du ministère malgache de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP).

Cette technologie créait une nouvelle façon pour réduire la pauvreté, améliorer la sécurité alimentaire et augmenter les revenus de la population, a jugé le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, affirmant qu'il s'agissait d'une première récolte de coopération technique avec la Chine.