Dernière mise à jour à 17h04 le 16/10
Selon le site Internet du ministère des Affaires étrangères, Fu Cong, directeur du département du contrôle des armements du ministère des Affaires étrangères, a accordé le 15 octobre 2020 un entretien au journal russe « Kommersant », lors de laquelle il a notamment exposé la position de principe de Beijing sur des questions telles que la politique nucléaire de la Chine et le développement des forces nucléaires, ainsi que les négociations trilatérales sur le contrôle des armements entre la Chine, les États-Unis et la Russie.
M. Fu a souligné que la Chine a toujours respecté le principe de ne pas être la première à utiliser des armes nucléaires quel que soit le moment et quelles que soient les circonstances, et a toujours limité l'ampleur de sa puissance nucléaire au minimum requis pour maintenir la sécurité nationale. Cette politique ne changera pas. La Chine n'a nulle envie de devenir une superpuissance nucléaire, et ne suivra pas l'ancienne voie des États-Unis et de l'Union soviétique d'une course folle aux armements nucléaires pendant la guerre froide. La Chine n'a jamais participé et ne participera jamais à une course aux armements nucléaires.
Le porte-parole a également réfuté les accusations sans fondement des États-Unis sur la construction de la puissance nucléaire de la Chine et souligné que la stratégie de dissuasion nucléaire minimale de Beijing basée sur la légitime défense est un choix stratégique basé sur les besoins de sécurité de la Chine et la nature des armes nucléaires en tant que moyen de dissuasion ultime. Les spéculations mondiales sur le nombre d'armes nucléaires chinoises sont sans fondement. Le renforcement par la Chine de la construction de ses capacités stratégiques est un besoin objectif visant à garantir la sûreté et la fiabilité de ses arsenaux nucléaires dans la nouvelle situation, et elle espère que le monde extérieur traitera ce fait de manière objective et correcte. En fait, d'autres États dotés d'armes nucléaires modernisent également leurs arsenaux nucléaires. Les États-Unis prévoient même d'investir 1 200 milliards de dollars pour moderniser leur énorme arsenal nucléaire.
Selon M. Fu, la transparence nucléaire comprend deux aspects : la transparence des politiques et des intentions et la transparence des capacités et des quantités. La transparence en termes de capacités et de quantité n'entraîne pas nécessairement une confiance mutuelle. Quand un pays qui possède environ 6 000 ogives nucléaires insiste sur le recours en premier à l'arme nucléaire et divulgue publiquement sa puissance nucléaire, il fait moins preuve de transparence que de dissuasion, et cela ne fera jamais se sentir les autres pays plus en sécurité. Du point de vue du renforcement de la confiance mutuelle et de la manière d'éviter les erreurs de jugement, la transparence des politiques et des intentions nucléaires est plus réaliste. La Chine, elle, poursuit une politique nucléaire consistant à ne pas être le premier à utiliser des armes nucléaires et à ne pas utiliser ou menacer de les utiliser sans condition contre des États non dotés d'armes nucléaires. C'est la transparence la plus significative. À l'heure actuelle, les États-Unis améliorent continuellement leur énorme arsenal nucléaire, poursuivent une stratégie nucléaire offensive, élargissent le recours aux armes nucléaires, abaissent leur seuil d'utilisation, mettent au point de nouvelles ogives nucléaires « utilisables », développent vigoureusement des systèmes d'armes antimissiles et spatiaux, et menacent de déployer des missiles intermédiaires terrestres autour de la Chine, ce qui endommage gravement la stabilité stratégique mondiale et a un impact sur la capacité de survie des forces nucléaires chinoises. Dans ce contexte, chacun comprendra la Chine doit maintenir une ambiguïté modérée sur l'ampleur de ses forces nucléaires pour garantir l'efficacité de sa dissuasion nucléaire.
Par ailleurs, a souligné M. Fu, les États-Unis continuent de briser des traités, de se retirer d'institutions, tout en proposant de prétendues négociations trilatérales sur le contrôle des armements pour se créer un prétexte qui leur permettra de s'affranchir des restrictions et de rechercher un avantage stratégique absolu. Par rapport aux États-Unis et à la Russie, la puissance nucléaire de la Chine n'est pas du même ordre de grandeur. Il est injuste, déraisonnable et irréalisable d'exiger de la Chine qu'elle participe aux négociations dites trilatérales sur le contrôle des armements, et la Chine n'y participera pas. Si les États-Unis sont disposés à réduire leur puissance nucléaire au niveau de la Chine, alors la Chine sera prête à participer aux négociations internationales sur le désarmement nucléaire, mais il y a fort à parier que cela ne se produira pas dans un avenir prévisible.
Selon M. Fu, la non-participation de la Chine aux prétendues négociations trilatérales sur le contrôle des armements ne signifie pas pour autant qu'elle se soustrait à ses propres responsabilités en matière de désarmement nucléaire et refuse de participer aux efforts internationaux de désarmement nucléaire. En fait, la Chine participe même activement aux efforts internationaux de désarmement nucléaire, apportant une contribution importante à la conclusion du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, soutenant activement la mise en place du système de vérification du Traité et respectant toujours son engagement de « moratoire sur les essais ». Dans le même temps, la Chine a activement incité la Conférence du désarmement à parvenir à un instrument international juridiquement contraignant sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace et la fourniture de garanties de sécurité aux États non dotés d'armes nucléaires le plus tôt possible, jouant un rôle clé dans l'activation du mécanisme de dialogue des cinq États dotés d'armes nucléaires. La Chine est disposée à discuter avec toutes les parties d'un large éventail de questions liées à la stabilité stratégique dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies, de la Conférence sur le désarmement et du mécanisme des cinq puissances nucléaires. Elle est également disposée à mener des dialogues bilatéraux avec toutes les parties sur des questions de sécurité stratégique sur la base du respect mutuel. Mais elle n'acceptera aucune contrainte et aucun chantage.