Dernière mise à jour à 09h34 le 18/12
Après avoir parcouru 11.000 km en 21 jours, le premier train de fret régulier reliant Jinhua (est de la Chine) à Dourges (nord de la France) est arrivé mercredi à son terminus avec à bord 3,1 millions de dollars de marchandises, dont des engins de chantier et du matériel de prévention des épidémies, qui partiront en France, en Espagne, en Italie, en Pologne et ailleurs depuis le centre de logistique intercontinental de Dourges.
C'est par le col d'Alataw, un important port frontalier situé dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (nord-ouest), que ce train a quitté la Chine. Chaque jour, une dizaine de trains semblables transportant une grande variété de marchandises, des produits électroniques et mécaniques aux aliments en passant par des produits de première nécessité, franchissent ce port qui a vu passer 4.554 trains de fret Chine-Europe entre janvier et novembre, soit +42,83% par rapport à l'année précédente.
Cette demande croissante pour le fret ferroviaire survient sur fond de reprise économique en Chine et de limitation des transports aériens et maritimes internationaux en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.
Lancée en 2011, cette "caravane de chameaux d'acier" dessert aujourd'hui plus de 90 villes dans une vingtaine de pays européennes. Le fret ferroviaire Chine-Europe s'est mué en artère logistique importante en pleine pandémie, contribuant à stabiliser les chaînes industrielles internationales, à soutenir les efforts de l'Europe et de l'Asie pour contenir le virus et à favoriser le commerce sino-européen.
UNE ARTERE LOGISTIQUE IMPORTANTE EN PLEINE PANDEMIE
Le fret ferroviaire Chine-Europe, moins cher que l'avion, plus rapide que le bateau et moins perturbé en raison de son mode de transport segmenté et de l'absence de quarantaine, a tiré son épingle du jeu et gagné en popularité en pleine pandémie.
Entre janvier et début novembre 2020, le nombre de trains a atteint un record de 10.180, d'après un bilan établi par la compagnie China State Railway Group (CR), ajoutant qu'ils avaient transporté 927.000 unités de fret équivalent vingt pieds (EVP), soit une augmentation de 54% par rapport à la même période en 2019.
Au cours de cette période, des fournitures anti-épidémiques totalisant 7,51 millions d'articles et pesant 62.000 tonnes ont été envoyées en Europe par ces trains de marchandises considérés comme une "ligne de vie" par les pays et régions qu'ils desservent.
"Entre mars et début mai, le train était presque le seul moyen de transport efficace depuis la Chine et il a transporté un grand nombre d'équipements sanitaires en mai et juin. Nous avons organisé en juin un train d'équipements sanitaires pour les hôpitaux français entre Nanchang et Paris. Il a mis 19 jours et a coûté vingt fois moins cher que l'avion. Un transport par bateau aurait mis 50 jours à cette période", a noté Xavier Wanderpepen, responsable du fret ferroviaire Chine-Europe chez Forwardis, une filiale de SNCF.
En réponse à l'augmentation des achats en ligne internationaux pendant la pandémie, le fret ferroviaire Chine-Europe a été mobilisé pour le transport des colis internationaux afin de faciliter l'e-commerce transfrontalier.
Afin d'assurer le bon fonctionnement de cette "artère logistique", les autorités ferroviaires chinoises ont renforcé la coopération internationale et mis en place un éventail de mesures pour accroître l'efficacité, telles que l'optimisation et la simplification du processus de dédouanement, dans les principaux sites, dont celui du col d'Alataw.
UN NOUVEL ATOUT POUR LE COMMERCE SINO-EUROPEEN
A la veille de la Fête des célibataires du 11 novembre, un grand événement de l'e-commerce en Chine, le tout premier train de marchandises transportant plus de 1.100 tonnes de produits laitiers polonais est arrivé à Wuhan. Cette "caravane de chameaux d'acier" est choisie par un nombre croissant d'entreprises européennes pour exporter vers la Chine, seule grande économie à connaître une croissance positive en cette année de pandémie.
Dans ce contexte difficile pour ces produits traditionnels polonais sur les marchés de l'Union européenne, "la Pologne devrait certainement chercher à exporter vers la Chine", a expliqué Agata Maziarczyk-Pisarska, directrice commerciale de VICI Group, qui a co-organisé cet "express de produits laitiers". Et d'ajouter : "Dès l'arrivée du train à Wuhan, j'ai reçu des demandes de renseignements sur la possibilité d'organiser deux autres expéditions".
Avec une croissance continue de la demande dans le sens ouest-est, le volume des expéditions vers la Chine par les trains de fret Chine-Europe ont augmenté de 47% en moyenne par rapport à l'an passé.
"Le transport ferroviaire plus réactif a permis à l'économie de repartir rapidement, tant pour les exportations françaises que pour les importations depuis la Chine", a souligné de son côté M. Wanderpepen.
Grâce à sa liaison fiable, le fret ferroviaire Chine-Europe devient un nouvel atout pour les échanges commerciaux sino-européens, lesquels ont atteint 425,5 milliards d'euros (517,3 milliards de dollars) pour les trois premiers trimestres de 2020, selon Eurostat, l'agence statistique de l'UE. La Chine est ainsi devenue au troisième trimestre le premier partenaire commercial de l'UE, dépassant les Etats-Unis.
"Je suis convaincu qu'à partir de maintenant, une nouvelle époque pour le train est en marche. Nous entrons dans une deuxième ère des trains de la Route de la Soie. A nous de pousser cette chance", a conclu M. Wanderpepen.