Dernière mise à jour à 09h00 le 11/08
Le président américain Joe Biden a signé mercredi un décret exécutif visant à bloquer les investissements de haute technologie basés aux Etats-Unis en direction de la Chine, bien que Washington ait répété à plusieurs reprises n'avoir aucun intérêt à se "découpler" de la Chine.
Le décret exécutif désignera la Chine comme un "pays préoccupant" et limitera les investissements américains dans trois catégories de technologies liées à la sécurité nationale : les semi-conducteurs et la microélectronique, les technologies de l'information quantique et certains systèmes d'intelligence artificielle, selon le département du Trésor américain.
Il exige également que les sociétés de capital-risque et d'autres investisseurs américains informent le Trésor de leurs projets d'investissement dans des entreprises chinoises pour le développement de technologies dans les secteurs ciblés.
Le décret devrait entrer en vigueur après une période de consultation de 45 jours.
Prévu depuis des mois, le décret est largement considéré comme une autre étape visant à entraver le progrès technologique de la Chine sous prétexte de sécurité nationale, alors que Washington accentue sa rivalité avec Beijing dans le domaine de la haute technologie.
En réponse, le ministère chinois du Commerce a déclaré tôt jeudi que "les Etats-Unis ont restreint les investissements sortants de leurs entreprises, s'engageant dans un 'découplage' dans le secteur des investissements sous le couvert d'une 'réduction des risques', ce qui constitue une rupture totale avec les principes de l'économie de marché et de la concurrence loyale que les Etats-Unis prétendent les défendre depuis longtemps".
Il poursuit en affirmant que cela "a sapé l'ordre commercial international et a gravement perturbé la sécurité des chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales. La Chine est gravement préoccupée par cette situation et se réserve le droit de prendre des mesures".
Les entreprises technologiques et financières américaines ont déjà exprimé leur inquiétude, craignant qu'une telle mesure n'ait un effet dissuasif sur toutes les activités d'investissement transfrontalières en Chine.
Bloomberg a également averti dans une tribune que "cette politique risquerait de saper la compétitivité américaine, sans que l'on puisse discerner un quelconque avantage pour la sécurité nationale".
Depuis son entrée en fonction, M. Biden a atténué la rhétorique du "découplage" en la remplaçant par celle de la "réduction des risques", mais il a renforcé son blocus technologique à l'égard de la Chine, selon des connaisseurs du monde des affaires.
En juin 2021, M. Biden a pris une mesure similaire en signant un décret interdisant aux entités américaines d'investir dans des dizaines d'entreprises chinoises prétendument liées aux technologies de défense et de surveillance.
En outre, à la suite de la loi "Chips and Science Act", adoptée l'année dernière, les Etats-Unis ont imposé un vaste ensemble de contrôles à l'exportation afin d'empêcher la Chine d'avoir accès à certaines puces semi-conductrices et à certains équipements permettant leur fabrication. Le mois dernier, Washington a avancé l'accusation politiquement motivée selon laquelle Beijing se livrerait au vol de propriété intellectuelle.
