Les déboires d'un informaticien solitaire chargé par son entreprise de découvrir une fois pour toutes le sens de l'existence: "The Zero Theorem", le dernier film de Terry Gilliam ("Brazil", 1985), est un film de science-fiction existentiel.
Les nombreux fans du mythique "Brazil" vont probablement se ruer sur ce retour de Terry Gilliam à la science-fiction. Les journalistes voient, eux, déjà l'opportunité de parler de trilogie ("Brazil", "L'Armée des 12 singes" et "The Zero Theorem"). Pourtant, en conférence de presse, le réalisateur réfute cette catégorisation. Selon T. Gilliam, "la trilogie est un truc de journalistes, mon film se situe dans un futur qui a déjà commencé".
En effet, le monde dans lequel évolue Qohen Leth, interprété par Christoph Waltz, Oscar du meilleur second rôle 2009 pour "Inglorious Basterd", nous semble étrangement familier. Les rues sont couvertes de publicités animées qui sollicitent l'attention en permanence, les gens communiquent plus virtuellement que de visu et de grandes mosaïques de panneaux signalétiques interdisent à peu près tout dans les parcs.
Qohen Leth, chargé par son patron (Matt Damon) de prouver mathématiquement que l'existence n'a pas de sens, finit par s'enfermer jour et nuit chez lui pour travailler sur son ordinateur. Solitaire et légèrement décalé par rapport au monde dans lequel il vit, il lui faudra l'arrivée de Mainsley (Mélanie Thierry, César du meilleur espoir féminin 2010 pour "Le dernier pour la route") dans sa vie pour qu'il décide d'en reprendre le contrôle et de peut-être s'ouvrir à l'amour.
Bien que le budget ait été limité, fait assez significatif pour T. Gilliam qu'il mérite d'être relevé ("Brazil" avait coûté 15 000 000 USD en 1985!) et le temps de production assez court (l'accord de tous les acteurs était obtenus en juin et le tournage commençait en octobre), T. Gilliam parvient, avec deux impers transparents et trois fioles acidulées, à nous faire entrer dans son monde du futur.
Aux dires du réalisateur, cette construction du futur prend, car elle est inspirée du passé. Ainsi Qohen Leth vit dans une ancienne église et le caractère sacré du lieu ne semble pas lui parler du tout; c'est qu'à son époque la religion a été remplacée par la technologie et le consumérisme.
D'ailleurs, Matt Damon (le patron de Qohen Leth) le dit dans le film, la vrai motivation de financer la recherche de la preuve que la vie n'a pas de sens est que les meilleures opportunités financières se font dans le chaos.
Pour le cinéaste, il s'agit d'un film sur l'isolement qu'induisent toutes ces technologies qui ont rapidement fait leur place dans nos vies. Comme dans le film, nous multiplions, par exemple, les rencontres virtuelles sur nos Smartphones...lors de fêtes surpeuplées.
Les cinéphiles amateurs de chasse à la citation cinématographique, ne resteront pas sur leur faim, comme dans les autres films du réalisateur, nous avons déjà pu relever que Qohen Leth dort avec des lunettes en mousse similaires à celles de l'homme dans "La jetée" de Chris Marker. Bonne chasse !