La ville de Lyon, première étape de la première visite d'Etat de trois jours en France du président chinois Xi Jinping, abrite l'Institut franco-chinois de Lyon, l'unique établissement d'enseignement supérieur réservé aux étudiants chinois à l'étranger, qui est inclus au programme de la visite du chef d'Etat.
Situé au sein du Fort Saint Irénée, cet institut a été créé en 1921 et a été financé en grande partie par l'indemnité dite des Boxers. Il hébergea, entre 1921 et 1946, 473 étudiants chinois, dont Zheng Dazhang, doctorant de Marie Curie et pionnier des études sur le radium en Chine, Dai Wangshu, célèbre poète et essayiste moderniste, et la peintre Pan Yuliang.
Cependant, peu de gens savent que l'Institut franco-chinois de Lyon avait un homologue à Beijing. L'Université franco-chinoise a été fondée en 1920 et son site se trouve dans le cœur de la capitale chinoise. On ne peut plus apercevoir aujourd'hui d'étudiants arpenter la cour de l'Université, mais les colonnes rouges et les avant-toits relevés du bâtiment à l'architecture traditionnelle nous donnent une image de ce que pouvait être la vie universitaire à cette époque-là.
Aujourd'hui, un Chinois et une Française déploient tous leurs efforts pour faire revivre cette ancienne université, qui, selon son ancien recteur Li Shuhua, fut "au cœur des échanges culturels franco-chinois", afin de maintenir les échanges culturels et artistiques entre la Chine et la France.
La philosophe et écrivain française, Christine Cayol, est arrivée à Beijing en 2003 pour accompagner son mari. En 2009, elle a, avec Xue Yunda, un entrepreneur chinois passionné d'art, créé la Maison des arts, Yishu 8, dans le but d'offrir un espace pour le dialogue entre les artistes chinois et occidentaux.
Installée de 2009 à 2011 dans le quartier de Guomao, Yishu 8 renaît sur le site de l'ancienne Université franco-chinoise.
Mme Cayol s'est rappelée qu'elle avait entendu parler pour la première fois de cette université durant ses études de doctorat à Paris. La philosophe française, qui a une très bonne connaissance du mouvement Travail-Etudes, mouvement qui a permis à de nombreux Chinois de venir étudier en France entre 1912 et 1927, sait depuis lors que cette université a exercé une grande influence sur l'histoire moderne de la Chine.
Aussi, faire revivre cette université est devenu l'un de ses rêves, espérant ainsi construire un pont culturel entre la France et la Chine.
Après trois ans de travaux, la maison Yishu 8 a été inaugurée dans l'ancienne université en mars 2012. La modernité et l'élégance de la nouvelle décoration de Yishu 8 sont en harmonie avec le charme spécial de l'ancienne Université franco-chinoise. Cet endroit est aujourd'hui un lieu unique favorisant le dialogue entre les cultures chinoise et européenne à travers différentes activités, telles que des expositions et des séminaires.
D'après Xue Yunda, le choix de ce bâtiment historique pour abriter la nouvelle maison Yishu 8 repose sur le souhait de créer une plate-forme pour les échanges culturels franco-chinois et de rouvrir les portes de l'Université franco-chinoise."C'est un rêve franco-chinois", a-t-il estimé.
Ayant vécu onze ans en Chine, Mme Cayol pense que les échanges culturels entre les deux pays sont comme un dialogue entre le thé et le vin."On prend les éléments les plus purs des cultures chinoise et française pour les rendre contemporains", a-t-elle indiqué.
Cette année marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Le programme franco-chinois "50 ans 50 personnes", initié par Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français et vice-président du Sénat, et Wu Jianmin, ancien ambassadeur de Chine en France, se déroule à Yishu 8. En outre, diverses activités seront organisées cette année sur le site de l'ancienne université pour promouvoir les échanges culturels franco-chinois, dont l'exposition intitulée "Le thé et le vin".
Yishu 8 est d'ores et déjà le deuxième plus important centre d'échanges culturels franco-chinois de l'ambassade de France en Chine, a noté M. Xue.
Christine Cayol a reçu l'année dernière les insignes de la Légion d'honneur pour son importante contribution aux échanges culturels franco-chinois. Elle estime que les relations entre les deux pays ne doivent pas être uniquement commerciales, mais aussi, et en premier lieu, éducatives et culturelles. "La visite de M. Xi à Lyon est le signe que, d'abord, il rend hommage au passé, et qu'ensuite il donne un avenir à ce que nous sommes en train de faire ici", a-t-elle déclaré.
Avec le renforcement des échanges entre la Chine et la France, l'Institut franco-chinois de Lyon a rouvert ses portes en 1980. M. Xue a exprimé son espoir de voir l'ancienne Université franco-chinoise retrouver son statut et redevenir une vraie université.
"J'espère que M. Xi, après son voyage à Lyon, pourra venir visiter l'ancienne Université franco-chinoise", a souhaité Mme Cayol.