Dernière mise à jour à 11h26 le 06/10
A l'âge de quatre ans, Ji Tingqiao a appris par coeur les noms de tous les os d'un squelette. A l'école primaire, il pouvait comprendre d'importantes oeuvres classiques chinoises. Et à 15 ans, il a commencé sa vie universitaire au mois de septembre.
De jeunes surdoués dans toute la Chine se sont inscrits à un programme spécial mis en place à l'Université des sciences et technologies de Chine (USTC) à Hefei, dans la province chinoise de l'Anhui (est) pendant ces 40 dernières années.
En 1978, l'université a lancé un programme appelé "Classe spéciale des jeunes surdoués" ou "Classe junior", offrant aux jeunes prodiges la possibilité de sauter quelques années de l'enseignement secondaire et de commencer plus tôt l'université.
A ce jour, 1.589 étudiants ont été diplômés de cette classe. Beaucoup parmi eux sont ensuite devenus professeurs et scientifiques dans les meilleures universités telles que Stanford et Harvard, ainsi que des chefs d'entreprises tels que Zhang Yaqin, président du géant technologique Baidu.
A côté du succès, ce modèle a eu ses controverses. Ning Bo, étudiant vedette de la première promotion en 1978, est devenu professeur universitaire à 19 ans, mais s'est ensuite élevé contre "l'éducation prodige" à la télévision.
Le public est souvent sceptique quant à savoir si de tels programmes forment de meilleurs talents ou des intellectuels n'arrivant pas à s'intégrer dans la vie quotidienne.
D'autres universités chinoises qui, par le passé, avaient mis en place des programmes similaires ont dû finalement fermer leurs classes, car elles étaient incapables de satisfaire les étudiants, ou elles n'avaient pas pris en charge le développement psychologique des étudiants.
Au bout de quatre décennies, le programme de l'USTC a pourtant perduré. La classe s'est développée en école de jeunes surdoués il y a dix ans. Son orientation sous-jacente s'est déplacée vers le développement général des étudiants et leur potentiel individuel.
"Notre sélection ne porte pas simplement sur le jeune âge ou le talent dans un certain domaine, les candidats sont obligés d'avoir des qualités globales", a expliqué Chen Yang, doyen de l'école des jeunes surdoués de l'USTC.
De plus, l'école a abandonné des critères tels que les tests de QI et a adopté une évaluation plus complète, combinant les résultats à l'examen d'entrée à l'université, des tests écrits, des tests psychologiques, ainsi que des entretiens.
"L'objectif de cette école n'est pas de sélectionner ou de former un prodige. C'est plutôt un lieu qui offre une éducation conforme aux étudiants passionnés par les sciences et les technologies", a précisé M. Chen.
Par ailleurs, l'école propose aussi diverses activités extrascolaires à ces jeunes surdoués.
"J'ai une vie bien remplie dans le campus", a confié Zhu Yuanhao, étudiant de l'école des jeunes surdoués de l'USTC. A 19 ans, il n'est pas loin d'obtenir son diplôme universitaire.
Spécialisé en géophysique, M. Zhu consacre beaucoup de temps à ses études. Cependant, il n'a jamais renoncé à ses passions : la poésie, la guitare et le jeu de go.
"Je joue parfois à Minecraft pendant mon temps libre", a-t-il indiqué. Il est également un membre de l'association des bénévoles de l'université.
"Il y a plus de 70 associations dans l'université et beaucoup sont dirigées par des étudiants de notre école", a souligné Lan Rong, chef adjointe du Comité du Parti pour l'école des jeunes surdoués.
La plupart des étudiants de l'école célèbrent leur 18ème anniversaire après leur inscription. Ainsi, l'école organise une cérémonie annuelle pour marquer leur passage à l'âge adulte.
"La cérémonie a du sens car elle aide les étudiants à prendre conscience de leurs responsabilités dans tous les aspects de la vie", a indiqué Mme Lan.
"Cependant, tout le monde sait que les études ne représentent pas la seule partie de la vie ici", a-t-il ajouté.
Bientôt, M. Zhu devra penser à son avenir. "Quel que soit mon choix pour ma vie, je serai toujours reconnaissant pour le savoir apporté par l'école", a-t-il confié.