Dernière mise à jour à 09h31 le 24/08
Selon le Conseil de la langue chinoise (Hanban en chinois), l'Afrique compte 54 instituts Confucius, ce qui correspond exactement au nombre de pays que comporte le continent. La plupart des instituts Confucius se trouvent dans des universités ou des établissements supérieurs.
Selon le Hanban, le nombre de classes Confucius est plus restreint sur ce continent, puisqu'on en dénombre 27 au total. Ces classes sont principalement implantées dans l'enseignement secondaire, mais également dans toutes sortes d'institutions de promotion des langues. En 2015, lors de la quatrième conférence annuelle du Forum sur la coopération sino-africaine à Johannesburg, en Afrique du Sud, le cadre d'action sur lequel se sont mis d'accord les parties soulignait que « la partie chinoise [...] soutiendrait davantage de pays africains dans leurs efforts pour établir des instituts Confucius et des classes Confucius ».
Que peut-on dire du développement des instituts Confucius en Afrique depuis l'ouverture du premier institut à l'université de Nairobi, au Kenya, en 2005 ? Et que peut-on conclure du modèle de développement en Afrique de ces deux institutions que sont les instituts Confucius et les classes Confucius, quand on les compare à l'augmentation parallèle de leur nombre en Amérique du nord, en Europe, en Asie et en Océanie ?
Le fait qu'il y ait 54 instituts Confucius en Afrique ne signifie pas forcément qu'il y en a un dans chaque pays d'Afrique. Bien au contraire. Seuls 33 pays africains possèdent un ou plusieurs instituts Confucius, mais le nombre total d'institut, qui s'élève à 54, provient du fait que certains pays en ont davantage, comme c'est le cas de l'Afrique du Sud qui compte cinq instituts, et du Kenya qui en compte quatre.
Les instituts Confucius d'Afrique échappent aux controverses
Qu'en est-il des classes Confucius ? Une fois de plus, selon les données du Hanban, il en existe 27 dans toute l'Afrique, mais elles ne sont présentes que dans 15 pays seulement. Leur répartition est inégale, l'Éthiopie et l'Afrique du Sud en possèdent chacun cinq et l'Égypte trois. Ainsi, trois pays à eux seuls sont dotés de la moitié des classes Confucius du continent. C'est pour cette raison que la grande majorité des pays africains ne possèdent pas de classes Confucius.
Il n'y a eu que très peu de critiques, sinon aucune, ou de controverses autour de la présence des instituts et classes Confucius en Afrique. Au contraire en Occident, certaines critiques retentissantes ont visé par le passé les instituts Confucius, notamment aux États-Unis, où l'institut Confucius de l'université de Chicago a dû fermer ses portes, et, dans une moindre mesure, au Canada et en Europe.
Le fait le plus curieux concernant les critiques américaines envers les instituts Confucius, qui accusaient ces derniers de nuire à la liberté académique et de faire de la propagande pour la Chine aux États-Unis, est que très peu d'entre elles étaient adressées aux classes Confucius. Pourtant, il existe quelques 500 classes de ce genre aux États-Unis. Si les classes Confucius servaient véritablement à des fins de propagande, on aurait pu s'attendre à un tollé.
Davantage de préoccupations se seraient fait entendre dans l'enseignement secondaire que dans le supérieur, les élèves du secondaire étant souvent considérés comme plus influençables. Et pourtant, il n'y a eu aucune réaction de ce genre dans les 27 classes Confucius implantées en Afrique, alors que la situation n'est pas si différente de celle des États-Unis et d'Europe.
Des programmes pour permettre aux professeurs et aux étudiants de se rendre en Chine
L'un des côtés les plus attractifs des programmes proposés par les instituts et classes Confucius est l'opportunité qui est donnée au corps enseignant et aux étudiants de se rendre en Chine sur une courte période, dans la plupart des cas à l'endroit où se trouve l'école ou l'université partenaire pour une durée de deux semaines. Mais un aspect considéré comme au moins aussi important, sinon plus, pour la pérennité des deux organismes est la volonté du Hanban d'offrir des possibilités d'apprendre le chinois sur place, en Chine, en tant que seconde langue vivante.
Il est, bien entendu, extraordinaire que l'année dernière, environ 3 500 professeurs de chinois et plus de 6 000 volontaires aient pu être envoyé en Chine pour assurer l'enseignement du chinois dans des instituts et classes Confucius. Mais s'il y a un point qui est sans aucun doute encore plus crucial, c'est la création rapide d'un réseau de professeurs de chinois présents localement, en Afrique, en Amérique du Nord et en Europe. Ce phénomène, qui est très rapide, est également alimenté par le fait que les instituts Confucius proposent toutes sortes de bourses pour aller étudier en Chine.
À chaque fois qu'approche un nouveau Forum sur la coopération sino-africaine, les commentateurs se posent systématiquement la même question : La Chine sera-t-elle une fois de plus en mesure de continuer à augmenter le nombre de ses bourses d'études de longue et courte durées et de ses formations en Afrique ? Pour le moment, elle y est toujours parvenue.
Aujourd'hui, alors que de nombreux pays optent pour des politiques extérieure et commerciale basée sur la doctrine « mon pays d'abord », le maintien de cet engagement très fort va représenter un véritable challenge pour la Chine. D'autant plus que s'ajoute à cela toutes les demandes pour participer à l'initiative « la Ceinture et la Route ».
Cependant, la Chine ne s'est pas contentée d'être une amie passagère pour l'Afrique. Elle a fait bien plus que cela. Je miserais donc plutôt sur le fait que la Chine va continuer à soutenir à la fois les instituts mais aussi les classes Confucius et va inciter davantage d'universitaires et d'étudiants à apprendre de la Chine et avec la Chine.
Par Kenneth King, professeur émérite à l'université d'Édimbourg.