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Le Prix Fu Lei jette un pont culturel entre la Chine et la France

Xinhua | 09.12.2019 08h13

"Sans eux (les traducteurs), nous serions comme des aveugles ou des sourds, et sans les échanges interculturels, nous ne connaîtrions que notre propre village ou notre propre ville." Tel est le message que Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain français et lauréat du prix Nobel de littérature, a délivré à l'occasion du Prix Fu Lei 2019.

Le Prix Fu Lei de la traduction et de l'édition vient de fêter ses dix ans et est le témoin du développement du milieu de la traduction en Chine et de l'intensification des échanges culturels sino-français.

Créé en 2009 à l'initiative de l'ambassade de France en Chine et d'intellectuels chinois francophones, ce prix a pour objectif de promouvoir la traduction en mandarin et la diffusion d'ouvrages francophones en Chine. Il doit son nom au grand traducteur chinois Fu Lei (1908-1966) qui a fait ses études universitaires à Paris et a rendu accessibles aux lecteurs chinois les œuvres de Balzac, Voltaire ou encore Romain Rolland.

"La traduction n'est pas seulement une transmission d'une langue à une autre, mais aussi un pont entre deux cultures", a expliqué Dong Qiang, président du comité d'organisation du Prix Fu Lei et directeur du département de français à l'Université de Pékin, lors d'une récente interview accordée à Xinhua. Il estime que le sens de la traduction est si vaste qu'elle peut avoir l'image de "Prométhée apportant la lumière à l'humanité". C'est un des éléments les plus importants dans les échanges culturels et l'apprentissage mutuel, a-t-il déclaré.

"Ces dernières années, le nombre des jeunes traducteurs a progressivement augmenté et ils se sont davantage spécialisés. Un grand nombre de traducteurs sont à l'origine des experts en littérature française ou en sciences humaines et sociales", a précisé Dong Qiang, qui a également constaté l'émergence de certains ateliers dédiés à la traduction de livres français. "Dans l'ensemble, les perspectives du milieu de la traduction en Chine sont très prometteuses."

L'histoire des œuvres littéraires françaises entrant en Chine remonte à la publication de "La Dame aux camélias", traduit par Lin Shu et Wang Shouchang en 1898. Il y a cent ans, des écrivains français tels que Rousseau, Montesquieu et Voltaire ont influencé les fervents défenseurs du Mouvement du 4 mai et du Mouvement de la nouvelle culture. Le célèbre penseur et écrivain Liang Qichao est un excellent traducteur.

La création du Prix Fu Lei a favorisé les échanges culturels entre la Chine et la France. Dong Qiang a rappelé que chaque année, une série de conférences avaient lieu lors de la cérémonie de remise du prix, où d'importants écrivains, universitaires et éditeurs français étaient invités à venir en Chine pour communiquer avec les lecteurs locaux. Des experts des milieux intellectuels chinois étaient également invités à y participer. Ce mécanisme de dialogue est exactement une innovation du Prix Fu Lei.

Cette année, le Prix Fu Lei a quitté Beijing et s'est installé pour la première fois à Chengdu, une ville de l'ouest de la Chine.

"Bien que la province du Sichuan soit située dans le sud-ouest (de la Chine), sa culture est très ouverte", a déclaré Alai, président de l'Association des écrivains du Sichuan, lors de la cérémonie de remise du prix.

Pour lui, le Sichuan et la France jouissent d'un lien historique profond : le pionnier des recherches sur la littérature moderne du Sichuan, Li Jieren, s'est rendu à Paris en 1919 pour y faire ses études. A son retour en Chine, il a enseigné à l'Université du Sichuan tout en traduisant des ouvrages français. Le célèbre écrivain chinois Ba Jin, né à Chengdu, a également étudié en France. Cette expérience l'a profondément marqué, notamment la Révolution française et les idées philosophiques, au cours de son processus de création littéraire.

Cette année marque le 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Les échanges culturels entre les deux pays ont ouvert de nombreuses nouvelles opportunités.

Le président français, Emmanuel Macron, a inauguré le 5 novembre dernier à Shanghai, dans l'est de la Chine, le projet de coopération sur cinq ans entre le Centre Pompidou et le musée West Bund, un échange culturel de haut niveau entre la Chine et la France.

Lors de la visite d'Etat de M. Macron en Chine, les deux pays ont profité de cette opportunité pour élargir leur coopération dans des domaines comme les expositions culturelles et artistiques, la protection du patrimoine culturel, les industries culturelles, l'éducation et les langues. Par exemple, des experts chinois rejoindront l'équipe française dans les travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Interrogé sur le futur des échanges culturels sino-français, Dong Qiang a estimé qu'avec le développement des réseaux sociaux, certaines formes d'art visuel telles que les arts plastiques, la photographie et le cinéma vont plus facilement se débarrasser du "Babel" des langues, et auront un avantage de diffusion en termes de technologie.

"En fin de compte, je pense que la coopération sino-française aura de grandes perspectives dans le domaine de la littérature. Parce qu'elle peut réellement refléter la contribution unique d'une nation et d'une culture à la communauté de destin de l'humanité. Cela peut également démontrer le rôle indispensable de la traduction."

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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