La Morna, genre musical capverdien, est désormais inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité

La Morna, genre musical typique du Cap-Vert, rendue célèbre par la chanteuse Césaria Evora, "la diva aux pieds nus", a été proclamée patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO, a-t-on appris jeudi dans la capitale capverdienne.

Cette décision, prise au cours de la 14e réunion annuelle de son Comité intergouvernemental, mardi à Bogota, en Colombie, a été accueillie avec ferveur et satisfaction au Cap-Vert.

L'annonce a été faite en présence du ministre de la Culture et des Industries créatives, Abraao Vicente, qui conduisait une délégation capverdienne de personnalités des arts, de la culture dont notamment la chanteuse Nancy Vieira et le musicien et compositeur Manel de Candinho, qui après l'annonce, ont interprété deux Mornas chaleureuses.

"Pour tout le Cap-Vert, aujourd'hui est un jour heureux, où nous sommes heureux d'être Capverdiens", a déclaré le ministre de la Culture, se félicitant de la consécration de la Morna.

Au Cap-Vert, le président de la République, Jorge Carlos Fonseca, a déclaré que la Morna reflète l'âme des Cap-Verdiens, étant une chanson, une composition, une lettre qui unit les Cap-Verdiens de toutes les îles et les transporte des îles vers l'immense océan des communautés à l'étranger.

"C'est pourquoi toute la nation doit être satisfaite, célébrer cette décision de l'UNESCO qui ne représente rien de plus qu'une reconnaissance, un acte de justice, devant un phénomène qui mérite d'être à côté de ceux qui en sont porteurs d'autres peuples du monde", a ajouté le président.

"Désormais, nous avons une responsabilité supplémentaire de préserver la Morna, de l'améliorer et de la répandre davantage auprès des jeunes, au-delà des frontières du Cap-Vert, d'une manière qui correspond pleinement à cette distinction d'être un patrimoine culturel immatériel de l'humanité", a souligné le chef de l'État.

"Le moment attendu et tant souhaité est arrivé. La Morna est, à ce jour, le patrimoine immatériel de l'humanité", a déclaré, à son tour, le Premier ministre, Ulisses Correia e Silva, entouré de plus d'une vingtaine de musiciens, compositeurs et instrumentistes qui, au Palais du gouvernement, à Praia, a suivi sur Internet la proclamation de l'UNESCO en Colombie.

"C'est un jour particulièrement heureux, où nous devrions tous être heureux d'être nés Capverdiens", a indiqué le chef du gouvernement, avant un concert improvisé de la Morna au Palais du gouvernement avec les artistes.

Ulisses Correia e Silva a assuré que le budget de l'État pour 2020 dispose déjà de fonds pour "le début de la mise en œuvre du plan de sauvegarde qui a été approuvé dans l'ensemble du dossier de cette demande" et que l'Institut du patrimoine culturel a déjà renforcé les compétences dans le processus de conservation.

Rappelons que la candidature de la Morna, considérée comme "la musique reine du Cap-Vert", pour le patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, avait été officiellement soumise par le gouvernement le 26 mars 2018.

Selon le dossier de candidature, la Morna serait apparue au XIXe siècle. Ce genre musical a rencontré son plus grand représentant à l'extérieur du Cap-Vert par la chanteuse Césaria Evora (1941-2011), qui à travers ce genre musical a ouvert les portes du monde à un pays d'un peu plus d'un demi-million d'habitants.

La Morna est issue d'un mélange de styles musicaux aux racines africaines fortes, le landum, aux influences de la mode luso-brésilienne, d'après le dossier de candidature.