Des marques établies de Shanghai devraient se voir offrir de l'aide financière du gouvernement pour assurer leur survie. Voilà le message donné à l'organisme consultatif politique suprême de la ville au cours du week-end.
La division de Shanghai du Parti démocratique paysan et ouvrier de Chine, un groupe non communiste, a suggéré aux autorités d'instituer un fonds spécial pour aider les marques locales « à entrer dans les zones commerciales de premier échelon ».
« Dans les meilleurs endroits, comme sur la rue Nanjing ou la rue Huaihai, la location des locaux va de 70 à plus de 100 yuans (11 à 16 $) le mètre carré, ce qui est trop élevé pour la plupart des marques locales », lit-on dans la proposition.
Les marques établies faisant preuve de potentiel ont besoin d'un appui accru pour alléger leur pression financière, indiquait la proposition qui a été soumise au Comité de Shanghai de la Conférence consultative politique du peuple chinois.
Le Parti est membre du comité qui a commencé sa session annuelle samedi.
Un rapport publié plus tôt par l'Académie des sciences sociales de Shanghai a indiqué que seulement 10 % des marques traditionnelles de Shanghai réalisent un bénéfice sain. Environ 70 % éprouvent des difficultés, et les autres sont sur le bord de la faillite.
Shanghai est le berceau d'un grand nombre de marques nationales, y compris les sous-vêtements Three-gun, les chemises Conch et les aliments Maling. Dans les années 1980 et au début des années 1990, il était bien vu de porter des vêtements fabriqués à Shanghai. Mais avec l'arrivée en Chine d'un plus grand nombre de marques étrangères, les marques locales ont perdu leur place sur le marché.
Le Shanghai Hero Group était jadis le fabricant de plumes le plus prestigieux de la Chine; il était célèbre pour son produit phare, la plume noire Hero avec incrustation d'or, qui a été utilisée en 1997 pour la cérémonie de signature de la rétrocession de Hong Kong.
À la fin de l'année dernière, la compagnie a déclaré qu'elle prévoyait vendre 49 % de ses actions à un nouveau partenaire après avoir essuyé de lourdes pertes depuis les deux dernières années.
« Les marques étrangères sont beaucoup plus fortes, non seulement en matière financière, mais beaucoup ont également une stratégie claire », a affirmé Qi Xiaozhai, directeur du Centre de recherche sur l'économie commerciale de Shanghai. « Elles sont venues en Chine avec un look occidentalisé qui a attiré beaucoup de jeunes Chinois. »
Diana Tsai, PDG de Bundshop, une compagnie de conception en ligne de Shanghai, a déclaré avoir l'impression qu'une stratégie de marque est plus importante que des ventes rapides.
« Les consommateurs, particulièrement les jeunes, sont totalement différents de la génération de leurs parents, a-t-elle dit. Une marque ancienne doit vraiment avoir l'esprit ouvert et s'adapter à un marché qui change rapidement, ou bien les gens ne l'achèteront pas. L'aide financière n'aidera en rien. »
La Chine dispose du marché du luxe ayant la croissance la plus rapide dans le monde, mais certaines marques chinoises éprouvent des difficultés à s'implanter.
La société-conseil A.T. Kearney prévoit qu'une génération plus jeune de clients chinois pourrait revenir aux marques locales.
« Le moment décisif… sera l'influence d'une nouvelle génération de Chinois… de ceux qui sont nés dans les années 1980 et après et qui sont plus sensibilisés aux produits chinois de meilleure qualité et plus sûrs de leur achat », a écrit cette entreprise dans un récent rapport.