La Chine a dépassé le Japon comme deuxième nation commerçante du monde et est maintenant en deuxième place en termes de production, juste derrière les États-Unis. Ces résultats confirment l'image internationale de la Chine comme usine du monde. Cependant, les avantages de la Chine en faibles coûts de main-d'œuvre se sont affaiblis au cours de la décennie passée, et un grand nombre d'usines se délocalisent en Asie du Sud. En outre, le secteur manufacturier chinois est confronté à de nouveaux défis avec l'accélération des programmes de réindustrialisation dans les pays développés. Pei Changhong, directeur de l'Institut des finances et de l'économie du commerce à l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS), expose ses points de vue sur les défis et les stratégies du développement industriel futur de la Chine.
Le Vietnam éclipse la Chine comme base manufacturière de Nike
L'avantage compétitif de la Chine grâce au faible coût du travail s'est affaibli par rapport aux pays voisins. Selon les données d'Economist Intelligence Unit (EIU), les coûts salariaux en Chine ont presque quadruplé en 10 ans. Le coût salarial horaire est passé de 0,6 dollar en 2000 à 2,9 dollars en 2011, soit 150 % plus que le coût du travail en Thaïlande, 250 % de plus qu'aux Philippines, et 350 % de plus qu'en Indonésie. Par ailleurs, l'augmentation du prix des terrains s'est traduite par une hausse des coûts de production.
L'industrie manufacturière mondiale est aujourd'hui confrontée à deux tendances : le retour vers le pays d'origine, ou la délocalisation vers des bases manufacturières aux coûts de production plus faibles dans l'ASEAN. Prenons l'exemple de Nike. En 2000, 40 % des chaussures Nike vendues dans le monde en 2000 avaient été fabriquées en Chine, et 13 % au Vietnam. En 2009, la Chine et le Vietnam avaient la même proportion, à 36 %. Et en 2010, le Vietnam a dépassé la Chine pour devenir le plus grand fabricant au monde de Nike.
Les ressources humaines restent un avantage absolu
Néanmoins, la Chine gardera son avantage dans les ressources humaines au cours de la prochaine décennie. Les coûts de la main-d'œuvre dans les régions centrales et occidentales du pays sont inférieurs à ceux des zones côtières. La quantité de main-d'œuvre disponible attire les investissements manufacturiers dans ces régions. En outre, la qualité améliorée du travail est devenue un nouvel avantage concurrentiel pour la Chine.
La transition vers une nouvelle version de l'usine du monde
L'établissement de nouveaux avantages concurrentiels devrait contribuer à donner à la Chine de nouvelles opportunités. Le gouvernement devrait fournir un environnement aidant à cultiver le capital humain. Par exemple, les autorités peuvent augmenter le budget de l'éducation et de la formation, afin de réduire les frais de scolarité incombant à la population. Elles peuvent aussi établir des réglementations sur le marché du travail pour s'adapter aux compétences professionnelles demandées et guider adéquatement la population à choisir ses investissements en capital humain.
Les entreprises devraient promouvoir l'innovation technologique et la recherche pour améliorer leurs produits et bâtir des marques fortes. En outre, la promotion du commerce en ligne permettrait de réaliser une économie sur les coûts de transaction. Enfin, les entreprises doivent construire des canaux de distribution internationaux et s'implanter sur les marchés étrangers grâce à des accords de fusions et acquisitions.
L'auteur est directeur de l'Institut des finances et de l'économie du commerce à l'Académie chinoise des sciences sociales.