Le directeur général sortant de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a déclaré jeudi que dans les années à venir les économies développées devront chercher la croissance dans les pays en développement, notant au passage que la France dispose d'un "vrai potentiel" qui demeure cependant encore trop réprimé.
"L'économie mondiale est aujourd'hui faite de deux grandes masses à peu près de taille équivalente, mais dont l'une croît beaucoup plus vite que l'autre", a d'abord expliqué jeudi matin sur Europe 1 M. Lamy, qui quittera ses fonctions à la tête de l'OMC le 31 août prochain.
"C'est ce grand basculement qui s'accélère", a-t-il poursuivi, résumant le phénomène ainsi : "faible croissance dans les pays développés, l'Europe, les Etats-Unis, le Japon, forte croissance dans les pays en développement, la Chine, ce que l'on appelle les pays émergents et, bientôt, un continent pré-émergent (...) qui est l'Afrique".
"Dans les années qui viennent, il y aura cette grande différence de croissance qui va continuer et (...) cette croissance pourrait aider la nôtre, contribuer à réduire le chômage dans les économies occidentales, à condition d'aller la chercher", a-t-il averti, ajoutant que "ce qui est bon pour nous, dans les années à venir, c'est la croissance de leurs marchés intérieurs, de leurs consommateurs".
Au sujet de la France, le patron de l'OMC a estimé que c'est "un pays dont beaucoup d'énergies, notamment au niveau des petites et moyennes entreprises (PME), sont aujourd'hui encore bridées, contraintes".
"Il y a du vrai potentiel mais à un certain nombre de conditions qui ne sont hélas pas réunies aujourd'hui dans leur ensemble", a-t-il estimé, recommandant de "réformer l'appareil d'Etat qui est trop lourd dans un pays moderne comme la France" et de "laisser davantage de place aux initiatives, ne pas toujours tout contrôler, encadrer".
A titre d'exemple, M. Lamy a cité "les accords que viennent de signer Renault et Peugeot (...) qui sont en quelque sorte la reconnaissance des préoccupations des salariés sur leur emploi et en même temps la reconnaissance des préoccupations de compétitivité".
"Je trouve que c'est plutôt prometteur pour l' avenir", a-t-il conclu.