Au cours des trois dernières décennies, de nombreuses entreprises étrangères ont ouvert des usines en Chine en raison de ses faibles coûts salariaux, transformant le pays le plus peuplé du monde en usine du monde.
Mais tout cela appartient aujourd’hui à l'histoire.
Alors que la Chine veut se transformer en une économie novatrice dans le cadre de la transformation de son modèle de croissance économique, encourageant les entreprises étrangères à investir dans les industries haut de gamme, la deuxième économie du monde se prépare pour une migration vers le haut de la chaîne mondiale.
Pour Alain Mérieux, fondateur de la société de diagnostic in vitro de niveau mondial bioMérieux, son très récent voyage en Chine a été fructueux.
En tant que membre de la délégation commerciale qui a accompagné le président français François Hollande, qui a fait sa toute première visite officielle en Chine à la fin avril, cet homme âgé de 85 ans a assisté à la signature d'un accord de coopération sur l'extraction d'échantillons biologiques avec le Gouvernement municipal de Shanghai, annonçant que la société française élargirait ses capacités de recherche et développement ainsi que ses installations de fabrication dans la ville d'ici la fin de cette année.
BioMérieux a déménagé son siège Asie-Pacifique à Shanghai en 2005 et a établi deux centres de recherche et développement en 2007 et 2010.
M. Mérieux a déclaré dans un entretien au China Daily que ce qui motive la société biomédicale française à muscler ses capacités de recherche et développement se trouve dans l'environnement plus favorable à l'innovation que la Chine s'est engagée à créer.
Le milieu de l'innovation en Chine s'est amélioré et le pays « accorde beaucoup plus d'attention à l'innovation et a publié une série de mesures d'encouragement », a déclaré le fondateur de bioMérieux. « La Chine a également créé un environnement sain pour la coopération sino-étrangère, ce qui était rare il y a quelques décennies ».
M. Mérieux également cité des chiffres. En raison de son rétrécissement du marché intérieur, « la France va faire passer son nombre de laboratoires liés aux diagnostics de 800 à 1 000 en 2016 contre 4 000 actuellement, mais, en Chine, elle va en construire et en rénover 11 000 ».
« Vous pouvez voir la grande différence et combien la Chine est passionnée par l'innovation », a déclaré M. Mérieux.
En raison de la crise de la dette dans la zone Euro et de la hausse croissante des coûts de main-d'œuvre en Chine, les investissements directs étrangers en Chine ont connu une baisse annuelle de 3,7% en 2012, la première depuis 2009. Cette baisse a suscité des inquiétudes dans le monde, certains se demandant si la Chine pourra continuer à maintenir sa position de tête en tant que destination la plus attrayante parmi les marchés émergents pour les investissements étrangers comme elle l'a fait depuis plus d'une décennie.
La Chine quant à elle ne partage guère ces inquiétudes. Plus même, elle s'efforce d'aller au-delà de sa position de géant mondial de la fabrication, voyant d’un œil favorable les entreprises étrangères s'impliquer dans plusieurs industries haut de gamme pour aiguiser la compétitivité industrielle et la mise en œuvre d'une version améliorée de l'économie chinoise, une chose que des personnalités chinoises de haut rang ont à plusieurs reprises promis de faire.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a ainsi dit à plusieurs reprises que la Chine va encourager le développement à travers l'ouverture en termes de recherche et développement, d’énergies nouvelles et de services aux entreprises étrangères.
Gao Hucheng, le Ministre du Commerce, a également récemment déclaré que la Chine continuera à être favorable aux investissements étrangers, à encourager les entreprises à se diriger vers les secteurs de haute technologie et de la recherche et du développement, dans les régions centrales et occidentales de la Chine en particulier.
Le nouveau développement a déjà commencé
Selon le Ministère chinois du Commerce, en 2012, les investissements étrangers circulant dans les industries de fabrication haut de gamme de Chine des secteurs de la fabrication de matériel de transport et de fabrication générale d'équipements ont connu une croissance rapide de 31,8 et 17,2% respectivement par rapport à un an plus tôt, tandis que les investissements directs étrangers en Chine ont chuté de 3,7% d’une année sur l’autre à 111,7 milliards de Dollars USdurant la même période.
Lors de sa conférence de presse mensuelle en avril, Shen Danyang, porte-parole du Ministère, a déclaré que les hauts et les bas des chiffres des investissements directs étrangers ne signifient pas grand-chose.
« Ce que la Chine veut vraiment et ce dont elle se soucie, c’est la qualité des investissements directs étrangers » et la Chine est satisfaite de voir davantage d'investissements étrangers aller vers la fabrication et les services haut de gamme, a-t-il dit.
Des entreprises agressives
BioMérieux n'est pas un cas isolé. Au cours de la dernière année, de nombreuses autres entreprises multinationales de haute technologie et des industriels haut de gamme ont misé gros sur la Chine, en étendant leur présence dans la plus grande économie d'Asie. Sandvik AB, groupe multinational d’ingénierie high-tech en est un bon exemple.
« Actuellement, notre recherche et développement en Chine en est encore au stade du dépôt de dossier et de la localisation, ce qui fait que chaque secteur d’activité a sa propre équipe et son propre objectif », a déclaré ZZ Zhang, directeur général de Sandvik Greater China.
« Mais nous sommes en train d'étudier s'il y a lieu de déplacer une partie de nos capacités de recherche et développement de base, précoce et primaire en Chine ».
Ce groupe, dont le siège est en Suède, dispose de cinq unités, comme l'exploitation minière, les solutions d'usinage, la technologie des matériaux, la construction et le capital risque. En Chine, chaque entreprise a sa propre organisation recherche et développement.
Ce n'est pas seulement un problème de recherche et développement. Les entreprises étrangères augmentent également leur présence locale au travers de l'établissement d'installations de fabrication haut de gamme.
En mars, Samsung Electronics a annoncé qu'il allait dépenser 7 milliards de Dollars US pour construire une usine de fabrications d’appareils électroniques de pointe de technologie flash NAND, un type de mémoire numérique largement utilisé dans les smartphones et les tablettes informatiques. Cette opération sera le plus important investissement direct étranger en termes de valeur effectuée dans les régions Ouest de la Chine.
« Beaucoup de signaux montrent que la Chine a pris conscience de l'importance du renforcement de la coopération avec les entreprises étrangères à travers l'ouverture, en particulier dans les industries de haute technologie -et elle fait également avancer les initiatives », a déclaré Wang Zhile, Président de l'Académie New Century de Beijing sur les sociétés transnationales et également chercheur émérite en investissements directs étrangers.
« Les entreprises étrangères doivent ajuster leur stratégie en Chine, s'intégrer dans le nouveau développement de la Chine ».