Selon un récent rapport, les investissements chinois aux Etats-Unis stimulent l'innovation, la compétitivité et changent la façon de penser des deux parties.
Malgré les craintes des politiciens et des entreprises américains au sujet de l'externalisation des emplois en Chine, les investissements chinois ont créé 80 000 emplois aux États-Unis, contre moins de 15 000 il y a cinq ans, et ce nombre pourrait bientôt atteindre de 200 000 à 400 000, a précisé ce rapport publié mercredi.
Les entreprises chinoises ont investi environ 46 milliards de Dollars US aux États-Unis entre 2000 et 2014, y créant plus de 1500 entreprises, et ce chiffre pourrait passer à une somme située entre 100 et 200 milliards de Dollars US en 2020, a précisé l'étude parrainée par le Comité national sur les relations sino-américaines, et menée à bien par la société de recherche américaine Rhodium Group LLC. Ce rapport est la première analyse détaillée des investissements chinois par district du Congrès.
« Ce qui était un filet est devenu un ruisseau, et il va probablement devenir une rivière », a déclaré Stephen Orlin, président du Comité des relations sino-américaines, une organisation sans but lucratif qui encourage une meilleure compréhension entre les États-Unis et la Chine, lors d'une conférence de presse à New York, où le rapport a été publié.
« Les capitaux chinois fournissent 80 000 emplois aujourd'hui, et ils fourniront probablement entre 200 000 et 400 000 emplois à la fin de cette décennie. Cela va changer la façon dont de nombreux Américains et Chinois pensent les uns des autres », a-t-il dit.
Selon l'étude, les premiers États américains pour les investissements chinois sont la Californie, le Texas, la Caroline du Nord, l'Illinois et New York.
Entre 2000 et 2014, c'est le 4e district du Congrès de Caroline du Nord qui a reçu le plus d'investissements directs avec 3,36 milliards de Dollars US, suivi par le 7e arrondissement de l'Illinois avec 3,21 milliards, et le 12e arrondissement de New York avec 2,25 milliards de Dollars US.
Quant à l'emploi par les entreprises chinoises, la Caroline du Nord est n° 1, avec 15 000 emplois. L'Etat compte un nombre important de personnes employées par Smithfield Foods Inc, qui a été acheté par Shuanghui Group, basé à Luohe, dans la Province du Henan, en 2013. Le siège de Smithfield est en Virginie, et il possède des installations de production dans tout le pays.
Le deuxième plus gros employeur en Caroline du Nord est Lenovo Group Ltd, basé à Beijing. En 2005, Lenovo a acquis les activités d'ordinateurs personnels d'IBM, y compris ses opérations dans la région dite Research Triangle.
Le rapport indique que les investissements dans des actifs perçus comme des trophées, comme l'hôtel Waldorf Astoria, font certes la une, mais « les entreprises chinoises sont clairement intéressées par la valeur des employés américains et également par la fabrication dans certaines des zones ayant le plus faible revenu par habitant aux États-Unis. Les avantages des capitaux chinois sont distribués dans le monde entier, et pas seulement dans les régions à revenus élevés du pays ».
Selon le rapport, les entreprises chinoises ont créé le plus grand nombre d'emplois dans les secteurs manufacturier et des services, qui possèdent un nombre plus élevé d'emplois par rapport aux secteurs de l'énergie et de l'immobilier.
« Les craintes que les entreprises chinoises pourraient systématiquement déplacer les actifs acquis et les emplois connexes vers la Chine ne se sont pas matérialisées », a dit le rapport.
Thomasville, en Alabama, est l'une des villes qui a bénéficié d'investissements chinois et a été présentée dans le rapport. En mai dernier, les responsables ont tenu une cérémonie d'inauguration de la première usine américaine de Golden Dragon Precise Cooper Tube Group Inc, située dans le comté de Wilcox, qui a été choisi comme l'emplacement parmi les quelque 70 villes américaines qui avaient exprimé le souhait d'accueillir l'usine.
« Nous avons vu des gens dans la ville qui se disaient un peu ‘les Chinois arrivent, les Chinois arrivent !' et qui ne savaient pas comment faire, qui ne savaient pas que penser de ces investissements », a rappelé Sheldon Day, maire de Thomasville, lors de l'événement. « Mais quand ils ont découvert que les gens de l'Alabama –les nôtres- étaient ceux qui allaient avoir du travail, alors c'est devenu un grand projet pour nous tous ».
Les investissements chinois ont également favorisé l'innovation et la compétitivité américaine : selon le rapport, les entreprises chinoises dépensent des millions en recherche et développement aux États-Unis et des « pôles d'innovation » situés aux États-Unis en profitent.
« Ces niveaux plus élevés d'investissement marquent le début d'une ère d'engagement économique sino-américain qui apporte un plus large éventail d'avantages mutuels plutôt qu'un ensemble limité de gagnants et de perdants, comme le montre l'approfondissement du commerce des biens lors des deux dernières décennies », a enfin précisé le rapport.