L'initiative chinoise "Ceinture et Route" a commencé à se concrétiser en Italie, où des autorités et experts commencent à entrevoir des opportunités positives pour les deux pays.
"Aujourd'hui, on parle de programmes concrets. On est ici pour créer des relations", confie à Xinhua le maire de Venise, Luigi Brunaro, en marge du premier Forum de coopération des villes de la Route de la soie qui s'est tenu cette semaine dans la Cité des Doges.
Plusieurs protocoles d'accord couvrant des domaines allant de la culture aux produits alimentaires en passant par les infrastructures ont été signés lors d'un forum sur la "diplomatie culturelle" à Milan, siège de l'Exposition universelle 2015, et celui sur la Ceinture et la Route à Venise, patrie de Marco Polo.
La Route de la soie a longtemps été un symbole d'une longue tradition d'amitié entre la Chine et l'Italie, cette dernière ayant longtemps été la porte d'entrée de l'Empire du Milieu vers l'Europe, souligne M. Brugnaro, ancien président de la branche vénitienne de la Confindustria, le patronat italien.
"Le respect et la connaissance de l'autre sont à la base du commerce. Le dialogue avec les Chinois a toujours été une chose naturelle pour les Italiens", poursuit-il.
Le Forum de coopération des villes de la Route de la soie est un projet destiné à "changer le cours de l'Histoire et à marquer l'avenir du continent eurasien", assure Roberto Ciambetti, président du Conseil régional de la Vénétie, dont Venise est la capitale.
Pour lui, il est impératif d'agir rapidement pour mettre en oeuvre une "Route de la soie moderne". M. Ciambetti pense que sa région est prête à devenir un "carrefour" au centre d'un réseau géographique stratégique qui relie entre elles les principales zones développées de l'Italie avec l'Europe centrale et orientale.
L'élu se dit déterminé à aider à surmonter les difficultés que peuvent poser la capacité portuaire et le transport fluvial à Venise et à construire de nouvelles infrastructures routières. "Il faut agir au niveau local pour penser au niveau mondial", résume-t-il.
Parmi les protocoles d'entente conclus à Venise, il en existe un concernant les ports de Venise et de Ningbo-Zhoushan (côte ouest de la Chine), que les autorités italiennes considèrent comme particulièrement important pour la mise en oeuvre de "la Ceinture et la Route".
En effet, "la route la plus directe entre le canal de Suez et le coeur de l'Europe manufacturière passe par la mer Adriatique. Et Venise est une étape stratégique de l'Adriatique", souligne à Xinhua Paolo Costa, président de l'Autorité portuaire de Venise.
Toutefois, reconnaît-il, le port de Venise n'est pas encore doté des grandes infrastructures nécessaires pour gérer l'énorme afflux de fret venu de Chine. "Nous devons nous montrer créatifs en construisant un port offshore à partir de barges, qui permettrait de lier le port terrestre de Venise avec d'autres ports italiens, ce qui doperait significativement les capacités", imagine M. Costa. Afin de relever ce grand défi, M. Costa confie à Xinhua que Venise entend échanger des informations et des expériences avec le port de Ningbo, ce qui explique la récente conclusion du protocole d'accord.
Les besoins en infrastructures pour "la Ceinture et la Route" ne sont pas seulement matériels, mais aussi culturels, insiste le producteur italien Sandro Silvestri. Ayant déjà exporté deux films en Chine, la comédie "Bus de nuit" et le thriller "The Lithium Conspiracy", il ambitionne pour sa part d'établir un réseau de "relais culturels" le long de la Route de la soie.
Ainsi, "plusieurs villes le long du réseau 'Ceinture et Route' pourraient abriter des événements, des expositions, des rencontres et des conférences sur le thème de la culture, mais aussi être capables également d'attirer des affaires et des opportunités commerciales", déclare-t-il à Xinhua.
"La culture, c'est de l'investissement. Nous discutons en ce moment même de l'opportunité d'organiser un festival du cinéma qui se tiendrait chaque année dans une ville différente le long de la Route. C'est compliqué, mais c'est faisable (...) C'est ce qu'on appelle la diplomatie culturelle", conclut M. Silvestri.