Dernière mise à jour à 13h54 le 11/03
La situation actuelle de l'économie chinoise, marquée ces dernières années par des fluctuations conjoncturelles et des difficultés entraînées par un environnement économique domestique et international complexe, est l'un des principaux sujets de discussion lors des sessions du Parlement chinois (APN) et de l'organe consultatif suprême du pays (CCPPC) de 2016, qui se déroulent actuellement à Beijing.
Les délégués de ces deux sessions doivent débattre du projet du 13e Plan quinquennal (période 2016-2020) de la Chine avant de l'approuver. L'approfondissement de la restructuration économique face aux défis qui se présentent à la deuxième puissance économique mondiale, qui entre dans une phase de "nouvelle normalité" caractérisée par une croissance moins forte mais plus durable, est au coeur des discussions.
Au cours de l'année passée, l'économie chinoise a connu une perte de vitesse relativement importante avec une croissance de 6,9% seulement, son plus faible niveau depuis un quart de siècle.
Même s'il s'agit de son chiffre le plus faible depuis un quart de siècle, cette croissance que la Chine a réalisée dans un contexte domestique et international difficile, marqué entre autres par des pressions à la baisse, représente une valeur d'environ 648 milliards de dollars, soit l'équivalent du PIB de l'Arabie saoudite, et presque trois fois celui de la Grèce, selon Bloomberg News.
A titre de comparaison, la croissance des Etats-Unis, première puissance économique mondiale, devrait atteindre 2,5% en 2015 selon les récentes estimations du Fonds monétaire international (FMI), soit quelque 470 milliards de dollars.
Bien que certains s'inquiètent de ce ralentissement de la croissance chinoise, qui est pourtant la plus élevée des grandes économies mondiales, la Chine contribue à plus de 25% de la croissance mondiale, et ce dans un contexte économique mondial morose, qualifié par la directrice générale du FMI Christine Lagarde de "nouvelle médiocrité", c'est-à-dire "une faible croissance pendant longtemps".
L'économie chinoise est dans une phase de transition vers une croissance plus lente, mais plus durable, a récemment indiqué Mme Lagarde. "La Chine connaît une transition massive, à facettes multiples, et nous ne prévoyons pas qu'elle subisse un atterrissage brutal comme on l'évoque depuis de nombreuses années", a-t-elle déclaré.
Pour de nombreux experts, la Chine, dont la taille économique était équivalente à celle de l'Espagne il y a 20 ans, mais a dépassé les 10.000 milliards de dollars aujourd'hui, ne peut pas avoir la même croissance qu'il y a dix ans. Les chiffres de la croissance chinoise des trois dernières années (7,7% en 2013, 7,4% en 2014, 6,9% en 2015) ne sont pas si mauvais qu'il n'y paraît et les experts jugent même impressionnant que le PIB chinois puisse encore croître d'environ 7% par an avec son poids actuel.
Au cours des quinze dernières années, et en particulier ces sept dernières années, la Chine est restée le moteur de l'économie mondiale, a souligné l'Américain Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale et prix Nobel d'économie, lors du Forum économique mondial de Davos 2016.
Le président français François Hollande a aussi reconnu qu'une croissance d'environ 7% était une performance enviable pour la plupart des économies, a indiqué Wang Wen, chef de l'Institut Chongyang d'études financières de l'Université du peuple de Chine, qui a récemment rencontré le chef de l'Etat français.
Depuis trois ans, le gouvernement chinois n'épargne aucun effort pour promouvoir les transformations structurelles dans le but de rééquilibrer le modèle économique du pays afin qu'il soit orienté vers la consommation intérieure, l'innovation et les services -- nouveaux moteurs de relance -- plutôt que vers les exportations et les investissements massifs par endettement dans les grands travaux d'infrastructure.
Ainsi, le gouvernement s'attaque actuellement à la surcapacité de production de certains secteurs, dont notamment l'industrie manufacturière, avec le lancement de l'initiative "la Ceinture économique de la Route de la Soie" et de "la Route de la Soie maritime du XXIe siècle" dans le cadre de la stratégie "la Ceinture et la Route" conçue par le président chinois Xi Jinping.
Les transformations engagées ont déjà porté leurs fruits. Selon les données officielles, la consommation a représenté deux tiers de la croissance chinoise en 2015, devenant le moteur principal de l'économie chinoise, et ce en parallèle avec la croissance du secteur des services qui constitue plus de la moitié du PIB chinois.
L'augmentation du pouvoir d'achat du peuple chinois a également traversé les frontières. L'an passé, 120 millions de touristes chinois ont voyagé à l'étranger et y ont dépensé environ 153 milliards de dollars.
Cette hausse du pouvoir d'achat des Chinois stimulera fortement la faible reprise économique mondiale, a indiqué Stephen Roach, chercheur à l'Université Yale aux Etats-Unis, qui estime que la restructuration économique engagée par la Chine aidera le pays à évoluer pour devenir un "moteur plus performant pour la croissance de la demande" et que cette transition sera "plus favorable à la croissance durable mondiale".
En dépit des difficultés et de la volatilité des marchés, la Chine est capable de gérer la transition en cours, a affirmé Mme Lagarde, qui pense qu'à long terme, le rééquilibrage vers moins d'investissements et davantage de services et de consommation domestique débouchera sur une croissance plus durable qui profitera au géant asiatique et au monde entier.
Avec l'approfondissement des réformes structurelles et en s'appuyant sur l'innovation scientifique et technologique afin de stimuler les nouveaux moteurs de croissance, la deuxième puissance économique mondiale, qui bénéficie toujours d'un grand potentiel de développement, est capable de maintenir une croissance moyenne à élevée qui apportera forcément de grandes opportunités au reste du monde.
(Par Wang Huanying)