La Chine interdit définitivement le commerce de l'ivoire

Une interdiction totale de la vente de produits d'ivoire vient d'entrer en vigueur en Chine, premier importateur mondial d'ivoire, dont le commerce est responsable de la mort de 30 000 éléphants en Afrique chaque année. Le commerce international de l'ivoire a été interdit depuis 1990, mais la Chine et d'autres pays autorisaient encore les ventes de produits en ivoire à l'intérieur du pays. Les sculptures en ivoire, baguettes et autres articles sont des symboles de statut convoité parmi les riches en Chine. En 2007, la sculpture sur ivoire, un art traditionnel très ancien, fut même répertorié comme un exemple du « Patrimoine culturel immatériel national » de la Chine.

En raison de la pression internationale, des campagnes menées à l'intérieur du pays par des vedettes dont la voix pèse auprès de la population, mais aussi sans doute aussi par souci de sa réputation, la Chine a changé de tactique. En 2016, Beijing s'était engagée à interdire le commerce de l'ivoire. Les ateliers et les boutiques d'ivoire ont commencé à fermer au printemps. Plus d'une centaine de fabriques devaient encore fermer avant la fin de l'année. Selon les groupes de défense de la faune, cette interdiction annoncée a fait littéralement dégringoler le prix de l'ivoire jusqu'à 65% depuis 2014.

De leur côté, les critiques soulignent, peut-être non sans raison, que l'interdiction ne fera que déplacer le commerce vers d'autres régions de l'Asie. De fait, le Laos est maintenant le marché de l'ivoire à la croissance la plus rapide au monde, servant principalement des clients chinois. La nouvelle règle ne s'applique pas non plus à Hong Kong, un important marché de l'ivoire. Le commerce illégal d'espèces sauvages devrait être voté en 2018. Après l'interdiction par la Chine des importations d'os de tigre dans les années 1990, les commerçants sud-africains se sont tournés vers l'exportation d'os de lion.

Les chercheurs disent quant à eux que la réduction de la demande est le seul moyen efficace pour arrêter le commerce de l'ivoire. Le groupe de conservation WildAid a ainsi recruté l'ancienne star de la NBA Yao Ming pour devenir avocat de la cause des éléphants. C'est sans nul doute un choix judicieux, car le champion fut aussi le visage des campagnes du groupe contre la soupe d'ailerons de requin, une délicatesse en Chine devenue démodée en partie grâce au travail de Yao Ming. « Les produits d'ivoire sont très chers, non en termes de prix, mais en termes de vie des éléphants qui ont été tués pour les faire. Notre pays a mis en place une interdiction d'ivoire. En vertu de la loi, l'ivoire n'est plus un article commercial », a-t-il dit dans une vidéo récemment publiée.