Dernière mise à jour à 14h39 le 01/09
La réforme et l'ouverture de la Chine ont apporté trois opportunités majeures à l'Afrique.
Premièrement, la modernisation industrielle de la Chine a apporté des opportunités d'industrialisation aux pays africains. L'expérience historique montre que pour parvenir à la prospérité, il faut emprunter le chemin de l'industrialisation. Une industrialisation réussie doit développer des industries manufacturières à forte intensité de main-d'œuvre qui satisfont aux avantages comparatifs et entrer sur le marché international afin de créer suffisamment d'emplois, absorber la main-d'œuvre rurale et industrialiser, moderniser et urbaniser. Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon, la Corée du Sud, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande et l'Indonésie se sont emparés des industries de transformation à forte intensité de main-d'œuvre et ont réussi à passer du statut de sociétés agricoles à celui d'économies industrielles modernes. Aujourd'hui, en Chine, les salaires augmentent et la modernisation industrielle du pays va amener une nouvelle série d'industries à forte intensité de main-d'œuvre à se déplacer à l'international. C'est la plus grande période de fenêtre d'opportunité de l'histoire.
Deuxièmement, l'initiative « Une Ceinture, une Route» fournit les conditions nécessaires à la construction d'infrastructures en Afrique. L'initiative « Une Ceinture, une Route » et le « Plan des dix grandes coopérations » entre la Chine et l'Afrique offriront les conditions nécessaires pour que l'Afrique puisse saisir le créneau des opportunités. Sa nombreuse main-d'œuvre et ses faibles coûts constituent un avantage pour le développement des industries à forte intensité de main-d'œuvre en Afrique. De plus, si ces industries doivent entrer sur le marché international, non seulement le facteur coût sera faible, mais les coûts totaux le seront également. Il faut aussi savoir que, dans le coût total, le coût de la transaction dépend de la qualité des infrastructures. Mais à l'heure actuelle, les infrastructures des pays africains sont globalement insuffisantes, ce qui est devenu un obstacle à leur développement économique. L'initiative « Une Ceinture, une Route » et le « Programme des dix grandes coopérations » entre la Chine et l'Afrique peuvent aider les pays africains à résoudre les goulets d'étranglement dans le domaine des infrastructures et à créer les conditions permettant à l'Afrique de saisir les opportunités d'industrialisation.
Troisièmement, le développement de la Chine fournit des idées pour le développement de l'Afrique. Au cours des 40 dernières années de réforme et d'ouverture, la principale raison du formidable développement de la Chine a été qu'elle a changé sa façon de penser. Par le passé, les idées de développement de certains pays africains suivaient essentiellement la théorie des pays développés occidentaux. Cependant, la théorie et l'expérience des pays développés sont basées sur les conditions des pays développés et ne peuvent pas s'appliquer aux pays africains. La Chine a commencé son ascension en tant que pays le plus pauvre du monde et les conditions préalables au développement qui étaient alors les siennes sont proches de celles des pays africains d'aujourd'hui. C'est pourquoi l'expérience et la théorie qui se sont constituées au cours des 40 années de réforme et d'ouverture de la Chine ont davantage de valeur de référence pour les pays africains et les autres pays en développement.
Le développement de la Chine au cours des 40 dernières années montre que la pauvreté n'est pas un destin. Chaque pays a le potentiel de sortir de la pauvreté et le chemin de la prospérité est l'industrialisation, la modernisation et la mondialisation. La coopération sino-africaine peut offrir aux pays africains une opportunité d'industrialisation, les conditions nécessaires à l'industrialisation et l'idée même d'industrialisation. Main dans la main avec les pays africains, la Chine et l'Afrique parviendront à construire la prospérité commune et la richesse commune d'une communauté de destin humain.
(L'auteur est Lin Yifu, doyen honoraire de l'Institut national de recherche sur le développement de l'Université de Beijing, doyen de l'Institut de coopération et de développement Sud-Sud et doyen de l'Institut de nouvelle économie structurelle)