Dernière mise à jour à 10h09 le 29/12
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Selon les experts, les régions éloignées et montagneuses telles que le Tibet ne sont désormais plus des « coins oubliés » du développement technologique et de la croissance économique rapides de la Chine, car les outils numériques, tels que le commerce électronique, peuvent aujourd'hui réduire l'écart créé par les distances géographiques.
Ainsi, le 11 novembre, lors du festival des achats en ligne de la Journée des célibataires, les ventes en ligne de produits de la région autonome du Tibet sur la principale plate-forme de commerce électronique JD ont augmenté de 1 141% par rapport au 11 octobre et, selon JD, le nombre de commandes en ligne au cours du festival des achats de 2017 a été multiplié par 3 000 par rapport à 2008.
Cependant, il y a quelques années à peine, le commerce électronique n'avait pas encore démarré au Tibet. « Ils ne savaient même pas ce que cela voulait dire », a déclaré Wang Jucang, président de l'entreprise locale Ayun E-commerce Co Ltd. Pour développer son activité, il a visité 30 comtés à travers le Tibet et a observé les aspects traditionnels et modernes de la région. « C'est difficile à le croire », a dit M. Wang en se rendant sur la route menant au comté de Metog. « Dans certaines zones pastorales de Nagchu et de la préfecture de Ngari, les gens continuent à utiliser le troc en tant que moyen d'échange ».
Des zones souvent isolées et des infrastructures médiocres posaient des problèmes aux résidents souhaitant accéder au monde extérieur, ce qui signifiait que certaines personnes vivant dans des zones reculées et montagneuses maintenaient toujours leurs modes de vie et leurs modèles économiques traditionnels. Cependant, des changements spectaculaires ont eu lieu ces dernières années après l'intégration par le gouvernement local du commerce électronique à ses 10 domaines de la lutte contre la pauvreté, ainsi que de secteurs tels que le tourisme rural, conformément à son objectif de sortir tous les habitants de la région de la pauvreté en 2020.
Selon les données du gouvernement local, les ventes au détail en ligne au Tibet ont dépassé 2,28 milliards de yuans (331 millions de dollars), en hausse de 59,8% d'une année sur l'autre, soit 26 points de plus que la moyenne du pays. Les transactions en ligne ont augmenté de 62,1% d'une année sur l'autre pour atteindre 8,82 milliards de yuans.
Selon un article du Lhasa Evening News, à la date du mois de janvier, la région avait construit cinq centres de distribution dans les comtés locaux et plus de 100 stations-service de commerce électronique dans des villages.
Sonam Dolkar, responsable de la station-service de commerce électronique du village de Kyepa, dans le comté de Kongpo'gyada, a déclaré qu'une cinquantaine de colis arrivaient à la station tous les deux jours, chose rare auparavant. Elle a ajouté que la plupart des villageois achètent maintenant des vêtements et des produits de première nécessité en ligne. « Même pour les achats de la Fête du Printemps, nous n'avons pas besoin de nous rendre dans les zones urbaine », a-t-elle déclaré.
Elle a elle-même ouvert un magasin sur la plate-forme de commerce électronique en ligne Taibao d'Alibaba en 2017, pour vendre une variété locale de champignons matsutake et des matériaux médicaux et aider les autres à vendre également leurs produits. Son entreprise réalise des revenus mensuels de 10 000 yuans et de 80 000 yuans en haute saison, a-t-elle dit.
De son côté, Wang Jucang, le patron d'Ayu E-commerce a déclaré que sa société travaillait à la formation de talents en commerce électronique dans 5 des 14 comtés de démonstration du commerce électronique au Tibet. L'un des participants, Paldron, 24 ans, une détaillante en ligne du comté de Metog, a dit y avoir appris à prendre des photos professionnelles, à attirer des clients et à fournir des services de qualité.
Paldron vend plus de 10 marmites en pierre par jour en ligne à des clients de Beijing et de Shanghai, à des prix allant de 1 000 à 3 000 yuans. Elle gère également des magasins physiques, mais, a-t-elle souligné, les ventes sont limitées en raison du faible flux de visiteurs.
Après avoir terminé ses études secondaires, elle a démarré sa propre entreprise mais sa famille vivait alors toujours dans une maison en bois, qui fuyait souvent les jours de pluie parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se payer un toit en tôle d'acier. En plantant du maïs et en cueillant des champignons, les parents pouvaient juste nourrir leurs enfants. « Je n'avais même pas de chaussures. Acheter des boissons ou des bonbons dans un magasin était un rêve de luxe », se rappelle-t-elle.
Mais aujourd'hui, le commerce électronique a beaucoup changé sa vie : son entreprise rapporte environ 300 000 yuans à la famille chaque année. Les parents de Paldron sont toujours à la ferme, mais leurs produits agricoles sont vendus sur son magasin en ligne. Leur maison a été reconstruite avec du ciment et elle a été meublée de neuf. « La vie s'est vraiment améliorée », a-t-elle déclaré, ajoutant que presque tous les habitants du village travaillaient dans le secteur des marmites en pierre. Ces dernières années ont également vu plus de voitures postales et de postes de courrier express dans le village, a-t-elle ajouté.
Ye Min, responsable des marchés de consommation chez PwC China, estime pour sa part que le commerce électronique peut aider les produits agricoles des régions éloignées et pauvres à pénétrer sur d'autres marchés, ce qui peut ensuite contribuer à créer un ensemble industriel et à améliorer la compétitivité régionale. « Cela peut également créer plus d'opportunités d'emploi, améliorer les compétences des agriculteurs et augmenter leurs revenus », a-t-elle souligné.
De janvier à juin, les ventes de 2,83 millions de produits de près de 800 pays pauvres via les plateformes en ligne du géant du commerce électronique Alibaba ont dépassé les 26 milliards de yuans. De nombreuses sociétés de commerce électronique, telles que Pinduoduo, Suning.com et Yunji, ont même fait de la lutte contre la pauvreté une part de leur stratégie d'entreprise, a encore dit Mme Ye.
« Voir les produits agricoles des régions éloignées et pauvres arriver sur les tables des résidents urbains et aller sur les marchés d'outre-mer par China Railway Express va devenir une tendance. Pour les entreprises, les projets de lutte contre la pauvreté ne sont pas seulement une simple activité caritative, mais aussi une opportunité d'élargir leurs marchés et de créer de nouveaux points de croissance », a-t-elle déclaré, ajoutant que d'ici 2030, 92% de la consommation future proviendrait de villes ne faisant pas partie de celles de premier rang.
Yu Hai, directeur de la chaîne de produits de Lhasa Pure Land Investment and Development Co Ltd, a quant à lui dit que sa société avait acheté du miel, du quinoa, de la viande de yak et d'autres produits à des familles de villages pauvres, et avait aidé à les vendre via ses magasins de Taobao, Tmall, JD, ainsi que des plateformes sociales, comme WeChat et Douyin. « De nombreux agriculteurs possédaient des denrées non vendues stockées dans des entrepôts, qui se dégradaient rapidement », a-t-il souligné, ajoutant que la marque Tibet donnait aux clients une impression de « ciel bleu, de nuages blancs, et de moins de pollution », des atouts évidents pour le marketing.
Les canaux en ligne représentent désormais environ 60% des ventes totales de la société en Chine, mais, a-t-il noté, des problèmes subsistent encore, notamment le manque de production à grande échelle, la contrefaçon et les coûts élevés de la commercialisation sur les plateformes de commerce électronique.