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Le fondateur de Huawei Ren Zhengfei accorde une interview aux médias chinois

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.05.2019 11h07

Note de l'éditeur : Ren Zhengfei, entrepreneur privé chinois, la société qu'il a créée est considérée comme l'ennemi numéro 1 par la seule superpuissance mondiale. Il est étranglé par Trump et ses alliés. Sa fille a été arrêtée par le Canada et n'a pas encore recouvré sa liberté. La réponse de cet homme chinois peut permettre au monde de voir comment, après la réforme et l'ouverture, les Chinois se voient eux-mêmes, comment ils voient les États-Unis, comment ils voient le monde et comment ils pensent à l'avenir de l'humanité. le 21 mai, il a été interviewé par le Quotidien du Peuple et d'autres médias au siège de Huawei à Shenzhen. C'est la première fois que les États-Unis incluent Huawei sur une « Liste d'entités », et toute société américaine qui souhaite vendre des produits à Huawei doit désormais obtenir une autorisation spéciale pour le faire. C'est aussi la première fois que Ren Zhengfei est interrogé par les médias chinois après cette décision.

Photo Huawei Xinsheng Community.

Ce qui suit est un résumé de l'entretien avec Ren Zhengfei.

CCTV : Tout à l'heure, un collègue journaliste a montré une photo avec un « avion en ruines ». Je l'ai prise aussi. Vous aimez également beaucoup cette photo. C'est une photo dont on pourrait dire qu'elle comporte d'innombrables cicatrices.

Ren Zhengfei : J'ai vu cette photo sur un site Internet je me suis dit qu'elle ressemblait à la situation de notre entreprise, je l'ai envoyée à tout le monde. L'opérateur BG pensait que cet avion, c'était lui-même. Plus tard, il a été découvert que l'opérateur BG n'avait pas de problèmes majeurs, car il s'était préparé pendant plus de dix ans. Notre situation actuelle, c'est voler tout en réparant l'avion et faire de notre mieux pour revenir.

Un journaliste : La raison pour laquelle cet avion peut rentrer, c'est parce que des parties essentielles, telles que le réservoir de carburant et le moteur, ne sont pas endommagées, alors que les parties non essentielles de l'aile sont endommagées. Est-il possible de continuer à voler quand des parties essentielles sont touchées ? Dans ce cas, comment revenez-vous ?

Ren Zhengfei : Je vais vous raconter deux histoires, celles de l'Allemagne et du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Parce que l'Allemagne ne s'est pas rendue, elle a finalement été complètement détruite. Le Japon a également été lourdement bombardé. Si le pays ne s'était pas rendu, l'armée américaine l'aurait également complètement rasé. À la fin, le Japon a adopté une approche de compromis, en conservant l'empereur, en acceptant la reddition du pays, sans être complètement détruit, mais la plus grande partie de sa base industrielle a été détruite. À cette époque, il y avait un slogan célèbre : « Même quand il n'y a plus rien, tant qu'il y a des gens, le phénix pourra renaître de ses cendres ». L'Allemagne a retrouvé ses forces en quelques années et toutes les maisons ont été restaurées comme elles étaient avant. L'économie du Japon a également repris rapidement grâce à ses talents, à son éducation et à ses fondations, et ce point est le plus important. On peut tout perdre, sauf une chose, les gens. La qualité, les compétences et la confiance des gens sont très importantes.

QQ.com : Pensez-vous actuellement que cette situation difficile va durer plusieurs années ? Est-ce que ce sera un tournant dans l'histoire du développement de Huawei ?

Ren Zhengfei : Vous devriez poser la question à Trump, ce n'est pas à moi d'y répondre. Je pense que cette affaire a deux aspects : d'un côté, nous serons touchés, mais d'autre part, cela incitera la Chine à développer son industrie électronique de manière systématique et imperturbable. Dans le passé, la politique de développement industriel de notre pays consistait à déverser de l'argent, mais l'argent déversé n'était pas efficace. Notre pays construit des ponts, des routes, des maisons... quand on est habitué, il suffit de déverser de l'argent et puis ça marche. Mais pour les puces, on ne peut pas se permettre de jeter de l'argent comme ça, ce sont des mathématiciens, des physiciens, des chimistes qu'il faut déverser... Dans une telle situation, il est difficile de réussir en se fiant entièrement à l'innovation indépendante de la Chine. Alors pourquoi pas une innovation transnationale ? Des bases d'innovation peuvent être établies dans de nombreux pays. S'il y a un endroit où il y a des capacités, alors allons dans cet endroit. Nous pouvons créer des instituts de recherche localement.

Technology Daily : En tant que société commerciale, Huawei a parlé de « recherche fondamentale et éducation de base » à plusieurs reprises au cours de précédentes occasions, que ce soit Huawei ou vous-même. Quelles sont les actions spécifiques de Huawei en matière de recherche fondamentale et d'éducation de base? Quel type de soutien cela apportera-t-il au développement futur de Huawei?

Ren Zhengfei : Nous avons 26 centres de compétences en recherche et développement dans le monde, avec plus de 700 mathématiciens, plus de 800 physiciens et plus de 120 chimistes. Nous avons également un institut de recherche stratégique qui possède beaucoup d'argent et nous avons distribué des ressources limitées de manière égale, sans égard à leur importance relative, à des professeurs renommés d'universités célèbres du monde entier. Nous n'avons pas la notion de retour sur investissement pour cet argent, mais nous appliquons le principe américain du « Bayh Dole Act », c'est-à-dire que ceux qui en profitent sont les universités. De cette manière, de plus en plus de scientifiques sortent de nos « canaux ».

Aujourd'hui, tout le monde parle de la puissance du standard 5G pour la société humaine. Comment aurait-on pu penser que les codes de la 5G sont issus d'un document mathématique du professeur turc Erdal Arikan il y a plus de dix ans ? Deux mois après la publication de cet article par le professeur Arikan, nous l'avons découvert et nous avons commencé à étudier divers brevets centrés sur cet article. Nous avons fait des recherches et l'avons décortiqué étape par étape et investi des milliers de personnes. En dix ans, nous avons transformé cet enseignement des mathématiques turc en technologie et en normes. Nos brevets de base 5G représentent environ 27% du nombre total de brevets dans le monde. Ce professeur turc ne fait pas partie du personnel de Huawei, mais nous finançons son laboratoire, il peut recruter plus de doctorants et nous pouvons aider les doctorants. Nous soutenons aussi un professeur d'université au Japon, ses quatre étudiants en doctorat sont venus travailler dans notre entreprise, et le lieu de travail est dans son bureau. Il peut recruter quatre autres étudiants en doctorat, ce qui équivaut à huit doctorants qui l'aident à effectuer des recherches. Tous ses documents et autres lui appartiennent, ils ne sont pas à nous. Si nous voulons utiliser ses affaires, nous devons conclure un accord commercial. C'est le principe de la loi américaine « Bayh Dole Act ». C'est grâce à ce genre de « canaux » que nous étendons le nombre de scientifiques.

Le Quotidien du Peuple : Nous souhaiterions vous poser une question sur la recherche et le développement. Huawei investit énormément dans la recherche et le développement. Quelles sont les grandes orientations en matière de recherche et développement de Huawei à l'avenir ? Quelles sont vos réserves techniques?

Ren Zhengfei : Au cours des 30 dernières années, nous avons attaqué la même « porte d'entrée des murailles de la ville ». Des dizaines et des centaines de personnes font face à cette « porte d'entrée des murailles de la ville ». Des dizaines de milliers et des centaines de milliers de personnes continuent de s'en prendre à cette porte et de l'attaquer. De plus, la quantité de « munitions » que nous avons tirées sur cette porte est maintenant de 20 milliards de dollars par an. Aucune société cotée en bourse dans le monde n'ose investir autant pour « bombarder » la même « porte d'entrée des murailles de la ville » que nous.

Nous nous efforçons seulement de « préparer le flux d'informations ». Le terminal est un « robinet d'eau », CNBG est un « tuyau ». Plus nous agissons ainsi, plus nous avons de chances d'être au premier plan dans le monde, et plus il sera facile d'avoir une position raisonnable dans le monde, et le « bombardement » sera de plus en plus important. Si nos finances subissent un léger contretemps, cela n'affectera pas nos investissements dans la technologie, car nos employés ne sont pas cupides et ils ont suffisamment pour vivre. Nous continuerons à avancer dans le même domaine et ne changerons pas de piste.

A l'extérieur, certains disent que nous faisons des voitures, mais nous ne le ferons pas. Parce que s'agissant de l'Internet des véhicules, nous sommes pour l'essentiel le fournisseur des plus grands constructeurs automobiles mondiaux, nous nous concentrerons à l'avenir sur l'informatique embarquée et l'électronique embarquée, cela peut être une très grande activité. S'agissant de la coopération avec les autres, nous avons réalisé la conduite autonome, et des gens nous ont envoyé une voiture. La marque Huawei est imprimée sur la voiture, mais cela ne signifie pas que Huawei veut construire une voiture. C'est juste une histoire, nous ne changerons pas de voie.

Agence de presse Xinhua : Quel type d'entreprise Huawei souhaite-t-il développer à l'avenir ou quelle direction souhaite-t-il prendre ?

Ren Zhengfei : A part ne pas laisser entrer de capital, on peut discuter de tout le reste.

--Voir plus: Pour Huawei l'extension accordée par les États-Unis ne veut pas dire grand-chose

 

(Rédacteurs :Xiao Xiao, Gao Ke)
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