Dernière mise à jour à 09h51 le 21/06
Daniel Reynolds, PDG de Workman Publishing, a remis plusieurs copies de son témoignage de 10 pages lors d'une audition publique sur la proposition de droits additionnels sur les produits chinois, dont la majorité des pages comporte des illustrations de livres colorés qui, selon lui, sont principalement imprimés en Chine.
Les livres pour bébés résistant à la mastication, à l'eau, aux déchirures et non toxiques figurent parmi ceux qui pourraient être touchés par la menace de hausse de 25% des droits de douane par l'administration américaine sur 300 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires, a déclaré M. Reynolds à un groupe de responsables lors de l'audience qui s'est tenue le 18 juin à l'intérieur du bâtiment de la Commission du commerce international des États-Unis.
« Ce qui m'inquiète le plus, ce qui m'empêche de dormir la nuit et m'amène ici aujourd'hui, c'est l'impact que ces droits proposés pourraient avoir sur les livres pour enfants en particulier », a-t-il dit dans son témoignage émouvant.
Les livres pour enfants doivent être « suffisamment attrayants, suffisamment divertissants et suffisamment passionnants » pour que les enfants choisissent un livre au lieu d'un écran dans un monde plein d'électronique et de distractions offertes par les applications, les jeux vidéo et les médias sociaux, a souligné M. Reynolds.
« Une grande partie de cela ne serait pas possible s'ils n'étaient pas imprimés en Chine », a-t-il affirmé. Grâce à leurs équipements, à leur technologie et à la formation d'une main-d'œuvre qualifiée, les imprimeurs chinois, en partenariat avec les éditeurs américains, parviennent à commercialiser « des produits novateurs et de grande qualité qui n'auraient pas été possibles autrement » à des prix abordables.
« Il n'y a pas d'autre alternative viable », soutient M. Reynolds. « Tout transfert vers des sources alternatives, à supposer même qu'elles soient disponibles, entraînera presque certainement une baisse de qualité ».
Jamie Fiocco, président de l'American Booksellers Association, a fait écho aux propos de M. Reynolds lors de la deuxième journée d'une audience de sept jours organisée par le Bureau du représentant américain au Commerce.
M. Fiocco, qui représente 2 500 libraires indépendants, a déclaré que les imprimeurs chinois imprimaient habituellement en quadrichromie, une méthode utilisée pour imprimer des images en couleur « de bonne qualité, très rapidement et à moindre coût ».
« Le meilleur endroit, le moins cher et le plus rapide, a tendance à être la Chine », affirmé M. Fiocco, ajoutant que les imprimeurs américains étaient mieux adaptés pour imprimer des produits bicolores et en noir et blanc.
Luisa Simpson, vice-présidente pour la politique mondiale à l'Association des éditeurs américains, a de son côté également noté que la capacité des imprimeurs américains était devenue extrêmement limitée depuis les années 1980, lorsque l'industrie a commencé à quitter le pays.
Si les nouveaux droits sont imposés, a déclaré M. Reynolds, les éditeurs devront certainement augmenter leurs prix, car l'édition, avec ses faibles marges, est une industrie extrêmement « sensible aux prix ». L'augmentation des prix de détail entraînera alors une baisse des ventes de livres. « Il y aura moins de livres disponibles pour les enfants américains », a-t-il ajouté. « Les familles à faible revenu seront les plus durement touchées, mais l'impact se fera sentir dans toute la société ».
« C'est une perspective effrayante », a conclu Jamie Fiocco.