Huawei progresse toujours malgré les restrictions

Tel un phénix renaissant de ses cendres, Huawei Technologies Co a minimisé l'impact des restrictions imposées par les États-Unis avec une croissance régulière de ses activités principales et un nombre impressionnant de lancements de produits sur le marché étranger, renforçant ainsi son image de géant mondial de la technologie.

Selon Yang Chaobin, président de l'unité produit 5G de Huawei, la société a déjà commencé à expédier des modems de station de base 5G sans composants américains au reste du monde.

Ainsi, sur les 400 000 unités d'antennes actives 5G, un type de modem utilisé dans les stations de base 5G, déjà expédiées par Huawei, environ 300 000 ont été expédiées après les restrictions imposées par les États-Unis en mai. « Certains de ces modems n'incluent pas de composants américains et leurs performances sont aussi bonnes que celles comportant des composants américains », a souligné M. Yang.

Ses remarques devraient sans doute constituer une douce musique pour le géant de la technologie, qui a été placé sur la « liste des entités » en mai de cette année par le gouvernement américain, ce qui lui interdit d'acheter des technologies américaines sans autorisation spéciale du gouvernement de Washington.

Ding Yun, président du groupe d'opérateurs de Huawei, qui fournit du matériel et des solutions de télécommunication aux opérateurs mondiaux, a déclaré : « Nous avons connu la croissance la plus rapide dans les zones où nous avons été le plus durement touchés ».

De plus, outre que le géant de la technologie a pu maintenir des approvisionnements normaux auprès de ses clients après l'interdiction, sa popularité a semblé s'être accrue plutôt qu'avoir faibli sur les marchés étrangers. Les dernières données montrent ainsi que la société a signé plus de 60 contrats commerciaux pour la 5G avec de grands transporteurs à l'échelle mondiale, contre 40 au moment de l'interdiction américaine en mai.

Les opérateurs de télécommunications ont lancé 40 réseaux commerciaux 5G dans plus de 20 pays et régions, avec 136 appareils 5G disponibles dans le monde, a de son côté noté Hu Houkun, président en exercice de Huawei, ajoutant qu'il devrait atteindre 60 réseaux commerciaux 5G d'ici la fin de l'année.

Les experts estiment quant à eux que tous ces chiffres semblent contredire ces spéculations sans fondement selon lesquelles les produits de Huawei contiennent des « portes dérobées » ou des risques pour la sécurité, du fait desquels le gouvernement américain a persuadé ses alliés de ne pas utiliser les équipements de Huawei. Selon l'un d'entre eux, il est déraisonnable que des pays se soumettent aux pressions politiques de Washington, qui a mobilisé sa puissance politique pour tenter de détruire des puissances technologiques au niveau mondial.

Sur le total des contrats commerciaux 5G, près de la moitié provient d'Europe, avec 32 au total, 11 du Moyen-Orient, 10 de la région Asie-Pacifique, 7 des Amériques et un d'Afrique.

Wang Yanhui, secrétaire général de l'Alliance chinoise du mobile, a indiqué que Huawei sert les opérateurs de télécommunication européens depuis l'ère de la 3G et qu'il n'y a aucune preuve de ses activités cyber-malveillantes. « Le monde devrait laisser parler les faits et ne pas s'inquiéter des peurs suscitées par certains pays », a-t-il ajouté.

La semaine dernière, Reuters a rapporté que l'Allemagne avait annoncé qu'elle ne désignerait aucun acteur du secteur des télécommunications, y compris Huawei, dans sa version 5G. Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a également déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin : « Nous ne prenons aucune décision préventive visant à interdire tout acteur ou entreprise ». Ces paroles ont fait écho à la position énoncée par la chancelière allemande Angela Merkel plus tôt cette année, selon laquelle le pays n'exclurait pas les vendeurs individuels tout en renforçant la sécurité de ses réseaux de téléphonie mobile.

Robert Hannigan, ancien responsable du siège du gouvernement pour les communications, l'un des bras du renseignement britannique, a pour sa part écrit dans un article d'opinion paru dans le Financial Times que l'Occident devrait mettre fin à « l'hystérie » provoquée par la technologie chinoise. Le point clé ici est que « le NCSC n'a jamais trouvé la preuve d'une cyberactivité malveillante de l'État chinois via Huawei », a affirmé M. Hannigan dans son article. Le terme NCSC fait référence au Centre National de la Cyber-Sécurité britannique.

Au cours des trois premiers trimestres de cette année, Huawei a généré un chiffre d'affaires de 610,8 milliards de yuans (86 milliards de dollars), en hausse de 24,4% d'une année sur l'autre. Le géant de la technologie a réalisé un chiffre d'affaires de 401,3 milliards de yuans au cours des six premiers mois de l'année, en hausse de 23,2% par rapport à la même période de l'année précédente.

Malgré les inquiétudes qui font craindre que l'interdiction américaine puisse avoir un impact important sur son activité de smartphones, plus de 185 millions de smartphones Huawei ont été expédiés au cours des trois premiers trimestres de 2019, en hausse de 26% par rapport à l'année précédente. « Huawei a vendu un nombre record de 67 millions de smartphones au cours du seul trimestre. La solide performance de la société est due en grande partie à son expansion continue sur le marché national », a noté Jia Mo, analyste chez Canalys, qui a toutefois ajouté que, sur les marchés étrangers, Huawei doit trouver de nouvelles solutions pour conserver sa position de leader car ses concurrents continueront à mettre à jour leurs produits.