Le 41e Festival International de la BD d'Angoulême s'est achevé il y a quelques jours en France. Cet événement de l'industrie de la bande dessinée, de renommée internationale, qui a attiré près de 200 000 visiteurs venus du monde entier, et lors duquel ont été décernés le Grand Prix de la Ville et celui de la meilleure bande dessinée, peut être décrit comme un grand succès. Lors cette manifestation, un point particulier attiré l'attention. C'est l'exposition thématique organisée par la Corée du Sud sur les « femmes de réconfort ». Selon l'argument de la Corée du Sud, cette exposition thématique a été organisée pour sensibiliser le public à l'enrôlement forcé par le Japon de « femmes de réconfort » pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette exposition thématique de bande dessinée, basée sur des faits historiques, n'avait rien qui pouvait lui être reproché. Mais elle a suscité l'insatisfaction du Gouvernement japonais.
Un autre épisode de cette histoire a eu lieu avant le Festival International BD, lors duquel un auteur japonais de bandes dessinées a voulu exposer une œuvre tentant de nier l'enrôlement forcé par l'armée japonaise de « femmes de réconfort », et que les organisateurs français ont fermement refusé. Pourquoi les organisateurs ont-ils refusé ? Selon Nicolas Finet, membre du Comité exécutif du Festival International de la BD, la bande dessinée japonaise « comportait de la propagande politique et se livrait à une négation de faits historiques interdite par les lois françaises », « ne reconnaissait pas l'existence des femmes de réconfort », et donc « violait les règles et les lois ». On ne saurait mieux dire. Le rejet total par la France, un des pays vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale, du mépris du Japon pour des faits historiques est entièrement justifié.
Pourquoi le Japon n'a non seulement pas apprécié l'exposition thématique coréenne sur les femmes, mais a également tenté lui-même d'imposer une œuvre déniant que le Japon a procédé au recrutement forcé de « femmes de réconfort »? Pour dire les choses clairement, c'est parce la BD coréenne a rappelé un des faits peu glorieux intervenus lors de l'invasion de l'Asie par le Japon : pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes japonaises ont procédé de manière inhumaine au recrutement forcé de jeunes femmes pour en faire les esclaves sexuelles de leurs propres soldats.
La négation par le Gouvernement japonais de l'existence d'une pratique de recrutement de « femmes de réconfort » et son refus de reconnaitre son agression d'autres pays d'Asie pendant la Seconde Guerre mondiale, causent exactement de la même manière des souffrances indicibles aux peuples de la région. Derrière ces agissements du Japon se cache la volonté de se laver des péchés de son histoire et de faire renaitre son militarisme, ouvrant la voie à un nouvel asservissement des peuples de l'Asie.
Il y aurait tellement de choses à dire sur le refus du Japon de reconnaître certains faits. Le massacre qui a eu lieu à Nanjing en Chine dans les années 1930, il le nie. L'enrôlement forcé d'un grand nombre de femmes de confort par les troupes japonaises en Chine, il ne le reconnait pas davantage. Après son arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, le Gouvernement japonais a tenté de nier que l'armée japonaise ait procédé au recrutement forcé de femmes de réconfort. Mais de nombreux pays occidentaux et organisations internationales non seulement ont admis et reconnu ce fait historique, mais en plus ont condamné fermement cet acte criminel contre l'humanité. Certains politiciens américains ont même récemment demandé à leur gouvernement d'exhorter le Gouvernement japonais à présenter des excuses au sujet des femmes de réconfort.
Le fait que les organisateurs français du festival international de la BD aient refusé d'exposer une œuvre niant le recrutement forcé de femmes de réconfort par l'armée japonaise exposé est une très bonne chose. C'est une décision qui sera sans doute très populaire. Elle rend justice à des dizaines de milliers de femmes esclaves sexuelles des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, et c'est un coup sévère infligé au refus du Gouvernement Abe de réfléchir sur son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale.
Yoshihide Suga, Secrétaire général du gouvernement japonais, s'est dit « profondément désolé » par le retrait de l'œuvre japonaise du Festival International de la BD. Il devrait en fait regretter plus profondément encore que le dessinateur japonais nie le recrutement forcé de femmes de réconfort pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Aujourd'hui, les Japonais lancent différentes campagnes dans des forums internationaux, essayant de se présenter comme des « anges de la paix », ouvrant la voie à leur propre expansion militaire à l'étranger. Mais si tout le monde agit comme l'a fait la France, « attaquant » sans cesse les mauvaises intentions du Japon, alors le rêve d'asservir à nouveau les peuples d'Asie des militaristes japonais pourra être brisé.
Shinzo Abe doit présenter sans délai des excuses aux peuples de l'Asie et du monde pour les crimes de guerre du Japon et l'esclavage sexuel, comme le fit le chancelier allemand Willy Brand quand il se mit à genoux en 1970 en hommage aux victimes de l'Allemagne nazie. C'est seulement de cette manière que le Japon pourra être accepté par la communauté internationale. Mais si Abe et ses semblables persistent, ils finiront par être mis au ban des peuples du monde, rejoignant Hideki Tojo et autres criminels de guerre de l'histoire.
Auteur : Ren Yaqiu