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« L'Europe doit réfléchir à qui est la plus grande menace. À long terme, la Chine deviendra le principal marché de l'Europe »

le Quotidien du Peuple en ligne | 12.04.2021 15h25

Le 2 avril, Kishore Mahbubani, un éminent académicien de l'Institut d'études asiatiques de l'Université nationale de Singapour, homme politique et ancien diplomate singapourien, a été interviewé par le média suisse « Le Temps » pour commenter les relations sino-américaines, sino-européennes et le développement de la Chine.

En 2020, Kishore Mahbubani a publié « La Chine va-t-elle gagner ? Le défi chinois à la primauté américaine ? ». La version française du livre « Le jour où la Chine va gagner » a été récemment publiée, sur laquelle le point d'interrogation a été supprimé du titre.

(Kishore Mahbubani, capture d'écran/« Le Temps »)

Kishore Mahbubani a répondu : « Prédire la victoire de la Chine et la fin de l'hégémonie américaine n'est-il pas un peu audacieux ? Dans la version française du livre, je ne dis pas que la Chine va gagner. Après tout, les États-Unis peuvent encore être la plus grande puissance mondiale et il ne faut pas les sous-estimer pas, mais dans le même temps, les États-Unis ne devraient pas non plus sous-estimer la Chine ».

« Les Américains pensent qu'ils peuvent gagner la compétition contre la Chine parce qu'ils pensent que cette compétition est une réplique de la lutte pour l'hégémonie américano-soviétique, et ils croient fermement que la soi-disant "démocratie dynamique" des États-Unis peut toujours vaincre d'autres systèmes » a souligné Kishore Mahbubani, ajoutant « mais les États-Unis ne sont plus une démocratie dynamique », a-t-il dit, notant qu'« Au cours des 30 dernières années, le revenu moyen de la moitié des personnes à faible revenu a diminué. Cela a plongé la classe ouvrière blanche dans le désespoir ».

(Capture d'écran/« Le Temps » )

Au contraire, Kishore Mahbubani a souligné que la Chine a déjà prouvé les avantages de son propre système. La qualité de la gouvernance en Chine a dépassé celle des États-Unis, cela se voit à la capacité des deux pays de faire face à la nouvelle pandémie de coronavirus. Plus de 500 000 personnes aux États-Unis sont décédées du COVID-19, alors que la Chine n'en a pas dépassé les 5 000 morts jusqu'à présent.

À l'heure actuelle, la compétition entre la Chine et les États-Unis s'est déjà étendue à une compétition entre l'Occident et à la Chine, et il pourrait y avoir une alliance du camp occidental contre la Chine. A ce sujet, Kishore Mahbubani a rappelé à l'Europe qu'elle doit se demander une chose : quelle est la plus grande menace pour l'Europe?

D'un point de vue économique, l'Europe a besoin d'un marché des matières premières. Prenons l'exemple de l'Allemagne: un tiers des voitures Audi est vendu en Chine et les ventes de Mercedes en Chine sont quatre fois supérieures à celles faites aux États-Unis. La Chine aura la plus grande population de classe moyenne au monde et elle deviendra aussi le principal marché pour les Européens. D'ici dix ans, le marché de détail de la Chine sera beaucoup plus grand que son homologue américain et l'Europe doit tenir compte de ses intérêts à long terme.

(Capture d'écran/Amazon)

Par ailleurs, récemment, sur les questions liées au Xinjiang et à Hong Kong, l'Occident a fréquemment critiqué la Chine, et les États-Unis en ont fréquemment profité pour « passer » près de la région de Taiwan.

Kishore Mahbubani a rappelé que Hong Kong et le Xinjiang sont des territoires chinois, ils relèvent des affaires intérieures de la Chine, et les Britanniques devraient le comprendre. Dans les années 1970, le Royaume-Uni a été le premier pays à inclure ce principe en tant que principe du droit international. S'agissant de la question de l'Irlande du Nord, certains pays espèrent que le Royaume-Uni résoudra la question des violations des droits de l'homme. C'est aussi le Royaume-Uni qui a rapidement clarifé devant les Nations Unies qu'il s'agissait d'une question interne au Royaume-Uni.

Parmi tous les problèmes entre la Chine et les États-Unis, celui de Taiwan est le plus sensible. « Apprendre l'histoire de la Chine, en particulier l'histoire d'humiliation dans la Chine moderne, est une bonne chose pour les Occidentaux ». Selon Kishore Mahbubani, si l'Occident ne comprend pas la détermination de la Chine à surmonter les humiliations de cette époque, il ne pourra pas comprendre la position ferme de la Chine sur Taiwan.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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