Les relations sino-américaines vont devoir être mieux gérées pour éduire les différences et promouvoir une plus grande confiance, pour leur bon développement
La réélection de Barack Obama est arrivée dans un contexte de légère reprise économique. Mais après tout le tapage médiatique qui a eu lieu autour des élections aux États-Unis, les défis internes et externes auxquels l'administration Obama est confrontée restent importants.
Sur le plan intérieur, d'énormes déficits, un taux de chômage élevé et une économie moribonde sont les plus grands soucis auxquels l'administration Obama doit faire face. Pour résoudre ces problèmes, elle devra travailler avec les Républicains. Toutefois, l'étendue actuelle de la polarisation dans laquelle se trouvent les États-Unis a pu être constatée dans les promesses de campagne des deux candidats, qui reflètent les différents points de vue des partis Démocrate et Républicain sur le rôle du Gouvernement, les organismes publics, la santé, les impôts, l'avortement , les mariages de personnes du même sexe et d'autres questions.
Depuis la fin de la Guerre Froide, la discorde entre les deux principaux partis américains est devenue de plus en plus importante. Au cours de son premier mandat, Barack Obama a fait usage de beaucoup de ressources politiques et a réussi à faire avancer la réforme des soins de santé, mais les Républicains sont déterminés à bloquer les autres initiatives politiques de son administration. Donc, pour Barack Obama, les défis intérieurs les plus urgents sont la réduction de la fracture sociale américaine et la conciliation des différences entre les deux parties afin de favoriser la reprise économique.
Dans le même temps, l'administration Obama fait face à de nombreux défis de politique étrangère. Le retour de l'administration américaine à la stratégie asiatique, peut-être la seule politique sur laquelle il y a consensus entre les deux partis, va se poursuivre, avec Washington qui va continuer à renforcer ses relations avec ses alliés et continuer à promouvoir le Partenariat trans-Pacifique afin de réduire la dépendance des pays d'Asie de l'Est envers l'économie et le marché chinois et freiner l'intégration économique de l'Asie de l'Est.
La stratégie des Etats-Unis vise à élargir leurs intérêts propres et à maintenir leur rôle de leader dans la région en contrebalançant l'influence croissante de la Chine. Cependant, cette stratégie sera affectée par l'état de l'économie américaine et la réduction des dépenses militaires, et il faudra aussi prendre en compte la réaction de la Chine, et cela d'autant plus que la situation au Moyen-Orient continue à se détériorer.
La façon de gérer les relations avec le monde islamique sera aussi un test majeur pour l'administration Obama. Les spectaculaires bouleversements politiques en Asie occidentale et en Afrique du Nord sont en train de changer le paysage politique au Moyen-Orient. Les États-Unis, qui auparavant avaient annoncé les changements et les avaient aidés à se réaliser, se sont rendus compte que la situation au Moyen-Orient n'était pas ce qu'ils imaginaient ou espéraient, avec une augmentation croissante de l'instabilité politique et même la prise du pouvoir par certaines forces islamistes radicales. La mort de l'ambassadeur américain en Libye et les manifestations constantes dans la région mettent en évidence la profondeur du sentiment anti-américain dans le monde arabe. L'aggravation de la situation en Syrie et l'impasse dans les relations israélo-palestiniennes annoncent des difficultés supplémentaires au Moyen-Orient dans un avenir proche.
Dans le même temps, les programmes nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord seront un autre test pour l'administration Obama, et il lui faudra être très prudente pour équilibrer la pression nationale et internationale et trouver une solution viable. Elle va avoir besoin de faire des efforts pour améliorer les relations avec la Russie, la Chine et d'autres puissances, afin de promouvoir une plus grande coordination et la coopération sur ces questions. Dans cet esprit, il lui faudra examiner comment adapter sa politique envers la Russie pour relancer les relations russo-américaines. Les États-Unis ont besoin de coopérer avec la Russie sur la question du nucléaire iranien, la non-prolifération des armes de destruction massive, la lutte contre le terrorisme et de nombreux autres problèmes. Fort heureusement, les relations bilatérales vont se réchauffer avec le renforcement de la coopération économique et commerciale après l'entrée de la Russie dans l'Organisation Mondiale du Commerce.
Dans l'ensemble, il est peu probable que la politique américaine envers la Chine connaisse des ajustements importants, malgré le fait que la forte implication de Washington dans les conflits entre la Chine et les pays voisins a fait que les Chinois doutent de la sincérité des Etats-Unis quand ils disent qu'ils veulent que les relations bilatérales se développent. Les États-Unis doivent prendre en considération les sentiments de la Chine lors de la mise en œuvre du rééquilibrage de leur politique vers l'Asie, sinon les relations sino-américaines risqueront de faire face à davantage d'incertitudes. La Chine s'est engagée à faire progresser les relations avec les Etats-Unis, mais si les Etats-Unis tentent de freiner son développement stratégique, la suspicion entre les deux parties va s'intensifier et les relations entre les deux pays vont en souffrir. C'est une situation qu'aucun des deux pays ne veut voir. Nous avons des raisons d'espérer et d'attendre que, après les élections présidentielles américaines et le changement de dirigeants en Chine, les deux côtés vont développer leurs intérêts communs, considérer de manière rationnelle et réduire les différences existantes, et faire des efforts supplémentaires pour promouvoir un développement sain des relations sino-américaines.
L'auteur est chercheur à l'Institut des Etudes Américaines, qui relève de l'Académie Chinoise des Sciences Sociales.