Le président français François Hollande continue d'afficher sa détermination à prendre "une action proportionnée et ferme" à l'encontre du régime de Damas, alors que la tenue d'un débat parlementaire sans vote fait polémique au sein de la classe politique en France.
L'opposition de droite et du centre s'est prononcée en faveur d'un vote des députés et sénateurs français, réclamant tout au long du week-end son inclusion dans le débat prévu mercredi prochain.
La candidate UMP (droite) à la mairie de Paris, Natahlie Kosciusko-Morizet, a estimé lundi matin que la faiblesse de position du président Hollande appelait l'organisation d'un vote parlementaire afin d'appuyer sa position. "La Constitution n'y oblige pas (à faire voter le Parlement français) mais le président de la République peut choisir (d'y procéder). Et le problème est qu'aujourd'hui, il est tellement affaibli (...) qu'on a l'impression qu'il n'y a pas d'autre solution", a-t-elle affirmé dans une interview accordée à la fois à la radio RMC et à la chaîne BFMTV.
S'inquiétant de la qualité de la relation entretenue par M. Hollande avec ses grands alliés, l'ancienne ministre de l'Ecologie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012), a souligné que le président socialiste français pourrait "difficilement y aller seul" et prendre, en sa qualité de chef des armées, la décision de mener une intervention militaire en Syrie.
De fait, sur le plan international, le chef d'Etat français apparaît quelque peu isolé sur ce dossier, après notamment le vote négatif du Parlement britannique, ayant amené le Premier ministre David Cameron à renoncer à toute intervention militaire.
Par ailleurs, la volte-face du président américain Barack Obama, qui a fini par demander au Congrès de se prononcer, le 9 septembre prochain, au sujet d'une éventuelle opération en Syrie, a également contribué à miner la position de M. Hollande.
Le leader de l'Union des démocrates et des indépendants (UDI, centre), Jean-Louis Borloo, s'est d'ailleurs déclaré en faveur d'un vote parlementaire en France, peu après l'annonce par M. Obama d'obtenir l'aval du pouvoir législatif américain.
"Comme le président des Etats-Unis, qui a décidé de consulter le Congrès américain au titre des principes démocratiques, le président français doit faire de même et organiser après le débat, un vote formel au Parlement", a-t-il indiqué samedi soir dans un communiqué.
Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, doit recevoir lundi après-midi les responsables du Parlement français, tant de la majorité que de l'opposition, afin d'évoquer la situation en Syrie, en prévision du débat tant attendu de mercredi.
Selon les médias français, qui citent une source proche du chef du gouvernement, M. Ayrault s'apprêterait à dévoiler "un ensemble d'éléments de preuve de différentes natures qui permettent de bien identifier le régime (de Damas) comme responsable de l'attaque chimique du 21 août".
Le président Hollande affirmait déjà, dans un entretien accordé il y a quelques jours au journal français Le Monde, sa certitude à cet égard.
"La question n'est plus de savoir si des armes chimiques ont été utilisées le 21 août dans la banlieue de Damas. C'est un fait établi", avait-il déclaré, mentionnant un faisceau d'indices allant dans le sens de la responsabilité du régime syrien.