Le Parti chrétien social (CSV) du Premier ministre sortant luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, est sorti en tête des élections législatives anticipées qui ont eu lieu dimanche, mais se trouve en position délicate.
Selon l'Autorité électorale du Grand-Duché, le CSV remporte 23 des 60 places dans la Chambre des députés, affaibli de trois places par rapport au résultat des élections législatives de 2009, contre 13 des Socialistes (sans changement), 13 du Parti démocratique (+ 4) et six des Verts ( - 1). Les cinq dernières places sont à ADR et Dei Lenk.
Le CSV devrait changer de partenaire pour former une coalition avec le Parti démocratique, a estimé un militant du CSV qui voulait garder son anonymat. En ce cas, M. Juncker pourra avoir un autre mandat de cinq ans.
Après les élections législatives de 2009, le CSV a formé un gouvernement de coalition avec les Socialistes ayant à leur tête le ministre sortant de l'Economie et du Commerce, Etienne Schneider.
En juillet dernier, la coalition au pouvoir a éclaté après le retrait des Socialistes, suite à un scandale concernant des irrégularités et des malversations commises dans les années 2004-2009 par les services de renseignement placé sous l'autorité du Premier ministre. C'est aussi la première fois depuis la seconde Guerre mondiale qu'un cabinet ne peut aller au bout de son mandat au Luxembourg, le plus riche des pays européens qui a fait de la stabilité politique l'un de ses atouts pour attirer les investisseurs étrangers.
M. Juncker est en effet le doyen de la politique européenne. Agé de 59 ans cette année, il est le Premier ministre depuis 18 ans consécutifs. M. Juncker détient ainsi le record de longévité à la tête d'un gouvernement européen pour avoir été côte à côte avec l'ex-président français François Mitterrand et l'ex-chancelier allemand Helmut Kohl. Il est l'un des architectes du traité de Maastricht et de l'Union économique et monétaire, étapes cruciales pour la construction européenne. M. Juncker était le premier président de l'Eurogroupe en 2005-2006 et a été reconduit à cette fonction en 2008, avant d'être remplacé par le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem en janvier 2013.
Au cours des élections législatives, le plus grand challenger pour M. Juncker est M. Schneider. Ce dernier veut faire une union tricolore (rouge des Socialistes, bleu du Parti démocratique et vert des Ecolo) contre l'orange du CSV. Si M. Schneider réussit, ce sera pour la première fois qu'un gouvernement luxembourgeois n'aura pas d'orange depuis 30 ans. Dans les 70 ans passés, le CSV n'était absent au pouvoir que pendant un mandat quinquennal. Ce phénomène est qualifié de "monopartisme à la luxembourgeoise".
La coalition tricolore est "très difficile, à cause de leurs divergences", a estimé Michel Reiland, candidat du CSV, interviewé par Xinhua. "Tout est possible pour une coalition, même avec le CSV", a reconnu un militant des Socialistes en cachette. Vu peu de différences dans les programmes politiques du rouge et de l'orange. Des négociations sur la formation de la coalition devraient commencer lundi.