Le départ du Premier ministre Jean-Marc Ayrault est de plus en plus réclamé au sein même du Parti socialiste français (PS), principal parti de la majorité actuelle en France, a rapporté mardi la presse française.
Cette possibilité, évoquée par le député PS de l'Essonne, Malik Boutih, dans une interview publiée par le journal Le Parisien, a fait des remous en particulier au sein de son camp politique, au lendemain d'une journée très mouvementée pour le président François Hollande : celle de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918.
M. Hollande a d'abord été conspué, lorsqu'il s'est rendu sur les Champs-Elysées, afin de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du soldat inconnu, sous l'Arc de Triomphe, à Paris. L'incident a été attribué à des militants d'extrême-droite et a occasionné une soixantaine d'interpellations parmi les manifestants, dont la plupart ont été relâchés après confirmation de leur identité.
Le chef d'Etat français a également été l'objet de huées, lors de son deuxième déplacement à Oyonnax, dans l'Ain (centre-est), dans la cadre des cérémonies de commémoration du 11 novembre.
"Il faut envoyer un signal d'urgence aux Français, afin de rétablir le dialogue. Cette urgence doit se traduire par un remaniement gouvernemental. Mais un remaniement fort, pas un simple changement d'équipe autour du Premier ministre", a déclaré M. Boutih, appelant sans équivoque au départ de M. Ayrault.
Par ailleurs, les résultats d'un nouveau sondage, très peu favorables à l'actuel couple exécutif en France, ont été dévoilés la veille, lundi, confirmant l'écart grandissant entre la population française et ses dirigeants.
Selon l'enquête d'opinion Clai-Metronews-LCI, le président Hollande ne recueille que 22% d'opinions positives, tandis que son Premier ministre, M. Ayrault, n'obtient que 23% d'avis favorables.
"Le gouvernement semble à la fois être devenu sourd et ne plus être entendu : le dialogue avec le pays est rompu. Les arguments, le discours, les explications, plus rien ne passe avec les Français", a estimé le député de l'Essonne, dans les pages du Parisien.
Quelques acteurs politiques sont allés dans le sens de M. Boutih, tout en restant prudents. Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, s'est lui aussi prononcé en faveur d'un remaniement ministériel, mais à condition que le gouvernement qui en naîtrait mène "une nouvelle politique".
Le Premier ministre, M. Ayrault, a réagi en affichant sa solidité. "J'ai une tâche difficile à accomplir ; rien ne m'impressionne", a-t-il déclaré mardi à l'Assemblée générale, où il a été ovationné par les députés socialistes qui ont ainsi montré leur soutien au chef du gouvernement, malgré les propos critiques tenus par l'un des leurs, M. Boutih.
"Je ne suis pas certain qu'un changement de gouvernement soit la question du moment", a renchéri le député socialiste de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, qui indiqué à la presse qu'il s'agissait de ne "pas se tromper de cible".