Le Premier ministre thaïlandais Yingluck Shinawatra a rejeté les appels à la démission lancés mardi par les manifestants, disant que démissionner serait inconstitutionnel, mais a dit qu'elle est ouverte à des négociations pour résoudre des manifestations contre son gouvernement qui ont dégénéré le week-end dernier.
Le chef de file des manifestations anti-gouvernementales, Suthep Thaugsuban, a appelé dimanche Mme Yingluck, démocratiquement élue de démissionner, affirmant qu'il lui donnait deux jours pour « rendre le pouvoir au peuple sans condition ». Il a fait ces commentaires après une réunion face-à-face avec le Premier ministre, en présence des chefs militaires. M. Suthep est un ancien vice-Premier ministre issu du Parti démocrate d'opposition. Lundi soir, un tribunal thaïlandais a émis un mandat d'arrêt contre Suthep, accusé d'insurrection.
Samedi, trois personnes ont été tuées et plus de 60 blessées lors d'affrontements entre les manifestants et les partisans de Yingluck, les pires troubles civils en Thaïlande depuis la répression militaire des manifestations en 2010. Mais l'appel de Suthep demandant aux fonctionnaires de faire grève ne semblait pas avoir pris lundi.
Les manifestants disent qu'ils veulent débarrasser la Thaïlande de l'influence de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, frère aîné de Mme Yingluck. C'est un objectif ambitieux dans un pays où les partis affiliés à Thaksin, qui a construit son succès politique sur des politiques populistes qui se sont appuyées sur le cœur rural de la Thaïlande, ont remporté toutes les élections depuis 2001. Thaksin a été renversé par un coup d'Etat militaire en 2006, et a passé la plupart du temps depuis en exil à l'étranger. S'il revient, il risque une peine de prison de deux ans pour corruption, qui, selon lui, lui a été infligée pour des raisons politiques.