L'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, qui était dans le coma depuis son accident vasculaire cérébral en janvier 2006, est mort samedi dans un hôpital près de Tel Aviv à l'âge de 85 ans, suite au dysfonctionnement généralisé de ses organes vitaux. Les réactions sur son décès ont commencé à affluer d'un bout à l'autre du spectre politique israélien ainsi que dans le reste du monde.
Dans son pays, divers politiciens, parmi lesquels le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le président Shimon Peres, ont fait l'éloge de M. Sharon.
"M. Sharon ne se laissait pas intimider, il a pris des décisions difficiles et les a mises en œuvre avec courage, en temps de guerre comme en temps de paix", a rappelé M. Peres dans une déclaration télévisée diffusée samedi soir.
"Il restera dans les mémoires comme un chef de file unique dans l'histoire de notre nation, comme une personnalité estimée dans le monde entier", a-t-il noté.
Les amis et la famille de M. Sharon se sont réunis près de son ranch dans le désert du Néguev pour lui rendre un dernier hommage, avant d'assister à son enterrement prévu lundi prochain.
En comparaison, les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ont réagi avec indifférence au décès de M. Sharon.
Hanan Ashrawi, une responsable de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a déclaré à Xinhua que les Palestiniens ne célèbrent jamais la mort des êtres humains, "mais nous ne pleurons pas sa mort".
"L'histoire de M. Sharon est liée à la souffrance du peuple palestinien depuis plus de trois décennies", a-t-elle souligné.
Pour sa part, Abu Yousef Wassel, un autre responsable de l'OLP, a argué que "la seule chose que les Palestiniens retiennent de M. Sharon, c'est qu'il était très violent et agressif envers eux".
Dans la bande de Gaza, le mouvement islamique Hamas a qualifié M. Sharon de "criminel de guerre distingué".
"Le peuple palestinien se souvient de M. Sharon comme quelqu'un qui a causé de la destruction, de dures épreuves et son déplacement", a fait savoir à Xinhua Salah al-Bardaweel, un responsable du Hamas.
Dans la ville de Khan Younis, dans le sud de Gaza, des dizaines de radicaux ont brûlé des posters de M. Sharon pour célébrer la mort de ce dernier, qui est selon eux responsable du massacre de générations de Palestiniens et de décennies de souffrances.
Après le massacre dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban en 1983, M. Sharon avait été tenu pour responsable et avait démissionné de son poste de ministre de la Défense.
Fin septembre 2000, M. Sharon avait effectué une visite controversée à la mosquée d'al-Aqsa, un geste provocateur pour les Palestiniens qui a déclenché la seconde Intifada contre Israël.
La dépouille de M. Sharon sera exposée dimanche à la Knesset, le Parlement israélien, où ses obsèques nationales sont prévues lundi vers midi.
Parmi les dirigeants internationaux qui ont confirmé leur présence aux funérailles de M. Sharon figurent le vice-président américain Joe Biden, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue allemand Frank Walter-Steinmeir.
Les dirigeants internationaux déplorent le décès de cet homme d'Etat emblématique, l'un des personnages les plus influents et controversés du paysage politique israélien.
Samedi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré "attristé" par le décès de M. Sharon, tout en appelant le pays à faire avancer le processus de paix israélo-palestinien en se fondant sur le pragmatisme légué par Sharon.
Le même jour, le président américain Barack Obama a présenté ses condoléances à la famille de Sharon et au peuple israélien.
"Au moment où Israël dit adieu au Premier ministre Sharon, nous nous joignons au peuple israélien pour honorer son engagement envers son pays", a déclaré M. Obama dans un communiqué, avant de qualifier M. Sharon de dirigeant "qui a donné sa vie à l'Etat d'Israël".
La chancelière allemande Angela Merkel a également transmis ses condoléances à M. Netanyahou, a indiqué samedi son porte-parole Steffen Seibert.
La chancelière "pleure avec le peuple israélien" le décès de M. Sharon, qui était engagé dans l'approfondissement des relations germano-israéliennes, a déclaré M. Seibert.
M. Sharon était un commandant militaire décoré qui a dirigé l'Etat hébreu pendant les principales guerres du pays et a été critiqué pour ses opérations militaires risquées. Il est devenu par la suite un homme politique qui recherchait la paix avec les Palestiniens.
Il a changé son fusil d'épaule au début des années 2000. Il a quitté le parti Likoud (droite) pour créer le parti Kadima (centre-gauche) avant d'orchestrer le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005.