La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué jeudi que l'Union européenne (UE) allait revoir sa politique énergétique et réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russes.
"Il faudra avoir une nouvelle vision de la politique énergétique dans son ensemble," a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre canadien Stephen Harper, ajoutant que l'UE était très dépendante de la Russie pour les carburants.
L'UE menace la Russie de sanctions économiques, s'il y a escalade dans la crise en Crimée. Trente-trois représentants de Crimée et de Russie ont été mis sur liste noire par les 28 pays de l'UE.
Les économistes préviennent qu'étant donné les liens commerciaux étroits entre l'UE et la Russie, les sanctions économiques pourraient également nuire à la reprise économique en Europe.
En Allemagne, environ 31% du total des importations de pétrole brut et de gaz naturel proviennent de Russie. "L'Allemagne ne peut pas se permettre d'arrêter entièrement le commerce avec la Russie à court terme," a expliqué Erdal Yalcin, un expert de l'institut d'études de marché Ifo.
L'institut basé à Munich a révélé dans un sondage récent que le moral des entrepreneurs allemands avait baissé en mars après quatre mois consécutifs de hausse, du fait des événements en Crimée. GfK, un autre institut d'études de marché, a également prévenu plus tôt cette semaine que le moral des consommateurs allemands serait affecté de manière négative par les événements.
L'Allemagne ayant décidé de sortir de l'énergie nucléaire, il faudra encore du temps avant que le pays ne parvienne à son objectif de 80% d'énergies renouvelables en 2050. Afin de combler ce fossé énergétique, les sources conventionnelles telles que le gaz, le pétrole et le charbon sont nécessaires.
Lors de la conférence de presse de jeudi, interrogée pour savoir si l'Allemagne devait réfléchir à recourir à l'énergie canadienne comme alternative à celle en provenance de Russie, Mme Merkel a précisé que l'Europe cherchait à diversifier ses approvisionnements énergétiques, mais que les importations d'énergie du Canada constitueraient un projet à long terme pour l'Allemagne, dans la mesure où les infrastructures existantes ne le permettent pas à l'heure actuelle.