Les chefs de la diplomatie russe et américain ont convenu mardi de poursuivre leur communication sur la crise en Ukraine, bien qu'ils restent profondément divisés sur la façon de désamorcer la situation dans le pays.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, se sont entretenus mardi par téléphone, pour la deuxième fois en deux jours, en vue de désamorcer les tensions qui règnent actuellement dans l'est de l'Ukraine.
Les deux responsables ont discuté du déploiement d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le pays d'Europe de l'Est et abordé d'autres mesures possibles, a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué de presse, ajoutant qu'ils ont convenu de maintenir leur communication sur cette question .
Cependant, les deux pays sont loin d'adopter une position similaire, comme M. Kerry a exprimé sa "profonde inquiétude" vis-à-vis de ce qu'il a qualifié d'un "manque de mesures positives de la part de la Russie".
Le département d'Etat américain a fait savoir que M. Kerry a dit à M. Lavrov que "de plus en plus de preuves" ont montré que les séparatistes pro-russes continuaient à "occuper plus de bâtiments et prendre des journalistes et des civils en otages".
"Il a exhorté la Russie à modérer ses discours, à rejoindre diplomatiquement l'OSCE et le gouvernement ukrainien, et à appeler publiquement ceux qui occupent des bâtiments à poser leurs armes et à se retirer en échange d'une amnistie", a déclaré un haut fonctionnaire du département.
M. Kerry a également "réaffirmé que l'absence de progrès mesurables dans la mise en œuvre de l'accord de Genève mènera à davantage de sanctions contre la Russie", a ajouté le fonctionnaire.
Pour sa part, M. Lavrov a souligné que les autorités ukrainiennes devraient prendre des mesures dès que possible pour mettre en œuvre l'accord de Genève et révoquer l'ordre de dépêcher les forces militaires contre les civils, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
Il a également appelé Kiev à désarmer les militants nationalistes, libérer les manifestants arrêtés et procéder à une réforme constitutionnelle, a précisé le ministère.
Quant à la menace de sanctions, M. Lavrov a déclaré lundi que Washington devrait cesser de menacer la Russie avec des sanctions sous prétexte de l'évolution de la situation en Ukraine, tout en fermant les yeux sur les "atrocités" perpétrées par des militants ukrainiens.
Toute tentative d'isoler la Russie est vouée à l'échec, du fait que "l'isolement n'a jamais conduit personne à quoi que ce soit", a souligné M. Lavrov aux journalistes, à l'issue des entretiens avec son homologue mozambicain Oldemiro Baloi.
Les Etats-Unis, la Russie, l'Ukraine et l'Union européenne ont signé le 17 avril une déclaration à Genève, exhortant toutes les parties concernées à s'abstenir de violence, d'intimidation ou de tout acte de provocation dans le cadre des premières mesures destinées à rétablir l'ordre en Ukraine.
L'Occident et Kiev ont accusé à plusieurs reprises Moscou d'inciter les troubles et de diviser le pays, ce qui a été toutefois été rejeté par la Russie.