Le Premier ministre italien (PM) Matteo Renzi a rencontré le président du Conseil européen Herman Van Rompuy ce mercredi avant le sommet du Conseil européen prévu pour la semaine prochaine.
Ce sommet devrait confirmer la nomination de Jean-Claude Juncker, le candidat du Parti de centre-droit des peuples européens (PPE), comme le prochain président de la Comission européenne (CE). L'ancien PM luxembourgeois doit ensuite obtenir la majorité absolue du Parlement européen (PE) lors d'un vote prévu pour le 16 juillet. Cela signifie obtenir au minimum les voix de 376 députes sur les 751 sièges du Parlement.
Le PM italien, dont le pays prend la présidence de l'Union européenne (UE) le 1er juillet, souhaite une plus grande flexibilité dans les règles budgétaires, comme condition de son approbation du président de la CE.
Sandro Gozi, le sous-secrétaire italien des affaires européennes, a été cité dans le Financial Times comme affirmant : "Nous ne nous accrochons à aucun nom en particulier, nous voulons des engagements sur les priorités politiques. Nous voulons que, quiconque qui devient président de la CE, y compris Juncker, s'engage dans des priorités politiques portant sur l'emploi, la croissance, l'énergie et les droits fondamentaux".
Le pacte de stabilité et de croissance (PSC) de l'UE fixe une limite des déficits budgétaires à 3% du produit intérieur brut (PIB) et un plafond de 60% du PIB de la dette. Pourtant, malgré cinq ans de programme d'austérité, la plupart des pays de l'UE ont à peine réussi à rester dans la limite du déficit de 3%, et les ratios d'endettement moyens ont grimpé à plus de 90%.
Le déficit de l'Italie a été contrôlé avec succès et a été maintenu à 3% pour les deux dernières années. Des mesures disciplinaires contre le gouvernement de Rome ont été suspendues, mais il y a seulement deux semaines, la CE a exhorté la troisième économie de la zone euro à contenir sa dette publique, qui s'élevait à 132,6% du PIB à la fin de 2013.
Si M. Renzi obtenait un accord et soutenait la nomination de M. Juncker, le Premier ministre britannique David Cameron trouverait presque impossible de former une majorité pour bloquer la nomination du Luxembourgeois. La dernière chose que souhaite M. Renzi est de voir sa présidence commencer par un combat portant sur le plus haut poste de la CE.
Les socialistes et démocrates (S&D) au PE ont également précisé leurs conditions pour soutenir la candidature de M. Juncker.
Avant de démissionner de la présidence du groupe, Hannes Swoboda a déclaré lundi aux journalistes que le S&D souhaite que M. Juncker soutienne l'appel de M. Renzi pour une plus grande flexibilité budgétaire.
Obtenir le soutien du S&D sera vital pour M. Juncker. Le PPE compte 221 députés, et alors que le parti peut probablement compter sur le soutien de la majorité du groupe libéral ALDE (59 députés), ce sont les 191 sièges du S&D qui garantiront un vote en sa faveur.
"Nous ne demandons pas un changement de la PSC, juste sa mise en œuvre", a déclaré M. Swoboda. Il n'a pas accepté que tout relâchement budgétaire puisse laisser les mains libres aux gouvernements de continuer à dépenser indépendamment de leur situation économique. Au contraire, le groupe S&D veut "se concentrer sur la façon dont certains des investissements productifs peuvent être exemptés des chiffres du budget".
Concrètement, cela signifie que certains projets de travaux publics, comme les dépenses d'infrastructure, seraient exemptés de déficit et de dette.
Il s'agit d'un argument important du groupe S&D soulignant que des années d'austérité n'ont pas livré la croissance économique et la création d'emplois promis au début de la crise de la zone euro. M. Swoboda a ajouté que les électeurs européens ont voté "contre l'austérité et pour la réforme ainsi que la croissance".
Martin Schulz, élu le nouveau président du groupe S&D, s'est exprimé mercredi sur sa nomination, et a également demandé que le Conseil européen nomme M. Juncker comme président de la CE.
"Nous ne devons pas retarder un processus au cours duquel les peuples d'Europe se sont prononcés. Jean-Claude Juncker, devrait recevoir un mandat en vue d'établir une majorité au Parlement européen, avec un engagement clair de tous les groupes démocratiques.
"Cependant, notre groupe soutiendra un président de la Commission seulement s'il est prêt à relever les grands défis de l'UE : mettre fin à l'austérité, lutter contre le chômage de masse - en particulier celui des jeunes - limiter l'augmentation de la pauvreté et l'exclusion sociale, lutter contre la fraude fiscale et rendre l'Europe compétitive par l'augmentation des investissements, la modernisation de ses infrastructures et une interprétation plus souple du Pacte de stabilité et de croissance. "
Mardi, Philippe Lamberts, le nouveau co-président du groupe des Verts, a déclaré qu'il était peu probable que les Verts votent en faveur de M. Juncker, à moins que le candidat du PPE propose "une politique différente de celle (c.à.d. austérité) des cinq dernières années".