Les eurodéputés nouvellement élus ont invité mercredi les dirigeants européens à entendre l'appel des électeurs au changement, les critiquant pour l'attitude de "statut quo" adoptée lors du sommet des 26 et 27 juin.
"Les décideurs politiques de l'Union européenne (UE) doivent tenir compte de l'appel au changement lancé lors des élections européennes, ont affirmé la plupart des groupes politiques au Parlement européen (PE), à l'occasion du premier débat de la nouvelle législature du PE en présence des présidents du Conseil et de la Commission, MM. Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso.
"La paix en Europe ne doit pas être considérée comme un acquis", a ouvert le débat avec une mise en garde le président du groupe PPE (Parti populaire européen) , Manfred Weber (DE). Il a mis en avant le "lien logique" entre la démocratie et les décisions prises au PE. Soulignant les priorités à venir, M. Weber a déclaré que l'UE doit être ouverte et disposée à entreprendre des réformes pour un avenir meilleur.
Le chef de file du groupe S&D (Alliance Pregressiste des Socialistes et Democrates), Gianni Pittella (IT), a affirmé de sa part que la nomination par le Conseil de Jean-Claude Juncker au poste de président de la Commission représente une "victoire pour la démocratie". Mentionnant les défis à venir, il a déclaré : "Le Conseil européen devrait assouplir le pacte de croissance. Nous souhaitons des solutions pratiques, des infrastructures énergétiques, des obligations liées aux projets, ainsi qu'une meilleure utilisation et une augmentation du budget de l'UE. Nous voulons lutter contre la pauvreté croissante et l'injustice sociale, nous défendons une meilleure protection des travailleurs transfrontaliers ainsi qu'une nouvelle politique d'immigration avec un partage des charges".
Selon le président du groupe CRE (Conservateurs et Réformistes européens) , Syed Kamall (UK), le perdant des élections est le statut quo. Il a averti que l'UE devait entreprendre des réformes dès maintenant pour répondre aux défis futurs, et que cette obligation de changement s'appliquait également au PE. "Certains membres de cette Assemblée s'accrochent encore à des idées remontant aux années 50", a-t-il estimé.
Guy Verhofstadt (BE), chef de file du groupe ALDE (Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe), a qualifié la nomination de M. Juncker de "victoire pour le PE, la démocratie, et les citoyens". "Désormais, M. Juncker doit chercher des coalitions au sein du PE afin de définir une stratégie de changement, et la Commission devrait utiliser son droit d'initiative si le Parlement lui en fait la demande", a-t-il affirmé.
La présidente du groupe GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte), Gabrielle Zimmer (DE), a critiqué les chefs d'État pour avoir été insouciants pendant les élections. "Les citoyens ont dit non à une Europe de libéralisation et de coupes drastiques. Ils veulent des réponses aux problèmes qu'ils rencontrent", a-t-elle commenté.
Rebecca Harms (DE), présidente des Verts, a fait remarquer qu'il était temps d'apporter aux citoyens les changements qu'ils souhaitent. "Nous avons essayé lors de la dernière législature mais cela n'a pas vraiment fonctionné", a-t-elle déclaré. Elle a souligné la nécessité de progresser dans le domaine de l'énergie et a critiqué les dirigeants européens pour leur manque d'ambition.
Par ailleurs, le dirigeant du groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe), Nigel Farrage (UK), a critiqué les dirigeants nationaux pour ne pas avoir changé de cap malgré les élections. "Même l'objectif d'une union toujours plus étroite subsiste, mais à des vitesses différentes. Nous devrions mettre fin à la liberté de circulation au Royaume-Uni, mais cela n'arrivera pas à moins que nous sortions de l'UE. Nous ne devons pas devenir prisionniers de cette organisation", a-t-il dit.
Pour sa part, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a fait part des priorités des dirigeants nationaux pour les années à venir, notamment le marché numérique unique, la politique énergétique, des règles de discipline fiscale équilibrées et plus adaptées, et un objectif global en faveur d'une réglementation plus intelligente. Il a également souligné que même si les années à venir étaient caractérisées par le changement, elles devraient également consolider ce que l'UE fait de mieux.
Se tournant vers les futurs défis européens, M. Barroso a déclaré : "L'UE doit se montrer grande sur les grandes questions et petite sur les petites questions" et "l'accent devrait être mis sur la croissance et l'emploi". "Dans le passé, ce ne sont pas les décisions qui ont manqué, mais leur mise en œuvre a parfois fait défaut", a-t-il admis.
La première session plénière de la nouvelle législature du PE s'est ouverte mardi à Strasbourg. Figurent notamment sur l'ordre du jour les élections du nouveau président, des vice-présidents et des questeurs du PE, les débats sur le dernier sommet européen et sur les présidences italienne et grecque de l'UE, ainsi que la formations des commissions parlementaires.