Malgré une forte opposition de la population japonaise, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait plier le parti du Nouveau Kōmeitō, et fait passer une résolution lors de la réunion des ministres du 1er juillet, expliquant sa décision de modifier la Constitution, afin d’en faire disparaitre la notion d’auto-défense collective. Ensuite, le Gouvernement Abe va procéder à la modification de la « loi sur les Forces d'auto-défense », de la « loi sur la situation environnante » et de beaucoup d'autres textes, et discuter avec les États-Unis sur la modification des lignes directrices de la coopération de défense nippo-américaine et la répartition des taches de combat. Cela montre que le Japon veut complètement abandonner sa politique de « défense purement défensive », pour ouvrir la voie à des opérations conjointes en synergie avec les États-Unis et d'autres pays avec qui le Japon a des relations soi-disant étroites. C’est une violation flagrante de la philosophie pacifique de l'actuelle Constitution japonaise, qui suscite vigilance et résistance chez ses voisins asiatiques.
Les intentions de Shinzo Abe sur la possibilité d’utiliser la force militaire à l’extérieur sont claires comme de l’eau de roche. A ce stade, l’ensemble des événements extérieurs que le Gouvernement Abe a déterminés quant à l'usage de la force sont la défense de la vie et de la liberté du peuple japonais en cas d’attaque, avec les pays qui ont des relations proches avec le Japon, etc. Il ne fait aucun doute qu’au-delà de ces assertions sans fondements et de ces vagues hypothèses, c’est la péninsule coréenne et la Chine qui sont visées. C'est la première fois depuis près de 70 ans après la fin du second conflit mondial, et c’est, concernant la voie de développement pacifique du Japon de l'après-guerre, complètement pervers. Il ne s’agit en rien de protéger les ressortissants japonais, mais tout simplement de renvoyer des dizaines de milliers de citoyens et d’enfants japonais mourir sur les champs de bataille !
Chacun se souvient qu’il y a 120 ans, le gouvernement japonais, soi-disant au nom de la défense de son consulat et de ses citoyens expatriés, a envoyé des troupes dans la péninsule coréenne, aboutissant à une guerre avec la Chine.
Aujourd'hui, le Gouvernement Abe Cabinet, au nom de cette « auto-défense » non seulement fait à nouveau de la péninsule coréenne la cible d’un éventuel recours à la force, mais en pratique, érige aussi les pays ayant des conflits territoriaux sur des iles et rochers avec la Chine, comme les Philippines, le Vietnam ou d’autres, en « pays ayant des relations étroites avec le Japon ». Après la fin de la visite du président américain Barack Obama au Japon et aux Philippines à la fin du mois d’avril de cette année, le Japon, les Philippines et le Vietnam ont encouragé l’intensification de leurs relations stratégiques et un suivi permanent. Dans les années qui viennent, avec le soutien des Etats-Unis et du Japon, les Philippines et le Vietnam vont renforcer leurs capacités militaires aériennes et marines, ce qui risque fort de constituer un défi supplémentaire pour la Chine en Mer de Chine Orientale et en Mer de Chine Méridionale. D'ici là, les États-Unis et le Japon pourraient fort bien profiter de la situation pour mettre en place une zone de dissuasion militaire en Mer de Chine Orientale et en Mer de Chine Méridionale. Et comme si cela ne suffisait pas, les tentacules de la stratégie de Shinzo Abe s’étendent maintenant également vers l'OTAN, essayant, sur une plus grande échelle, d’élaborer une stratégie de confinement de la Chine par l’entremise d’un « multilatéralisme violent ».
Mais, malgré les calculs minutieux de Shinzo Abe, sa démarche, contraire à la tendance mondiale de la paix et impopulaire, sera finalement vouée à un échec complet.