En faisant une offrande rituelle au sanctuaire controversé Yasukuni, le Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui ne s'est pas rendu lui-même sur les lieux, retourne le katana dans la plaie avec ce nouvel acte de provocation qui nuit à la stabilité de la région.
A la lueur de la visite prochaine du président américain Barack Obama qui doit arriver mercredi au Japon pour un séjour de trois jours, l'offrande de M. Abe n'est rien de moins qu'un camouflet pour le dirigeant des Etats-Unis, le plus proche allié du Japon.
Abe en est forcément conscient. Il y a moins de quatre mois, sa visite au même sanctuaire avait non seulement provoqué la colère de la Chine et de la Corée du Sud, mais également la déception des Etats-Unis qui ont exhorté le Japon à faire des efforts pour renouer ses relations avec ses voisins.
Le Premier ministre et une poignée de politiciens japonais de haut rang s'accrochent encore à une approche négationniste de l'histoire et continuent de conduire leur pays sur la file de droite du spectre politique japonais dont les relents militaristes ne peuvent qu'éroder davantage les relations déjà tendues de Tokyo avec Beijing et Séoul.
Puisque le Japon et la Corée du Sud sont des alliés importants des Etats-Unis et que la Chine est une puissance mondiale, avec laquelle les Etats-Unis se sont engagés à construire un nouveau modèle de relations entre grands pays, les nouvelles frasques provocatrices d'Abe représentent une véritable menace pour les intérêts américains.
Les Etats-Unis eux-mêmes ont été une victime du fascisme destructeur du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est donc impératif pour Washington de rejoindre le reste de la communauté internationale pour dénoncer les mauvaises actions du Premier ministre japonais et d'empêcher le Japon de plonger de nouveau dans un abîme d'auto-destruction.
Qui plus est, Washington doit sérieusement remettre en question sa politique vis-à-vis du Japon, qui s'est traduite pendant des années par un soutien sans faille pour un allié indiscipliné, au détriment de ses propres intérêts et de ceux de la région dans son ensemble.
Cela ne peut pas durer éternellement. Lors de sa visite, le président américain devrait expliquer clairement à Tokyo que les Etats-Unis ne peuvent tolérer les provocations répétées du Japon, et que le Japon doit de toute urgence s'acheter une conduite.