Avec l'accord du président de la Commission d'enquête sur les accidents et incidents de l'aviation civile du Mali, N'Faly Cissé, et en sa présence, le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) de France, Rémi Jouty, a dévoilé jeudi au siège du BEA les premiers éléments d'information sur les circonstances du crash du vol AH5017 d'Air Algérie au Mali survenu le 24 juillet dernier faisant la mort de 116 personnes à bord.
M. Jouty a annoncé lors d'un point de presse que l'exploitation de certains paramètres de vol issus du Flight Data Recorder (FDR) a permis de restituer une première image de la trajectoire de l'avion, précisant que cette trajectoire de l'avion, superposée avec une image satellite des masses orageuses présentes le jour de l'accident, fait constater une montée et un début de croisière normal de l'avion, avec des changements de route modérés, typiques d'une stratégie d'évitement des développements orageux.
Selon les données et les explications de M. Jouty, l'avion d'Air Algérie, qui aurait dû relier Ouagadougou à Alger, est monté normalement après le décollage à 01h15 heure locale et GMT et a atteint le niveau de vol à 31000 pieds (9500 mètres) à 1h37 où il s'est établi en croisière à une vitesse d'environ 280 noeuds (environ 520 km/h). Environ deux minutes après le début de la croisière, l'avion a commencé à descendre progressivement et sa vitesse a diminué jusqu'à environ 160 noeuds (environ 196km/h). Puis, l'avion est parti en virage à gauche et a perdu rapidement de l'altitude, avec des changements d'inclinaison et d'assiette très importants.
Les derniers paramètres enregistrés par le FDR, à 01h47, montrent que l'avion se situait à une altitude de 160 pieds (environ 488 mètres), avec une vitesse de 380 noeuds (environ 704 km/h) qui est une vitesse de descente "extrêmement importante", a indiqué le directeur du BEA.
M. Jouty a également fait savoir que les travaux d'enquête et d'analyse se poursuivent toujours et que d'autres paramètres du FDR devaient encore faire l'objet de validation.
Selon lui, afin d'effectuer des calculs complémentaires, un modèle de comportement et de performance de l'avion et de ses moteurs sera utilisé pour préciser le scénario de l'événement, notamment en ce qui concerne la fin du vol.
En outre, le directeur du BEA a fait savoir que les enregistrements de la bande magnétique de l'enregistreur phonique, Cockpit Voice Recorder (CVR), qui était endommagée, sont jusqu'ici "inexploitables", en raison, "vraisemblablement", d'un défaut de fonctionnement de l'enregistreur sans lien avec les dommages résultant de l'accident. Néanmoins, les enquêteurs n'ont pas renoncé à tenter de trouver un moyen d'en extraire quelques informations.
"L'absence de données exploitables sur le CVR à ce jour rend prioritaire la collecte de toutes les données sur les communications que l'équipage a pu établir avec des organismes au sol ou avec d'autres avions", a souligné M. Jouty.
A la fin du point de presse, M. Cissé, président de la Commission d'enquête du Mali, a dit que sa commission envisageait de publier un rapport d'étape sur les travaux d'enquête vers la mi-septembre.