Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a qualifié samedi les développements de ces derniers jours de la crise ukrainienne d'"inacceptables", après sa rencontre avec le président ukrainien Petro Porochenko et avant un sommet spécial de l'Union européenne (UE) à Bruxelles.
Pour M. Barroso, "l'ouverture de nouveaux fronts (dans l'est de l'Ukraine) et l'usage des forces régulières russes sont inacceptables et représentent une transgression". Il a souhaité "une solution politique à la crise (ukrainienne) basée sur un cessez-le-feu qui a aussi des garanties claires sur la sécurité et le contrôle de la frontière" entre l'Ukraine et la Russie.
Il s'agit de la réaction de l'UE à la dernière déroute de troupes gouvernementales de Kiev dans l'est de l'Ukraine et aux contre-offensives des milices russophones.
La crise ukrainienne avait éclaté en novembre 2013 suite à la suspension de la signature de l'Accord d'association entre l'Ukraine et l'UE. Elle ne cesse de se détériorer avec la chasse du président élu pro-Moscou Viktor Ianoukovitch par des protestataires de rue pro-Occident, la réintégration de la péninsule de la Crimée à la Russie après un référendum, des conflits armés dans l'est de l'Ukraine entre l'armée régulière ukrainienne et des militants pour l'indépendance de cette région à forte population russophone, ainsi que la signature de l'Accord d'association Ukraine-UE en juin dernier. Le désengagement du marché russe par l'Ukraine et son engagement dans l'Organisation du traité de l'Atlantique du Nord (OTAN) sont à l'origine de la préoccupation de la Russie.
Dans le cadre des représailles contre plusieurs tours de sanctions infligées par l'UE à la Russie, Moscou a décidé en août d'interdire des importations agro-alimentaires provenant de l'UE, faisant pression sur l'économie européenne qui est en train de se battre pour la croissance. L'un des pires épisodes de la crise ukrainienne est le drame du vol MH17 de Malaysian Airlines, abattu par un missile le 17 juillet dans l'est de l'Ukraine, avec presque 300 victimes civiles.
"Personne ne sous-estime la préoccupation de la Russie. Nous sommes prêts à écouter la préoccupation de la Russie. Mais les différends politiques ont besoin d'être résolus par les moyens politiques. La Russie devrait ne pas sous-estimer la volonté de l'UE", a affirmé M. Barroso.
A l'approche de la saison hivernale, il s'est félicité de la reprise des négociations trilatérales UE-Russie-Ukraine sur l'énergie, prévues pour début septembre, afin de résoudre le litige sur le gaz naturel russe et d'assurer son approvisionnement du marché ouest-européen via l'Ukraine.
Quant aux nouvelles aides de l'UE que réclame Kiev, économiquement affectée par l'instabilité politique et la guerre dans l'Est, M. Barroso s'est borné à déclarer que l'UE était prête à organiser une conférence de donateurs avant la fin de cette année. En plus, il a détourné le drame du vol MH17, sur lequel l'UE avait demandé une enquête "totalement transparente et ouverte" afin de traduire en justice les responsables et dont les "boîtes noires" sont ou ont été analysées au Royaume-Uni, mais sans révélation de résultat.