Après les vacances d'été, le nouveau Parlement européen (PE) se réunit lundi à Strasbourg pour une nouvelle session plénière.
Bien que la première session plénière ait eu lieu en juillet après les élections européennes de mai, le vrai travail commence maintenant.
Les missions de cette semaine incluent des débats sur les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, et la façon dont l'Union européenne (UE) peut répondre à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.
Mais de nombreux députés du PE profiteront de cette session pour réfléchir aux futures missions. La semaine dernière, le président élu de la Commission européenne (CE), Jean-Claude Juncker a dévoilé son collège de commissaires, l'équipe de direction chargée de proposer la législation et la mise en œuvre de la politique de l'UE.
Ces commissaires désignés, doivent comparaître devant des commissions parlementaires entre le 29 septembre et le 7 octobre. Si un candidat ne peut convaincre ces commissions qu'il est compétent pour le poste choisi, alors des audiences supplémentaires devront être tenues.
Les dirigeants des différents groupes politiques se réuniront le 9 octobre pour évaluer les audiences et ensuite les députés donneront ou pas leur approbation à l'ensemble de la Commission le 22 octobre. Cela permettra à la nouvelle CE de commencer à travailler le 1er nembre. Juncker lui-même a été approuvé comme président de la Commission lors d'un vote le 15 juillet.
Les dirigeants des groupes politiques ont déjà fait des commentaires sur les futurs candidats avant les examens des commissions.
Parmi les commissaires proposés par Juncker, 14 sont affiliés à son propre parti du centre-droit, le Parti populaire européen (PPE), huit au centre-gauche Socialistes & Démocrates (S&D), cinq à l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE) et un aux Conservateurs et réformistes européens (ECR).
Le PPE est donc peu susceptible de présenter des objections à l'équipe choisie par Juncker. Le chef du groupe PPE, l'eurodéputé allemand Manfred Weber a, sans surprise, salué les nominations, affirmant que le président de la Commission a créé un cadre qui est "clairement orienté vers les réformes, les emplois et la croissance".
"Les nouveaux commissaires sont des hommes et des femmes politiques expérimentés, et non pas des bureaucrates. La CE se concentrera sur ce qui est le plus important afin de réduire la bureaucratie et la paperasserie. C'est ce que nos électeurs attendent de nous", a-t-il commenté.
Syed Kamall, qui dirige le groupe ECR, a également salué "le fait que les priorités de la Commission sont largement destinées à la réforme économique".
L'ECR ne s'est pas senti lésé pour n'avoir obtenu qu'un seul commissaire désigné, malgré que le parti a remplacé ADLE comme le troisième plus grand au PE, avec 70 sièges.
Le poste que l'ECR a obtenu est le Commissaire pour la stabilité financière,services financiers et union des marchés de capitaux sous la responsabilité de Lord Hill, du Royaume-Uni. Il aura un rôle crucial portant sur la régulation des marchés financiers et de l'union bancaire. Le Premier ministre britannique David Cameron s'est réjoui que ce poste ait été donné à un Britannique.
La réponse de Gianni Pittella, président du groupe S&D, était plus prudente. Pittella a déclaré que la nouvelle commission était d'une manière générale plus équilibrée et s'est félicité de la "structure innovante" proposée par Juncker, faisant référence aux sept vice-présidents qui dirigeront les différentes équipes de projet pour coordonner le travail de plusieurs commissaires.
Toutefois, il a exprimé des préoccupations sur deux candidats: Lord Hill et Tibor Navracsics de la Hongrie, qui sera chargé de l'éducation et la culture.
Les S&D croient fermement que les services financiers de l'UE devraient être plus étroitement réglementés. Pittella a déclaré, à propos de la nomination de Hill: "Les services financiers sont trop importants et sensibles pour donner ce poste à un conservateur, partisan d'une approche libérale et du marché libre. Le secteur financier a d'urgence besoin d'une meilleure réglementation et nous n'accepterons aucun recul en la matière. C'est une question de principe. Nous promettons d'être impitoyables avec Lord Hill."
La principale objection envers Navracsics semble être fondée uniquement sur son rôle en tant que ministre dans le gouvernement de Viktor Orban, dont les S&D accusent de restreindre les libertés civiles des citoyens hongrois et d'encourager une ambiance homophobe et anti-Roms dans le pays.
Mais tandis que les S&D expriment leurs préoccupations publiquement sur tel ou tel candidat, cela peut être surtout considéré comme faisant plaisir aux militants du parti. Au moment d'approuver l'équipe de Juncker, la discipline du parti est susceptible de prendre le dessus.
Après avoir joué un grand rôle dans la sécurisation du pouvoir pour le PE dans la politique européenne, la dernière chose que les S&D veulent, c'est de rendre le système inutilisable en rejetant un collège de commissaires mis en avant par le président de la CE "démocratiquement élu".