L'ancien président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé dimanche soir sur France 2 son souhait de revenir en politique, déclarant ne pas avoir "le choix" face à une France "en colère" et "sans espoir".
"Non seulement j'ai envie, mais je n'ai pas le choix", a expliqué M. Sarkozy dans une interview accordée à France 2, faisant suite à son annonce vendredi via Facebook de vouloir revenir dans l'arène politique en briguant la présidence de l'UMP.
"J'ai envie de participer au redressement de notre pays. Je n'avais pas envie de laisser tomber les gens", a-t-il indiqué, tout en expliquant n'avoir "jamais cru à l'homme providentiel".
"Je suis venu pour créer les conditions d'une alternative crédible bien au-delà des clivages habituels qui n'ont plus aucun sens", a ajouté l'ancien chef de l'Etat français.
"Tout au long de l'interview, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de dépeindre une France 'en colère', 'sans espoir', souffrant d'une 'absence de perspective'. 'Chômage', 'violence', 'défiance', il a cherché à justifier la nécessité de son retour par la gravité de la situation", analyse le site d'information FranceTV Info.
"Cette stratégie du tableau apocalyptique n'a qu'un objectif : lui permettre d'apparaître comme le seul recours possible aux problèmes de la France", poursuit le site.
"Je ne veux pas que mon pays soit condamné à n'avoir comme choix que le spectacle un peu humiliant d'aujourd'hui, et l'isolement qu'est la perspective du FN", a argumenté M. Sarkozy.
Sans entrer dans les détails, l'ancien président a simplement expliqué que le modèle français "doit être complètement refondé".
Assurant ne pas vouloir "polémiquer" avec son successeur, François Hollande, l'ancien locataire de l'Elysée a néanmoins estimé que "ses deux premières années ont été consacrées à démolir ce qui a été fait, parce que je l'avais fait".
Interrogé sur les affaires judiciaires dans lesquelles son nom a été cité, l'ex-chef de l'Etat a expliqué que son retour prouvait en soi qu'il n'avait rien à se reprocher.
"Est-ce que vous croyez que si j'avais quelque chose à me reprocher, je viendrais m'exposer dans un retour à la politique ? (...) Si j'avais peur, est-ce que je reviendrais ? Je n'ai pas peur", a-t-il assené.
"On a expliqué que j'étais mouillé dans l'affaire Bettencourt, que j'avais extorqué de l'argent à une vieille dame. A l'arrivée, un non-lieu. Qui me rendra mon honneur ?", s'est-il défendu.
"L'affaire Karachi, dix ans d'enquête. On m'a même soupçonné d'être complice de la mort de Français. Qui me rendra mon honneur ?", a-t-il poursuivi.
Quant à l'affaire dite Bygmalion, du nom d'une société de communication qui aurait surfacturé des prestations délivrées dans le cadre de sa campagne présidentielle de 2012, l'ex-président assure qu'"on ne lui reproche rien".
Dans son interview de 40 minutes, Nicolas Sarkozy s'est défendu de tout projet présidentiel pour 2017, soulignant essentiellement sa volonté de rassembler le parti dont il est issu (UMP, Union pour un mouvement populaire).
"Je dois travailler et parler avec tous les membres de ma famille politique. (...) J'aurai besoin de tout le monde", a-t-il fait savoir.
Mais l'ancien président a également exprimé la volonté de rassembler également au-delà de sa famille politique, en expliquant ne pas se situer "sur un axe gauche-droite".
Cette posture lui permet de s'adresser à tous les Français, les déçus du hollandisme à qui il tend la main, mais aussi les électeurs de Marine Le Pen : "J'ai envie d'aller les reconquérir (...) Je veux aller les chercher un par un", a-t-il lancé.
"Depuis que j'ai pris la décision, je me sens très soulagé, car au fond, je pense que c'est la bonne décision", a-t-il conclu.
Nicolas Sarkozy a été battu le 6 mai 2012 par le candidat du Parti socialiste François Hollande lors de l'élection présidentielle.
L'élection à la présidence de l'UMP se tiendra le 29 novembre avec, au besoin, un second tour le 6 décembre.