Des manifestantes opposées au projet de loi du gouvernement Rajoy. |
Le projet de loi défendu par le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy et limitant fortement le droit à l’avortement avait suscité une vague de colère et de résistance dans le pays, jusqu’au sein même de son propre parti. Reconnaissant ne pas être parvenu à aplanir la polémique qui avait surgi, Mariano Rajoy a finalement cédé et annoncé mardi qu’il retirait le texte, sans renoncer totalement cependant. « Nous allons continuer à étudier les voies qui permettront à la réforme d'être mieux acceptée, mais, pour l'instant, j'estime avoir pris la décision la plus sensée », a-t-il dit.
Ce projet, contesté au-delà même des frontières espagnoles pour sa portée symbolique tout autant que pratique, n'autorisait l'avortement qu'en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol, mais excluait les cas de malformation du fœtus comme motif valable, alors que, selon la loi actuelle, en 2010, l’avortement est autorisé en Espagne jusqu'à 14 semaines de grossesse.
Dans l'opposition de gauche et les associations de défense de la femme, on s’en doute, c’est la satisfaction. Tous exigeaient la démission du porteur du projet, le ministre de la Justice Alberto Ruiz Gallardón qui affirmait encore récemment que la loi serait adoptée avant la fin de l'été. Satisfaction leur a été donnée, car M. Ruiz Gallardon, a annoncé sa démission aussitôt après le retrait du projet de loi, reconnaissant qu'il n'avait pas été « capable » de porter jusque devant le Parlement le texte de loi controversé.
Du côté des partisans de la loi, c’est la déception ; ils s’attendaient à des retouches du texte, mais pas à un abandon, même si une majorité des électeurs du parti de M. Rajoy n’était pas favorable à ce texte. Les anti-avortement sont furieux, dénonçant une trahison des électeurs qui lui ont donné la majorité absolue au Congrès en 2011 et le menaçant de représailles dans les urnes lors des élections régionales de 2015.