Les Etats-Unis ont sous-estimé la montée de l'Etat islamique (EI) qui sème actuellement le chaos en Irak et en Syrie et ont surestimé la capacité militaire de l'Irak à combattre le groupe extrémiste, a reconnu le président américain Barack Obama dans une interview à diffuser dimanche soir.
"C'est vrai, c'est absolument vrai", a déclaré le président dans l'émission "60 minutes" de la chaîne CBS News, faisant écho aux propos tenus quelques jours plus tôt par le directeur national du renseignement, James Clapper.
"Jim Clapper a indiqué que je considérais qu'ils avaient sous-estimé la situation en Syrie", a noté M. Obama alors qu'il s'exprimait avec un franc-parler jusqu'à présent inégalé sur la question de l'Etat islamique, aussi connu sous le sigle EIIL, qui a proclamé en juin dernier l'établissement d'un califat dans de vastes zones dont le groupe s'est emparé en Syrie et en Irak.
Des avions de combat américain ont commencé à bombarder les positions du groupe en Irak et en Syrie les 8 août et 22 septembre respectivement, soutenus par des frappes séparées de la France et de pays arabes.
Dans des extraits de l'interview publiés sur le site internet de CBS, M. Obama a également accusé la guerre civile syrienne d'avoir conduit à la montée du groupe.
Défendant son approche militaire, le président a déclaré : "Nous devons les repousser, réduire leur territoire, viser leurs forces de commandement et de direction, leurs capacités, leurs armes, leurs ravitaillements, couper leurs sources de financement et nous atteler à enrayer le flux de combattants étrangers".
M. Obama a toutefois souligné la nécessité d'une solution politique pour les conflits irakien et syrien.
"Nous devons également trouver des solutions politiques en Irak et en Syrie en particulier, mais aussi au Moyen-Orient en général, pour parvenir à réconcilier les populations sunnites et chiites, ce qui est actuellement la principale cause de conflit, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans le monde", a-t-il remarqué.
Bien que le Congrès américain ait approuvé le plan de M. Obama de formation et d'armement de rebelles Syriens triés sur le volet pour combattre l'Etat islamique sur le terrain, le président de la chambre des représentants, John Boehner, a déclaré que l'objectif du président d'affaiblir et, à terme, de détruire le groupe ne pourrait être accompli sans l'envoi de troupes au sol.
"Au final, je pense qu'il faudra plus que des frappes aériennes pour les repousser", a confié dimanche M. Boehner lors de l'émission "This Week" de la chaîne ABC avant d'ajouter : "A un moment donné, il faudra bien que quelqu'un aille au sol".
A la question de savoir s'il recommanderait d'envoyer des troupes américaines au sol, une idée à laquelle M. Obama s'est opposé à maintes reprises, M. Boehner a répondu : "Nous n'avons pas le choix. Ce sont des barbares. Ils veulent nous tuer, et si nous ne les détruisons pas, nous en paierons le prix".