Suite à la prestation télévisuelle de François Hollande jeudi soir au cours de laquelle le chef de l'Etat a tenté de défendre son action deux ans et demi après son arrivée à l'Elysée, le camp du président a souligné son "courage" et sa "détermination", tandis que la droite a dénoncé " un aveu d'impuissance".
"Il y a chez le président de la République la volonté d'assumer pleinement tout ce qui a été fait et ce qui est à faire. J'y vois du courage", a déclaré vendredi matin à des journalistes le Premier ministre français Manuel Valls, en déplacement à Belgrade pour une visite officielle. "Je retiens la volonté d'assumer pleinement et de poursuivre les réformes. Malgré les difficultés, il est hors de question d'arrêter", a-t-il souligné, estimant que cette émission "peut marquer une sorte de charnière pour conquérir le coeur et l'esprit des Français". "Il a été déterminé, il a cherché à expliquer ce qu'il a fait. Il a donné le chemin qui a été parcouru, pourquoi il avait fait un certain nombre de choix et puis surtout il a essayé de tracer une perspective", a réagi jeudi soir dans un communiqué le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
"Cette émission était importante parce qu'il y a avait une explication qui était nécessaire à donner sur deux ans et demi passés et sur les deux ans et demi à venir. (...) C'était important d'avoir cette relation avec les Français", a poursuivi M. Le Foll.
Si le président a reçu le soutien de son camp, les réactions ont été plus acerbes du côté de l'opposition, de droite, comme de gauche. "Face à cette tentative de sauvetage en direct à la télévision d'un François Hollande au plus bas, on est d'abord sidéré, choqué, triste pour la fonction présidentielle", a réagi vendredi soir le secrétaire général de l'UMP (principal part d'opposition), Luc Chatel, déclarant que le président "a préféré un aveu d'impuissance aux excuses qu'il aurait dû présenter aux Français".
Invité vendredi matin sur RTL, le député et co-président de l'UMP François Fillon a assuré n'avoir jamais vu jeudi soir en François Hollande un président, mais "un commentateur d'échecs" et de "mesurettes".
"J'ai eu l'impression de voir un homme de bonne volonté, mais complètement dépassé par les événements", a ajouté l'ex-Premier ministre, pour qui "cette émission était assez inutile".
"J'ai trouvé que c'était long et que c'était le vide, c'était le néant, je n'ai même pas compris pourquoi il avait fait cette émission si ce n'est pour ne rien dire aux Français, il n'a fait aucune annonce concrète", a estimé de son côté jeudi soir le vice- président du Front national, Florian Philippot, sur BFM TV. "On a eu le sentiment d'un affaissement terrible de l'autorité du chef de l'Etat et de l'autorité de l'Etat ce soir parce que le pouvoir n'a plus le pouvoir, parce que le pouvoir il a été transféré ailleurs et notamment très largement à Bruxelles et à l'UE et cela finit par se voir", a assené M. Philippot.
En fin, à gauche, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a ainsi déclaré dans un communiqué que "l'émission de François Hollande a(vait) été un long face-à-face avec ses échecs". Le chef de l'Etat "croit en sa politique, mais il est le seul dans ce cas", a-t-il ajouté. Ce grand oral télévisuel, suivi par 7,9 millions de téléspectateurs sur la chaîne TF1, est intervenu à la mi-mandat du président Hollande, alors que ce dernier jouit d'une cote de popularité au plus bas de 12%, selon un sondage YouGov publié jeudi.