Dimanche, les Tunisiens ont fait la queue de manière stable et ordonnée pour voter lors de leur première élection présidentielle libre et démocratique, montrant qu'ils ont tourné la page avec confiance sur la transition souvent houleuse qui a suivi la révolution de 2011. Même si les résultats définitifs tardent encore un peu, il ne fait guère de doute qu'aucun des deux principaux candidats -le président par intérim, Moncef Marzouki, et l'ancien Premier ministre, Beji Ca?d Essebsi- ne remporteront la majorité absolue et qu'un second tour pour les départager sera nécessaires.
M. Essebsi, 87 ans, dirige le parti la?que Nidaa Tounes, a tenu la corde dans les sondages pendant des mois ; son parti a remporté le plus grand nombre de sièges lors des élections parlementaires en octobre. Il pourrait avoir remporté entre 42 et 47% pour cent des votes dimanche, selon les résultats de deux sondages privés de sortie des urnes qui ont été annoncés sur les cha?nes de télévision tunisiennes.
Chacun des deux partis dominants affirme que son candidat est en tête, sans pour autant avoir obtenu la majorité. La date provisoire du second tour est le 28 décembre. Les années qui ont suivi la révolution tunisienne, le premier des soulèvements du Printemps arabe, ont été marquées par des manifestations, des assassinats politiques et la montée du terrorisme tandis que le pays a lutté pour instaurer la démocratie après des décennies de dictature.
Beaucoup d'électeurs ont déclaré dimanche qu'ils votaient pour M. Essebsi raison de son expérience. Même s'ils n'ont pas oublié que près de quatre ans après avoir chassé le président Zine el-Abidine Ben Ali, ils ont ainsi choisi un leader plus ?gé qui a occupé des postes élevés à l'époque de la dictature. Mais, comme l'a souligné un électeur, " La révolution est passée par là, ce qui empêchera tout retour en arrière ", tandis qu'une autre a confié qu'elle ne craignait pas que M. Essebsi puisse, en cas de victoire, revenir à l'autoritarisme. " Nous avions peur, mais nous avons appris à dire 'Dégage'! Si ?a ne va pas avec Essebsi, nous pourrons toujours le chasser ".