Une circulaire récente du rectorat de Poitiers (ouest) invitant les enseignants à surveiller les éventuels candidats au djihad sur la base de critères jugés caricaturaux, comme une "barbe longue non taillée" ou un "habillement musulman", fait débat, la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem évoquant pour sa part un texte "perfectible", rapporte la presse française.
La circulaire, émise par le rectorat de l'académie de Poitiers, a pour but "d'aider les enseignants à détecter les élèves en phase de radicalisation religieuse, mais ne vise que l'islam et repose sur un certain nombre de clichés et de généralités", écrit lundi le journal Le Parisien, citant le site d'information en ligne Mediapart, qui a publié vendredi le document.
Le texte de 14 pages, intitulé "Prévention de la radicalisation en milieu scolaire", invite les enseignants à "prendre en compte plusieurs critères dont la 'barbe longue non taillée (moustache rasée)', des 'cheveux rasés', un 'habillement musulman', le 'refus du tatouage', (ou encore) une 'perte de poids liée à des jeûnes fréquents'", relate Le Parisien.
Par ailleurs, le document invite à prêter attention à des comportements de type "repli identitaire", "exposition sélective aux médias" ou "rhétorique politique" concernant notamment la Palestine, la Tchétchénie, l'Irak, est-il expliqué.
"On signale des traits physiques qui pourraient permettre de reconnaître des personnes dangereuses, des attitudes ou même des propos (...) C'est du racisme pur et dur", s'est insurgée la secrétaire académique du syndicat SNES-FSU, Magali Espinasse, sur France Bleu Poitou, dénonçant "une caricature grossière".
Interrogé sur la même radio, le secrétaire départemental du syndicat UNSA, Jean-François Roland, a parlé de termes "maladroits", estimant que "ce n'est pas vraiment le vocabulaire qu'emploie habituellement l'Education nationale" et "qu'il a manqué une relecture avant diffusion".
Invitée dimanche sur France 3, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a évoqué un document "sans doute perfectible" et "une démarche isolée".
"Peut-être que les mots ne sont pas parfaits, et nous allons en effet améliorer les choses", a-t-elle expliqué, indiquant néanmoins que "sur le fond, la démarche doit se poursuivre, mais elle peut s'améliorer sur les mots utilisés".
La semaine dernière, la presse française a largement évoqué deux vidéos de propagande djihadiste dans lesquelles au moins deux jeunes Français ont été formellement identifiés.
Dans ce contexte, la radicalisation religieuse de jeunes Français est "devenue un sujet de préoccupation majeur des pouvoirs publics", rappelle Mediapart.